Nouvelles syndicales et professionnelles

AGA de l’Association des médecins omnipraticiens de Yamaska

cibles atteintes... mais médecins éreintés

Claudine Hébert  |  2018-12-21

L’AMOY peut dire mission accomplie. Sur le plan régional, elle a atteint les cibles. Néanmoins, la situation demeure inquiétante, a expliqué le président de l’association au cours de l’assemblée générale annuelle, le 8 novembre dernier, à Saint-Hyacinthe.

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Novembre 2018, 86 % de la population vivant sur le territoire de l’Association des médecins omnipraticiens de Yamaska (AMOY) a désormais un médecin de famille. Et le taux d’assiduité au sein des trois réseaux locaux de services du territoire (RLS) fracasse les 90 %. Pourtant, le Dr Jacques Bergeron, président de l’AMOY, ne pavoise pas. « Même si on a réussi, il reste encore plus de 20 000 patients enregistrés au guichet d’accès qui attendent d’avoir un médecin de famille », a-t-il signalé.

 

La situation est particulièrement préoccupante au sein du RLS de Richelieu-Yamaska, territoire où l’on trouve Saint-Hyacinthe. Ce sont plus de 16 000 patients qui n’ont toujours pas de médecin de famille, a précisé le Dr Bergeron. Le taux d’inscription de ce réseau local se situe d’ailleurs à 82 %, soit trois points en deçà de la cible de 85 %.

 

Comment faire pour en demander plus à ses troupes ? Comment obtenir un tout dernier effort ? Le Dr Bergeron a avoué se sentir très mal à l’aise à cet égard. « Mes membres sont à bout de souffle. Ils roulent à plein régime. La moyenne de patients inscrits par les 309 membres de l’AMOY est de 1117. C’est près de 20 % de plus que la moyenne provinciale qui est de 924. Comment puis-je leur en demander plus alors qu’ils ont déjà réalisé de grandes prouesses ? », a indiqué le président en précisant qu’une vingtaine de médecins de son association suivent plus de 2000 patients.

 

La région de Yamaska a besoin de plus de médecins

 

Tout comme l’ensemble des présidents d’associations de médecins omnipraticiens du Québec, le Dr Bergeron a, lui aussi, dressé un portrait sommaire des médecins de son territoire afin d’évaluer le nombre de ceux qui pourraient encore contribuer à l’effort collectif. « À l’aide du Service des affaires économique de la FMOQ, nous avons repéré une vingtaine de médecins, dont les activités permettraient d’inscrire davantage de patients. Cependant, en y regardant de plus près, c’est à peine cinq cliniciens au total qui peuvent encore faire une différence. Et ces omnipraticiens, qui ont en moyenne moins de 500 patients inscrits, ont entamé leur pratique au cours de la dernière année. »

 

Selon le représentant de l’AMOY, pour vraiment aider la po­pulation, il faudrait des renforts. « Il nous manque des méde­cins de famille. Juste au sein du RLS Richelieu-Yamaska, on estime le déficit à au moins une quinzaine de cliniciens. »

 

L’ère du ministre Barrette a fait mal

 

Ce n’est pas demain la veille que le problème du manque de ressources sera réglé, a précisé, pour sa part, le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin, venu à l’assemblée générale de l’AMOY. Plusieurs points vont probablement nuire au maintien de l’accès à un médecin de famille, selon le Dr Godin. Et nuire du coup à l’objectif ultime : l’abrogation de la loi 20*.

 

* Le nom exact de la loi est : Loi favorisant l’accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée.

 

« D’abord, l’ère du ministre Gaétan Barrette a fait mal à notre profession », a affirmé sans ambages le président de la Fédération. Lors des deux dernières années, le climat malsain a probablement eu pour effet de décourager des étudiants en médecine d’opter pour la médecine familiale. « Moins de 40 % d’entre eux ont choisi d’être omnipraticiens », a précisé le président Godin. S’ajoutent à ce constat les départs prématurés à la retraite de médecins ne supportant plus la situation.

 

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À cause de ces deux éléments, les ressources pour aider la population sont bien moindres qu’elles devraient l’être. « Au lieu d’avoir 450 nouveaux médecins de famille pour faciliter les inscriptions, nous n’en avons que 350 médecins. Et en additionnant les départs à la retraite, ce déficit se creuse davantage », a indiqué le président de la FMOQ.

 

Comme si cela ne suffisait pas, l’aide que l’on promettait dans les hôpitaux afin de permettre aux médecins de famille de pratiquer davantage en première ligne n’est jamais venue. « Si nous avions reçu l’aide promise, notamment de la part des médecins spécialistes, toutes les régions de la province, sans exception, auraient déjà atteint leurs cibles. Malheureusement, ce n’est pas le cas », a déploré le Dr Godin. Il a d’ailleurs souligné qu’une dizaine de régions au Québec doivent actuellement avoir recours au service de dépannage pour subvenir aux besoins de santé de leur population. « C’est un signe profond que le système a été étiré à son maximum. »

 

Coups de chapeau

 

Malgré ces ombres au tableau, l’AMOY a profité de son rendez-vous annuel pour souligner de quelques coups de chapeau certains faits dignes de mention. Outre un petit clin d’œil au 55e anniversaire de son association, l’AMOY a rendu hommage à l’un de ses pairs : le Dr Daniel Gauthier qui se retire de la profession après trente-huit années de pratique. Désigné membre émérite de l’année, ce médecin de famille de l’Hôpital de Saint-Hyacinthe a fait partie du bureau de l’AMOY pendant plus de vingt ans, a précisé le Dr Bergeron.

 

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Autre bon coup chaudement salué par le président : la participation des médecins de l’association aux grandes marches du Grand Défi Pierre Lavoie. « Plus du quart des membres de l’AMOY ont pris part à cette activité dans la région cette année. Une vitrine exceptionnelle pour nos médecins de famille. » Par ailleurs, au cours de l’AGA, le Dr Bergeron a été réélu président pour un dixième mandat. //