Nouvelles syndicales et professionnelles

Et si on discutait de la COVID-19 tous ensemble ?

Claudine Hébert  |  2020-05-04

Jamais le besoin de s’exprimer, d’échanger et de partager n’a été aussi capital pour le bien-être du personnel soignant depuis que la pandémie de COVID-19 prend ses aises partout sur le globe. Et le Programme d’aide des médecins du Québec (PAMQ) est justement là pour encourager la création de ces espaces de parole entre médecins.

discute Magnan

« Le meilleur équipement de protection médical peut fort bien nous défendre face au virus de la COVID-19, mais il n’est d’aucune utilité pour préserver notre santé mentale. D’où notre initiative de stimuler la formation de groupes de pairs aidants », indique la Dre Anne Magnan, directrice générale du PAMQ.

Depuis déjà deux ans, cet organisme souhaitait mettre en place des outils pour favoriser ce type d’entraide de groupe, notamment pour venir en aide aux médecins souffrant de dépression. « La situation de la COVID-19 a servi d’étincelle », signale la Dre Magnan.

Conçu par Rachel Thibeault, spécialiste en résilience psychologique et soutien par les pairs qui travaille depuis plus de trente ans en zones de guerre et de crise, ce nouveau service vise à appuyer tous les médecins engagés dans une démarche d’entraide entre pairs. « Il a été établi que l’esprit de compassion, peu importe les situations, aide les individus à passer à travers les crises. C’est ce que nous voulons faire en favorisant la formation de groupes », poursuit la Dre Magnan.

Le groupe, dit-elle, peut être composé de membres d’une même clinique, d’un même champ de pratique ou d’une même région. L’important, insiste-t-elle, est d’avoir un vécu substantiel en commun. Elle précise également que le nombre idéal de pairs doit se situer entre quatre et huit lorsque les groupes sont virtuels, ce qui permet un meilleur échange entre les participants.

Favoriser l’entraide au cœur des émotions

Mais attention, prévient la Dre Magnan. Ces groupes ne servent pas à régler des enjeux cliniques, logistiques ou techniques. Le groupe de pairs aidants, dit-elle, est là pour favoriser l’entraide, tout en tenant compte des émotions que provoquent les enjeux cliniques, logistiques, techniques, voire familiaux.

discute Roman

« Il ne s’agit ni d’une thérapie de groupe ni d’une séance pour « ventiler » ses frustrations. Tous les participants viennent y recevoir et y offrir du soutien », ajoute, pour sa part, la Dre Sandra Roman, médecin-conseil du PAMQ qui travaille aussi à la Direction de la santé publique du CISSS de Laval.

« L’objectif de ces espaces de parole est de permettre aux participants de réduire leur degré de stress et de fébrilité ainsi que de prendre du recul de manière à conserver une perspective constructive et à maintenir la cohésion au sein des équipes », signale-t-elle.

La Dre Roman fait d’ailleurs partie d’un comité de santé composé de médecins du CISSS de Laval. Depuis le début de la crise de la COVID-19 en mars dernier, près d’une dizaine de groupes de pairs aidants ont vu le jour sur le territoire lavallois, mentionne la clinicienne.

Des médecins qui aident des médecins

Le Programme d’aide aux médecins du Québec existe depuis déjà trente ans. Créé en 1990 pour venir en aide aux médecins, l’organisme dispose d’une équipe regroupant une dizaine de médecins-conseils (autant des omnipraticiens que des spécialistes). Ces derniers répondent généralement à une vingtaine d’appels par semaine. « Parce que nous anticipons un flux élevé d’appels au cours des semaines à venir, nous avons doublé notre équipe de médecins-conseils à vingt. Nous sommes là pour donner un coup de main », conclut la Dre Magnan. //