Nouvelles syndicales et professionnelles

Assemblée générale de l’association de Laval

rencontre avec les membres

Emmanuèle Garnier  |  2019-10-30

Le 13 septembre dernier, l’Association des médecins omnipraticiens de Laval tenait son assemblée générale annuelle. Le président de la FMOQ y était présent pour rencontrer les membres.

Dr Godin

L’inscription de la population reste une priorité pour la FMOQ. « Vous n’avez pas besoin de tous prendre cinquante nouveaux patients. Quand vous en inscrivez un de plus, c’est déjà cela. Il n’y a pas de petit nombre de patients », a expliqué le Dr Louis Godin, président de la Fédération, aux cliniciens présents à l’assemblée générale annuelle de l’Association des médecins omnipraticiens de Laval (AMOL).

La loi 20 est toujours présente, a par ailleurs rappelé le président. Et l’inscription de patients reste une priorité pour le gouvernement. Cependant, la situation s’est détériorée sur le plan des effectifs médicaux. « On est revenu à une importante pénurie de médecins de famille », a expliqué le président. Les quatre années où le Dr Gaétan Barrette a été à la tête du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) ont eu d’importantes répercussions. Elles pourraient expliquer que moins d’étudiants aient choisi la médecine familiale comme spécialité et que plus d’omnipraticiens âgés aient pris leur retraite. « Le résultat net est qu’on se retrouve avec à peu près de 450 à 500 médecins de famille de moins que ce qui avait été projeté. »

Il y a ainsi un nombre insuffisant d’omnipraticiens à la fois pour la prise en charge des patients en cabinet et pour le travail à l’hôpital. Le Dr Godin avertit régulièrement les élus du péril de la situation. « Je leur explique qu’à un moment donné, il sera difficile d’équilibrer l’équation, c’est-à-dire d’inscrire de plus en plus de patients tout en maintenant les services de deuxième ligne. »

La capitation

Le nouveau mode de rémunération que la Fédération est en train de négocier avec le gouvernement, la capitation, pourrait par ailleurs faciliter la prise en charge de nouveaux patients. « En Ontario, lorsque ce mode a été adopté, il y a eu une augmentation importante du nombre d’inscriptions au cours des années suivantes », a indiqué le Dr Godin.

La formule actuellement étudiée au Québec serait mixte. Ainsi, un certain pourcentage de la rémunération des médecins pourrait venir d’un forfait de capitation et un autre du paiement à l’acte pour les patients inscrits. Pour les patients non inscrits, les actes seraient payés à 100 %.

Viendra un moment où il sera difficile d’inscrire de plus en plus de patients tout en maintenant les services de deuxième ligne.

Ce que changerait la capitation ? Elle pour­rait avoir un effet sur la capacité de travail des médecins. « Ce mode de rémunération permet une approche totalement différente des soins. Votre rémunération ne serait plus uniquement tributaire des visites des patients, a expliqué le président aux membres de l’AMOL. Il vous serait possible d’entrer en contact avec les patients en utilisant les nouveaux moyens technologiques, de maximiser la collaboration avec les autres professionnels, etc. La capitation donne cette ouverture. »

Question sur le guichet d’accès

Bien des médecins de famille tentent de prendre en charge des patients du guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF). Mais ce n’est pas toujours facile. « On appelle les patients, et ils ne sont pas là. Cela crée beaucoup d’insatisfaction chez les médecins », a expliqué un des participants au Dr Godin.

Il y a deux ans, ce membre de l’AMOL a fait un exercice de consultation pour avoir une idée de la situation. « On avait des taux d’inscription de clientèle qui parfois n’étaient même pas de 50 % pour des efforts immenses. » Le médecin souhaitait que les responsables du MSSS soient mis au courant. « Il faut leur dire que ce ne sont pas vraiment 500 000 patients qui sont dans le guichet, parce que bien des fois les gens qu’on appelle ne vont pas à leur rendez-vous, ne sont plus intéressés à avoir un médecin ou leur numéro de téléphone n’est pas le bon. Il y a du ménage à faire dans le GAMF. Je ne sais pas qui va le faire. »

Le président avait récemment discuté avec le ministère de la question de l’efficacité du GAMF et de son manque de ressources. Un responsable lui avait alors affirmé que des directives venaient d’être données aux directeurs d’établissement. « Ils doivent s’assurer que tout est mis en œuvre pour que les guichets fonctionnent bien, autant en ce qui concerne la transmission de listes de patients dans un délai raisonnable que la mise à jour des informations fournies, a expliqué le Dr Godin. N’hésitez pas à rappeler aux responsables de l’établissement qu’il a été convenu avec le ministère qu’ils doivent accorder les ressources nécessaires au guichet. »

Ces patients qui ratent leur rendez-vous

Le fait que bien des patients, nouvellement inscrits ou non, ne se présentent pas à leur rendez-vous inquiétait également un autre médecin de l’assistance. Il avait d’ailleurs quelques chiffres. « Chez les personnes de 15 à 35 ans, il y a 40 % d’absentéisme au rendez-vous. Qu’est-ce qu’on fait avec ça ? »

Pour pouvoir intervenir, il faut des statistiques solides, a expliqué le Dr Godin. « Comme association, vous pouvez pendant trois semaines faire le compte des rendez-vous manqués. Recueillez ces données-là et envoyez-les-nous. Je vous promets que l’on va s’en servir. »

« La capitation permet une approche totalement différente des soins. La rémunération n’est alors plus uniquement tributaire des visites des patients. »

– Dr Louis Godin

Un GMF de plus 25 médecins a déjà fait cet exercice, a expliqué le président. « C’est impressionnant le nombre de personnes qui ne se présentent pas, même si elles ont eu un rappel. Il ne s’agit pas seulement des patients de 15 à 35 ans. En ayant des données solides, on peut demander au ministère d’expliquer à la population que l’un des facteurs qui réduit l’accès à un médecin de famille, c’est le fait que des gens prennent des rendez-vous et n’y vont pas. »

Et qu’arrivera-t-il dans les GMF-R si le mode de rémunération comprenant la capitation est adopté ?, s’est demandé un autre participant. « Si on est payé 40 % de ce que l’on gagne actuellement, par exemple pour une visite ponctuelle, je pense que cela va décourager les médecins de faire de l’urgence au GMF-R », a-t-il fait remarquer.

« Dans les GMF-R, les médecins seraient automatiquement payés à 100 % pour les patients non inscrits », a répondu le Dr Godin. Mais dans ce nouveau système, qui devrait favoriser la prise en charge de plus de patients, autant de GMF-R seront-ils nécessaires ? « Probablement pas. Mais ce ne sera pas le cas à court terme », a indiqué le président. //