Éditorial

Au revoir 2018… et bienvenue 2019 !

Louis Godin  |  2018-12-20

L’année 2018 tirant à sa fin, force est de constater, encore une fois, que les médecins omnipraticiens en ont pris beaucoup sur leurs épaules et ont livré la marchandise. Les ruptures de service en établissement, parfois appréhendées en raison de la pénurie d’effectifs toujours existante et des politiques nuisibles de l’ancien ministre, ont été évitées.

Et surtout, l’accessibilité à la première ligne médicale a continué de s’améliorer. C’est en effet maintenant plus de 80 % de nos concitoyens (80,8 % en date du 7 décembre 2018) qui sont pris en charge par un médecin de famille, un chiffre en constante progression. D’ailleurs, quand on tient compte de l’ajout substantiel de personnes admissibles à l’inscription auprès d’un médecin de famille (plus de 60 000 de plus en 2018 selon la RAMQ), on parle d’une augmentation réelle de 2,7 %, et non de 1,5 % comme certains médias l’ont mentionné dernièrement. À la fin du mois de novembre, c’était donc 6 451 670 Québécois qui étaient pris en charge par un médecin de famille comparativement à 6 282 051 au dernier jour de 2017, soit une augmentation nette de 169 619 personnes. De plus, comme les médecins de famille sont toujours très actifs en décembre, nul doute que ces statistiques devront être revues à la hausse au 31 décembre. Quand on sait que plus de 200 postes de résidents en médecine familiale sont demeurés vacants au Québec au cours des quatre dernières années et que beaucoup de médecins d’expérience ont pris une retraite prématurée, il est difficile de ne pas être fiers des résultats obtenus dans un contexte, il faut l’avouer, extrêmement éprouvant pour tous les acteurs du réseau de la santé.

Il n’en reste pas moins que l’équilibre ne peut qu’être fragile quand la pénurie d’effectifs persiste, comme c’est toujours malheureusement le cas en médecine familiale au Québec. Voilà ce qui explique pourquoi il est encore difficile, dans certaines régions, d’offrir un médecin de famille à tous ou pourquoi certains secteurs souffrent d’un manque criant d’effectifs (soins de longue durée en CHSLD, soins palliatifs, hospi­talisation, etc.). Nous payons collectivement le prix du dénigrement, de la coercition et de l’improvisation du régime gouvernemental qui fut en place de 2014 à 2018. Heureusement, cette époque, si on se fie au discours public et aux premières rencontres tenues avec la nouvelle ministre de la Santé, semble révolue.

Alors, à quoi devons-nous nous attendre en 2019 ? D’abord, à une collaboration et à un partage de solutions qui devraient nous mener vers une amélioration de l’accès sous divers angles : un taux de prise en charge qui continue de progresser, un accès simplifié à des services de consultation sans rendez-vous pour tous et également la disparition peu à peu des menaces de ruptures de service en établissement, services qui reposent actuellement sur trop peu de médecins. C’est ce que nous nous souhaitons comme professionnels qui avons à cœur, oui, en priorité la santé de nos concitoyens, mais aussi l’avenir de notre profession. Voilà pourquoi nous entendons travailler sur des mesures en ce sens. À ce jour, puisqu’il semble que nos aspirations correspondent à celles de la nouvelle ministre de la Santé, il nous est bel et bien permis d’espérer que 2019 soit l’année d’un renouveau où tous les acteurs du réseau de la santé, des soignants jusqu’à la ministre en passant par les gestionnaires, pourront enfin s’efforcer ensemble, comme de véritables partenaires, d’améliorer l’accès aux soins, là où il le faut. C’est notre souhait légitime et, surtout, c’est ce que les Québécois méritent.

Bonne et heureuse année 2019 à tous !

Le 18 décembre 2018

 

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Le président, Dr Louis Godin