Nouvelles syndicales et professionnelles

Congrès de la FMOQ

Des gestes pour améliorer l’accès aux médecins de famille

Émmanuèle Garnier  |  2015-06-03

Comment s’y prendre pour accroître l’accès de la population à la première ligne de soins ? Que peut faire chaque omnipraticien ? Que doit faire la Fédération ? Ce sont des questions sur lesquelles s’est penché le dernier congrès syndical de la FMOQ.

DrLouis Godin

Les 28 et 29 mai, la FMOQ a tenu son dix-huitième congrès syndical sous le thème Ma profession, mon engagement. Une réunion marquée par les derniers événements : nouvelle entente avec le gouvernement, engagements des omnipraticiens à accroître l’accès à la première ligne et suspension des menaces contenues dans le projet de loi no 20.

« Le fameux projet de loi no 20, qui sera bientôt chose du passé, a créé de fortes émotions. Cela nous a demandé énormément de solidarité, et nous aurons beaucoup de travail à faire au cours des deux prochaines années », a annoncé le Dr Louis Godin, président de la FMOQ, en ouvrant le congrès devant quelque 250 omnipraticiens.

L’entente que la FMOQ a signée avec le gouvernement prévoit des objectifs précis à atteindre en échange du gel des mesures du projet de loi no 20. Les médecins de famille devront entre autres avoir inscrit 85 % de la population d’ici 2018 et offrir rapidement à leurs patients des consultations dans les cas urgents.

« Il faudra livrer des résultats au cours des deux prochaines années. Pendant ce congrès, nous allons vous demander quelles sont vos idées pour le faire le plus efficacement possible. » Plusieurs ateliers et séances de travail ont été consacrés à cette question.

Des médecins prêts à agir

Les congressistes étaient prêts à passer à l’action pour améliorer l’accès à la première ligne. Un sondage réalisé en direct au cours d’une assemblée plénière est révélateur. Ainsi, parmi les médecins présents, 89 % se sentaient interpellés – et la plupart très interpellés – par les solutions que la FMOQ a proposées au gouvernement. Ils étaient prêts à faire des gestes dans leur pratique.

Pour bien des participants (44 %), le principal enjeu résidait dans le fait d’amener un plus grand nombre de médecins en première ligne pour suivre des patients en modifiant les activités médicales particulières (AMP). Un grand nombre (30 %) croyait, pour sa part, que l’adhésion d’une forte majorité de médecins à l’Accès adapté était importante.

Parmi les omnipraticiens présents, beaucoup offraient déjà à la population un certain accès à la première ligne : la majorité comptait plus de 500 patients inscrits, et plus du tiers en suivait plus de 1000. Mais les répondants comptaient faire plus : presque la moitié avait l’intention de prendre plus de 100 nouveaux patients au cours des deux prochaines années.

Sur le plan de la disponibilité, 80 % affirmaient avoir chaque jour des plages de rendez-vous pour les urgences. D’ailleurs, 74 % offraient à leur clientèle l’Accès adapté ou une méthode similaire.

Quelles mesures aideraient les médecins à prendre en charge et à suivre plus de patients ? Pour bien des omnipraticiens présents, la priorité était d’avoir rapidement accès aux consultations spécialisées et au plateau technique.

Le travail interprofessionnel était également important. Pour beaucoup de médecins de famille, la priorité allait d’abord à l’ajout d’infirmières cliniciennes (32 %), pour d’autres d’infirmières auxiliaires (30 %) et pour un certain nombre de psychologues (20 %).

Le plan de la FMOQ pour augmenter l’accès à la première ligne comprenait par ailleurs un filet de sécurité. Un réseau de supercliniques, ou GMF-R, qui permettraient aux gens sans médecin de famille ou ne pouvant consulter rapidement le leur, de voir un omnipraticien. Quelles sont les conditions nécessaires à la création de ces centres ? Bien des répondants (36 %) estimaient qu’il fallait fournir un soutien technique pour leur mise en place. D’autres (32 %) pensaient qu’une aide financière serait nécessaire. D’autres encore (25 %) étaient d’avis que des AMP devaient être octroyées à ces GMF-R.

En atelier, les omnipraticiens ont par la suite discuté de questions telles que : est-ce réaliste de vouloir inscrire 1,4 million de personnes d’ici 2018 ? Comment encourager les médecins à recourir à l’Accès adapté ? Que doivent faire la FMOQ, ses associations et les DRMG pour s’assurer de la réussite du plan proposé au ministère de la Santé ?

« Notre engagement auprès de nos patients, auprès de notre profession et surtout auprès de notre Fédération mérite qu’on y réfléchisse collectivement. » Dre Josée Bouchard, directrice scientifique du congrès.

Dre Josée Bouchard

















Une opération collective

Que faut-il retenir du congrès ? « Je pense que ce qui est important de ne pas perdre de vue, c’est que l’on doit entreprendre un changement. Nous avons cette obligation », a indiqué le Dr Godin.

Au cours des ateliers, les participants ont indiqué qu’ils auraient besoin d’aide pour atteindre les objectifs du plan de la Fédération. « Nous allons vous soutenir. Nous nous assurerons que vous bénéficierez de conditions facilitantes et d’un environnement de pratique adéquat », a promis le président.

Congrès syndical 2015

Tout au long du congrès, le Dr Godin a écouté les commentaires des omnipraticiens. « Je retiens beaucoup de choses. Souvent, on émet une idée et on a l’impression que personne ne l’enregistre. N’ayez pas cette impression-là. Nous avons pris note de ce que vous avez dit. »

Malgré le défi qui attend les omnipraticiens, le Dr Godin était satisfait de l’accord qu’il avait conclu avec le gouvernement sur les solutions de rechange au projet de loi no 20. « Nous avons signé cette entente en respectant l’intégralité des mandats qui nous avaient été donnés. Ceux qui ont assisté aux assemblées de mars peuvent se dire que sur le fond cet accord contient exactement la même chose que ce que nous vous avions présenté. »

Cependant, pour offrir à la population un meilleur accès à la première ligne, il faudra un effort de tous. « C’est un engagement que l’on prend collectivement, mais auquel on va tous devoir participer individuellement. Nous ne pourrons pas entreprendre ce changement si une majorité de personnes se reposent sur les autres pour faire le travail. Chacun doit en faire un peu. Si on a un chargement de terre à pelleter seul, c’est une tâche immense. Mais si on est nombreux à le faire, cela ne demande qu’un petit coup de pelle à chacun. » //

Les ateliers en image

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