Nouvelles syndicales et professionnelles

Taux d’assiduité

pourquoi certains GMF n’atteignent-ils toujours pas la cible des 80 % ?

Claudine Hébert  |  2018-10-29

Pourquoi le taux d’assiduité de certains GMF stagne-t-il sous la barre des 80 % ? Récemment, la moitié des 340 GMF du Québec ont été évalués en vue du renouvellement de leur statut. Le taux d’assiduité s’est révélé insuffisant chez 28 d’entre eux, dont 15 à Montréal seulement. Ces groupes risquent une pénalité financière et un avertissement pouvant mener à la perte de leur statut de GMF. Comment expliquer cette situation, en particulier celle des GMF de la métropole ?

A-L Boucher

« Ce n’est pas parce que ces GMF en difficulté ne font pas les efforts demandés qu’ils n’atteignent pas la cible, précise d’em­blée la Dre Anne-Louise Boucher, directrice adjointe à la Planification et à la Régionalisation à la FMOQ. Nous avons découvert que certains facteurs propres à la région de Montréal semblent nuire à l’atteinte du taux d’assiduité de­mandé par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Pour déterminer ces éléments, les membres de l’équipe de la direction de la Planification et de la Régionalisation ont communiqué par téléphone avec près d’une dizaine de GMF montréalais dont le taux d’assiduité restait inférieur à 80 %. Au cours de l’exercice, mené cet été, l’équipe a découvert plusieurs explications.

Un territoire en cause

L’un des facteurs nuisant au taux d’assiduité s’avère être la distance. « La population de Montréal privilégie le facteur de la proximité pour ses rendez-vous urgents. Même si son GMF offre des plages horaires le jour même, le patient montréalais va généralement choisir une clinique médicale ayant un service de consultation sans rendez-vous située près de sa résidence ou de son lieu de travail », indique la Dre Boucher.

Les mouvements de population jouent également contre les GMF de la métropole. Ainsi, des personnes originaires de Montréal déménagent, par exemple, en banlieue, mais conser­vent leur médecin de famille montréalais par crainte de ne plus en avoir. Toutefois, quand ils ont besoin de soins urgents, ils vont à proximité de leur domicile dans une clinique médicale offrant un service de consultation sans rendez-vous, révèle le sondage mené par l’équipe de la Dre Boucher.

Des lacunes structurelles

S’ajoutent aussi les facteurs structurels du programme GMF. La majorité des groupes en difficulté, constate la Dre Boucher, sont des GMF qui viennent d’obtenir leur statut pour la première fois. Même si ces cliniques fonctionnent adéquatement depuis de nombreuses années, elles éprouvent certaines difficultés, notamment, à s’adapter au programme GMF. « En outre, plusieurs de ces GMF n’ont toujours pas reçu, même un an après leur adhésion, l’ensemble des ressources professionnelles que doit leur fournir leur établissement en fonction de leur catégorie. Cette situation nuit particulièrement aux petits GMF de catégorie 1 et 2, c’est-à-dire ceux qui comptent entre 6000 et 12 000 patients inscrits. »

Dans les GMF-U, c’est-à-dire ceux des milieux universitaires, le taux de roulement du personnel administratif constitue une difficulté supplémentaire. Ce sont les établissements, souligne la Dre Boucher, qui doivent leur fournir les ressources nécessaires, mais le personnel administratif change fréquemment. « Ce facteur a pour conséquence de complexifier le bon fonctionnement au sein de ces GMF », soutient la directrice adjointe. L’équipe médicale en place doit régulièrement veiller à ce que le personnel administratif, en constant mouvement, réapprenne les rouages propres à la prise de rendez-vous médicaux en GMF dans un contexte d’enseignement. Les médecins responsables de ces GMF doivent en plus s’assurer que le processus d’inscription de la clientèle s’est effectué de façon adéquate auprès de la Régie de l’assurance maladie du Québec lors des visites initiales.

La Dre Boucher tient à rappeler que le programme GMF n’a pas fait l’objet d’une entente négociée entre la FMOQ et le ministère. Ce qui peut compliquer les discussions entre les deux parties. « Le fait d’avoir pu cerner les facteurs qui nuisent au bon fonctionnement du programme GMF va nous permettre d’aider et de mieux conseiller les médecins des GMF en difficulté », estime-t-elle. //