Éditorial

Les devoirs

Dr Louis Godin  |  2015-03-30

Diriger les affaires de l’État vient avec certaines obligations, dont celle de bien faire ses devoirs lorsqu’on propose des changements législatifs qui auront une incidence importante dans la vie de nos concitoyens, surtout dans un secteur essentiel comme celui de la santé. Malheureu­sement, Gaétan Barrette a failli à ses responsabilités élémentaires en présentant les projets de loi 10 et 20. Des projets de loi qui non seulement n’ont jamais fait l’objet d’engagements électoraux ou de consultations quel­conques, mais qui en plus ont été rédigés à la sauvette bien que rien ne soutenait leur contenu sur le fond. Premier devoir échoué lamentablement donc par le ministre.

Évidemment, ce premier échec, à tout le moins en ce qui a trait au projet de loi 20, aurait pu être évité si le ministre et son équipe avaient pris quel­ques minutes de leur précieux temps pour discuter avec nous de la question de l’accessibilité aux soins, ce qu’ils ont obstinément refusé de faire d’avril à novembre 2014. Était-ce si difficile de prendre un peu de temps pour échanger avec ceux qui pro­diguent les soins et qui avaient des solutions porteuses et réalistes à proposer ? Il faut croire que oui, surtout si le plan du ministre a toujours été de dénigrer, de sortir le bâton et de berner les Québécois en mettant sur la table des projets de loi qui ne garantissent absolument aucune amélioration de services pour les patients. Ce refus d’écouter et de dialoguer constitue un deuxième devoir échoué par M. Barrette.

Et puis le troisième échec, que personne ne peut ignorer, est lié à ce fameux respect que le premier ministre Couillard souhaitait être la marque de com­merce de son gouvernement. Dans le cas de Gaétan Barrette, on parle ici d’un échec retentissant. C’est le moins que l’on puisse dire ! Insultes en­vers ses adversaires politiques et des gens es­timés comme Claude Castonguay, allégation d’inti­mi­da­tion envers des gestionnaires du réseau, ingérence dans la gestion des établissements, dénigrement du travail des médecins de famille et manipulation trompeuse de données statistiques ne sont que quel­ques exemples de la méthode Barrette. Le tout en moins de 11 mois ! Alors pour le respect, on repassera ! On parle sûrement d’un record sans précédent qui sera difficile à battre côté échec en matière de respect chez un élu québécois.

Heureusement, malgré le triste spectacle offert dernièrement par le ministre de la Santé, nous, à la FMOQ, avons fait nos devoirs. Nous avons d’abord, en toute circonstance, dit la vérité aux Québécois. Ensuite, nous avons dénoncé l’approche du gou­ver­nement et rectifié les informations erronées véhiculées par le ministre Barrette, avec vigueur oui, mais sans jamais tomber dans l’insulte ni le dénigrement facile. Et surtout, nous avons réflé­chi longuement et analysé finement plusieurs op­­tions au projet de loi 20, afin de proposer des solutions porteuses qui amélioreront l’accès aux soins de première ligne. De plus, une fois ce travail accompli, nous avons pris notre bâton de pèlerin et sommes allés rencontrer les médecins omnipraticiens dans les différentes régions de la province de manière à valider leur adhésion aux solutions suggérées. La Fédération a donc, elle, fait ses devoirs. Il nous reste juste à espérer que le ministre de la Santé aura appris de ses échecs répétés et qu’il aura la sagesse de s’accrocher aux solutions des médecins de famille et à l’engagement de ces derniers. Pour le bien-être de nos concitoyens, c’est le petit miracle qu’on est en droit de se souhaiter collectivement. Sinon, le ministre devra porter seul la responsabilité d’une occasion historique manquée et d’un immense gâchis probable à venir.

Le 17 mars 2015

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Le président, Dr Louis Godin