Éditorial

L’effort des médecins

Dr Louis Godin  |  2014-10-17

Les membres du Conseil de la Fédération des mé­­decins omnipraticiens du Québec (FMOQ) ont ap­prouvé, le 4 octobre dernier, le contenu de l’entente de principe conclue avec le gouvernement au sujet d’un nouveau calendrier de versement des augmentations destinées aux médecins de famille qui étaient prévues dans le dernier accord-cadre. Les médecins omnipraticiens, comme nos collègues spécialistes d’ailleurs, ont donc accepté de faire des sacrifices importants sur le plan de leur rémunération afin de participer à l’assainissement des finances publiques.

Cette négociation, rendue inévitable à la suite du refus du gouvernement de verser des augmentations relevant pourtant d’ententes signées il y a quelques années à peine, entre autres par les mi­nis­tres Couillard, Bolduc et Barrette, ne peut laisser qu’un goût amer à la profession médicale. Comment pourrait-il en être autrement devant le non-respect d’une entente pourtant légalement conclue ? Surtout quand on met dans la balance l’importance historique que la FMOQ attache au respect des conventions au bas desquelles elle appose sa signature. Malheureusement, force est de constater que pour le gouvernement du Québec, la signature de l’État ne semble pas revêtir la même importance. De plus, cette façon de faire, autant sur la forme que sur le fond, est contraire aux engagements pris lors de la dernière campagne électorale par le pre­mier ministre.

Il nous reste maintenant à voir les efforts de­man­dés aux autres, notamment aux autres pro­fessionnels de la santé rémunérés par l’État et aux gestionnaires (qui se multiplient depuis quelques années dans le réseau de la santé). Les médecins seront-ils les seuls à contribuer au bien commun ? Les dirigeants gouvernementaux nous disent que non, mais il est difficile de ne pas être sceptique quand on re­garde le passé. Surtout que les médecins ont sou­vent joué dans le mauvais film où l’on cible ceux qui prodiguent des soins en leur coupant des ressources, sans jamais s’attaquer à la bureaucratie ou à des industries qui bénéficient de la générosité de l’État québécois autrement que par des slogans politiques. Disons que le gouvernement, au-delà des belles paroles de certains de ses représentants et des lignes de presse accompagnant notamment le projet de loi 10 du ministre Barrette, doit faire ses preuves à cet égard.

Les médecins omnipraticiens, eux, auront toutefois répondu présents et auront participé à la bonne santé des finances publiques. Et malgré la marge de manœuvre pratiquement inexistante qui était la nôtre dans cette négociation bien spéciale, nous avons pu sauver l’essentiel, soit des augmentations suffisantes au cours des prochaines années nous permettant de mettre en place des mesures favorisant l’équité entre les différents milieux de pratique des omnipraticiens, avec en toile de fond l’objectif constant d’accroître la productivité de l’activité clinique. De plus, nous avons réussi à atteindre cet objectif sans insulter qui que ce soit et en développant un argumentaire sensé, solide et dénué de rancœur, malgré une frustration bien légitime dans les circonstances. Nous croyons donc avoir agi comme nos patients s’attendent à ce que leur médecin agisse. C’est en pensant à eux en grande partie que nous avons mené cette dernière négociation et c’est en pensant encore à eux en priorité que nous continuerons à mener la lutte pour une amélioration de l’accès aux soins dans les mois et les années à venir.

Le 16 octobre 2014

 

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Le président, Dr Louis Godin