Au cours des dernières années, les médecins de famille ont été plus souvent qu’à leur tour choqués et déçus des intentions du gouvernement. Vision à court terme, technocratisation de la pratique, menaces d’imposition de « quotas », dénigrement et j’en passe. En plus de dévaloriser notre profession, ces éléments contre-productifs ont aussi fragilisé encore plus la première ligne.
Dans le cadre de la Journée mondiale des médecins de famille (19 mai), je ferai quelque chose de plutôt inhabituel dans l’exercice de mes fonctions : je laisserai parler mes émotions sans aucune retenue. Alors, je me lance… J’aime la médecine, encore plus particulièrement la médecine familiale, je l’ai toujours aimée et j’espère toujours l’aimer ! Alors que nous avons trop souvent l’impression que notre spécialité manque justement d’amour, je tiens à le clamer haut et fort ! D’ailleurs, dans l’intimité, je répète à qui veut bien l’entendre que j’ai exercé pendant trente ans l’une des plus belles professions qui soient.
À la sortie de la cinquième vague pandémique et d’une deuxième année de mesures sanitaires, après avoir été de tous les combats en première et en deuxième ligne, l’équipe de la FMOQ et son conseil d’administration avaient à cœur de savoir comment vont les médecins de famille sur le terrain. C’est une évidence : pour offrir des soins de qualité, il faut se sentir bien, avoir des conditions de pratique adéquates et, surtout, avoir le goût et la capacité de prendre soin des autres.
À l’occasion du passage de la FMOQ à la commission parlementaire sur le projet de loi no 11, le Dr Sylvain Dion et moi-même avons livré, au nom des 10 000 médecins de famille du Québec, un message on ne peut plus clair au gouvernement : nous ne servirons pas de boucs émissaires pour les ratés systémiques du réseau de la santé, nous n’accepterons jamais l’intimidation comme mode de gestion et nous sommes contre un projet de loi néfaste pour la profession médicale. Bref, notre intégrité, notre dignité et notre autonomie sont fondamentales !
Devenir président d’une organisation aussi importante que la FMOQ, vous vous en doutez, met passablement de pression sur les épaules de la personne désignée, surtout au moment où la 5e vague de la pandémie nous frappe. D’ailleurs, je tiens à saluer, à reconnaître et à remercier les médecins de famille pour leur dévouement extraordinaire et leur travail exceptionnel à offrir des soins de qualité à la population québécoise en temps normal, mais encore davantage pendant cette période extrêmement éprouvante. Vous répondez présents une fois de plus et avez toute mon admiration.
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