Entrevues

Entrevue avec le président de l’association de la Mauricie

La pratique dans un GMF Très rentable pour un jeune médecin

Emmanuèle Garnier  |  2014-08-26

Le Dr Pierre Martin, président de l’Association des médecins omnipraticiens de la Mauricie, rencontre chaque année les nouveaux omnipraticiens qui commencent leur pratique. Très persuasif, il leur démontre que d’exercer dès le début de leur carrière dans un groupe de médecine de famille (GMF), en plus de pratiquer à l’hôpital, peut être avantageux financièrement.

M.Q. — Comment convainquez-vous les jeunes omnipraticiens qui commencent leur carrière d’aller exercer dans un GMF ?

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P.M. — Je leur dis : « Je vous offre la possibilité de gagner des sommes substantielles – que vous n’obtiendriez pas autrement – si vous pratiquez à la fois dans un GMF et dans un établissement de soins. Vous avez le droit d’accepter ou de refuser. »

M.Q. — Comment le démontrez-vous ?

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P.M. — Je ressors du dernier accord-cadre toutes les bonifications qu’ils peuvent toucher : forfaits pour l’inscription générale de la clientèle, bonifications rattachées à la pratique dans un GMF, etc.

M.Q. — Quelle mesure rapporte le plus aux jeunes médecins ?

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P.M. — Je vous dirais que les forfaits accordés par le guichet d’accès pour les patients sans médecin de famille constituent toute une prime d’installation pour un omnipraticien qui commence. Si un jeune médecin prend 300 patients, dont le tiers est vulnérable, il peut facilement gagner 40 000 $ en un an. Il y a des primes qui sont moins élevées que cela pour l’installation dans les territoires ruraux. Elles atteignent 20 000 $, et les médecins les trouvent relativement généreuses. J’ai de la difficulté à penser que ça n’intéresse pas les jeunes omnipraticiens.
En tant que coordonnateur adjoint du guichet d’accès, poste que j’occupe aussi, je conseille donc aux jeunes médecins de prendre leurs patients au guichet d’accès. Je leur montre la différence entre les forfaits liés aux patients qui en sont issus et les bonifications accordées pour la clientèle qui vient d’ailleurs.

M.Q. — La pratique dans un cabinet est plus rentable si on commence dès le début de sa carrière, n’est-ce pas ?

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P.M. — Tout à fait. La FMOQ a négocié avec le gouvernement des mesures spéciales pour les jeunes médecins. Ils peuvent dans certains cas obtenir le maximum d’un forfait, tout en ayant des seuils plus bas de patients à inscrire les premières années.

M.Q. — La prime à la polyvalence en est
un exemple. Les jeunes médecins n’ont pas
à suivre, comme les autres omnipraticiens, 1500 patients inscrits pour avoir droit
à la bonification de 10 % des revenus gagnés à l’hôpital.

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P.M. — Effectivement, les jeunes omnipraticiens ont cinq ans pour inscrire les 1500 patients. S’ils sont à l’an un de leur pratique, ils doivent atteindre un seuil de 300 patients pour avoir droit à la majoration de 10 %. Au bout de deux ans ; c’est 600, au bout de la troisième année, c’est 900. Ils ont donc intérêt à commencer très tôt leur pratique dans une clinique. Chaque année où ils ne suivent pas de patients, ils perdent le seuil réduit qui leur est accordé. Ainsi, s’ils attendent trois ans, il leur faudra inscrire 900 patients, ce qui est difficile à faire dans une seule année. C’est encore pire à la quatrième année, où la cible est de 1200 patients.
Toutefois, si les jeunes médecins inscrivent moins de patients que le seuil optimal, ils peuvent quand même avoir droit à des majorations de 2,5 % ou de 5 % de la rémunération de leur pratique hospitalière. Il existe des paliers moins élevés qui donnent droit à une bonification moins importante.