Nouvelles syndicales et professionnelles

La menace du projet de loi 20 suspendue

Les solutions de la FMOQ sont adoptées

Émmanuèle Garnier  |  2015-05-29

La nouvelle entente conclue par la Fédération avec le gouvernement permet aux médecins de famille d’échapper au projet de loi no 20. Ils évitent ainsi l’imposition de quotas de patients.

La menace que constituait le projet de loi 20 est suspendue. Elle pourrait même être définitivement éliminée le 31 décembre 2017 si les médecins de famille réussissent à offrir à la population un bon accès à la première ligne.

« Aujourd’hui, je tiens à souligner les efforts, l’importance et la portée de ce qui a été proposé par l’organisation que dirige le Dr Godin », a expliqué le ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Gaétan Barrette, au cours d’une conférence de presse conjointe avec la FMOQ.

Le président de la Fédération, le Dr Louis Godin, a soumis au ministre les différentes propositions qu’il avait présentées à ses membres au cours des assemblées annuelles de mars. « Il s’agit de solutions pour lesquelles il y a eu un engagement clair des médecins de famille », a précisé le Dr Godin. Les différentes mesures ont d’ailleurs été approuvées le 2 mai par le conseil de la Fédération.

Avoir un médecin de famille et le voir plus facilement

L’entente que le ministre et le président de la FMOQ ont paraphée devant les journalistes devrait permettre de régler le problème de l’accès à la première ligne. « Nous allons viser, d’ici le 31 décembre 2017, un taux d’inscription pour les Québécois de 85 %, ce qui voudrait dire dans les faits que tous les Québécois qui désirent avoir un médecin de famille pourront en avoir un au terme de ce délai », a expliqué le Dr Godin.

Ainsi, d’ici deux ans et demi, un patient vulnérable inscrit à un guichet d’accès devrait être pris en charge en trente jours ou moins par un omnipraticien et un patient non vulnérable en un mois en moyenne.

« Nous allons suivre l’évolution de la situation pour savoir si on réussit véritablement à atteindre les objectifs en regardant les différents délais qu’il y aura dans les guichets d’accès », a indiqué le président de la FMOQ.

Les médecins de famille devraient également pouvoir voir plus rapidement leurs patients dans les cas urgents ou semi-urgents. La Fédération aidera d’ailleurs ses membres à adopter la méthode de l’accès adapté qui permet, grâce au réaménagement de l’horaire, d’accorder rapidement des rendez-vous. Ainsi, les patients devraient pouvoir obtenir une consultation dans un délai raisonnable en fonction de leur état de santé.

Les engagements du ministère

Le ministère de la Santé a lui aussi pris des engagements. Il créera, à la hauteur de ses moyens, un environnement favorable à la pratique des omnipraticiens. La Fédération lui a demandé d’améliorer le soutien à la pratique dans les CLSC et les UMF, de terminer l’informatisation de la première ligne, d’assurer aux médecins de famille l’accès au plateau technique et aux consultations spécialisées et d’adopter des mesures pour favoriser le travail interprofessionnel.

Sur le plan de l’organisation des soins, d’importantes modifications vont avoir lieu. L’une des plus marquantes : la révision des activités médicales particulières (AMP). Le suivi d’une clientèle en première ligne sera dorénavant considéré sur le même pied que les autres activités déjà reconnues comme AMP, à l’exception de l’urgence qui demeurera la priorité. Mais il y a plus. « On vise le plus rapidement possible une élimination des AMP lorsque nous verrons que la situation des effectifs médiaux suffisamment est stable dans les différents secteurs », a précisé le Dr Godin. Si le recours à la nouvelle AMP ne nuit à aucun secteur de la médecine familiale au cours des douze premiers mois, toutes les AMP seront progressivement retirées. Les premiers à en être exemptés seront les omnipraticiens comptant le plus grand nombre d’années de pratique.

Les plans d’effectifs médicaux (PEM) seront eux aussi révisés. « J’avais déjà évoqué la possibilité de quadriller le Québec de groupes de médecine de famille (GMF) et de gérer les plans d’effectifs médicaux non pas en fonction des régions administratives, mais des GMF, a rappelé M. Barrette. Il y a des besoins dans un GMF ? On dirige les finissants dans cet endroit-là. »

Des supercliniques seront également créées dès que possible. Sur ce point, le ministre n’a pas été très loquace, mais avait déjà discuté de la question avec le Dr Godin. « Je ne vous donne pas de chiffres ni d’adresses, mais nous avons une vision commune sur les choses pour aller de l’avant », a-t-il annoncé aux journalistes.

Une entente historique

Le défi que constitue, pour la Fédération, le nouvel accord conclu avec le ministère est important. Mais il est réalisable, selon le Dr Godin. « Si on a pris cet engagement, c’est que les analyses et le contenu de cette entente-là, particulièrement la nouvelle façon de gérer les PEM, les AMP ainsi que l’arrivée de nouveaux médecins au cours des prochaines années, nous donnent des garanties suffisantes d’atteindre nos objectifs. »

Le ministre, pour sa part, qualifie la nouvelle entente d’historique. « La portée de cet engagement est inédite. C’est la raison pour laquelle je tiens à souligner les efforts qui sont faits par les médecins de famille. »