Nouvelles syndicales et professionnelles

Jeûnes intermittents et qualité des preuves

Élyanthe Nord  |  2022-02-28

Bien des études ont conclu aux bienfaits de différents types de jeûnes intermittents. Cependant, seulement quelques-unes ont fourni des preuves de qualité élevée ou moyenne.

De nombreux essais cliniques se sont penchés sur les effets bénéfiques du jeûne intermittent. Quelles méthodes sont les plus efficaces ? Pour lesquelles a-t-on des données de qualité suffisante ? Une étude parapluie portant sur une dizaine de méta-analyses s’est intéressée à ces questions1.

Ses auteurs, M. Chanthawat Patikorn, de Thaïlande, et ses collaborateurs d’autres pays ont constaté que les effets du jeûne intermittent sur le plan pondéral et cardiométabolique sont appuyés par des preuves dont la qualité va de très faible à élevée. Ils ont analysé quatre types de restrictions alimentaires :

1) Le jeûne alterné zéro calorie (journées de jeûne total en alternance avec des journées d’alimentation à volonté).

2) Le jeûne alterné modifié (jeûne effectué de 3 à 5 jours par semaine dans lequel l’apport de calories va de 0 % à 40 % des besoins énergétiques).

3) Le jeûne 5:2 (jeûne pratiqué un ou deux jours par semaine dans lequel la prise totale de calories va de 0 à 40 % des besoins en énergie).

4) Le jeûne à fenêtre d’alimentation restreinte (jeûne de 12 à 24 heures par jour).

Preuves de qualité ÉLEVÉE ET MOYENNE

Qu’est-ce qui est vraiment prouvé ? M. Patikorn et son équipe ont étudié onze méta-analyses comportant 130 essais cliniques à répartition aléatoire. Ils ont trouvé 104 associations entre des jeûnes intermittents et des paramètres liés à la santé cardiovasculaire. Mais parmi ces liens, uniquement 27 % montraient un effet statistiquement significatif.

Une seule association était par ailleurs appuyée par des données probantes d’une grande qualité. Elle concernait le jeûne alterné modifié effectué pendant un ou deux mois. Cette méthode, comparativement à l’alimentation ordinaire, a été liée à une réduction modérée de l’indice de masse corporelle chez différents groupes : des adultes ayant un poids normal, des sujets ayant un surplus de poids, des personnes obèses ou atteintes d’une stéatose hépatique non alcoolique.

Cinq associations significatives se sont révélées, elles, appuyées par des preuves de qualité moyenne :

h Le jeûne alterné modifié, pendant deux ou trois mois, a été associé à une diminution du poids chez des adultes obèses ou ayant un surplus de poids par rapport à une restriction calorique continue.

h Le jeûne alterné modifié, pendant de deux à six mois, a été lié à une baisse du poids chez les adultes obèses comparativement à une restriction calorique continue.

h Le jeûne alterné zéro calorie, pendant d’un à deux mois, a été associé à une réduction de la masse grasse chez des adultes obèses ou ayant un surplus de poids par rapport à une alimentation ordinaire ou à une restriction calorique continue.

h Le jeûne 5:2, pendant de trois à six mois, a été lié à une diminution de l’insuline à jeun chez des femmes obèses ou ayant un surplus de poids comparativement à une restriction calorique continue.

h Le jeûne alterné modifié, pendant de deux à six mois, a été associé, ce qui est un inconvénient, à une diminution de la masse maigre chez des adultes obèses par rapport à une restriction calorique continue.

Les 97 autres associations étaient appuyées par des preuves de qualité faible, mais surtout très faible. La plupart étaient issues d’études présentant des biais. Beaucoup d’essais clini­ques, par exemple, n’avaient pu être effectués à double insu.

La conclusion des chercheurs ? Il existe des associations entre le jeûne intermittent et des bienfaits sur le plan pondéral et cardiométabolique soutenues par des preuves de qualité moyenne et élevée. Ces résultats « tendent à confirmer le rôle du jeûne intermittent, en particulier du jeûne alterné modifié, comme méthode de perte de poids chez les adultes obèses ou ayant un surplus de poids. »

Le jeûne à fenêtre d’alimentation restreinte ne ressort par ailleurs pas parmi les plus performants ni les plus appuyés par des preuves de bonne qualité. Mme Élise Latour, nutritionniste au Centre ÉPIC, qui utilise cette méthode auprès de la clientèle qui le désire, n’en est pas déconcertée. « Pour notre part, nous avons de bons résultats. On y parvient, non seulement grâce au jeûne 16/8, mais aussi en améliorant la qualité de la nourriture. Dans les études analysées par l’équipe de M. Patikorn, on n’a aucune idée de ce que les participants mangeaient durant les périodes où ils pouvaient s’alimenter à volonté. De plus, dans notre centre, nous jumelons l’alimentation limitée dans le temps à l’exercice, ce qui est très efficace. » //

Bibliographie

1. Patikorn C, Roubal K, Veettil S et coll. Intermittent fasting and obesity-related health outcomes: an umbrella review of meta-analyses of randomized clinical trials. JAMA Netw Open 2021 ; 4 (12) : e2139558.