Entrevues

Entrevue avec le Dr Olivier Gagnon, président de l’association du Saguenay–Lac-Saint-Jean

souligner les réussites des médecins de famille

Emmanuèle Garnier  |  2016-02-25

Pratiquant depuis 2001, le Dr Olivier Gagnon, nouveau président de l’Association des médecins omnipraticiens du Saguenay–Lac-Saint-Jean (AMOSL), exerce dans un groupe de médecine de famille à Chicoutimi, dans un centre d’hébergement de soins de longue durée et à l’hôpital. Il a, par ailleurs, occupé de nombreux postes médicoadministratifs dans sa région.

M.Q. — Quelle est votre priorité en tant que nouveau président ?

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O.G. – Je dirais qu’à court terme c’est d’augmenter le nombre de patients inscrits auprès d’un médecin de famille dans notre région. Une façon que l’on a trouvée de le faire plus facilement, c’est de coopérer avec le département régional de médecine générale (DRMG) pour entrer en contact avec toutes les tables de concertation locales en médecine familiale. Ces tables, qui sont très actives chez nous, rejoignent tous les médecins et constituent un système très efficace pour organiser les soins de première ligne. Maintenant, chaque représentant de secteur de notre association travaille en collaboration avec la table de concertation de son territoire pour essayer de joindre tous les milieux de soins, d’aller parler à tous les médecins et de leur demander de faire un effort pour prendre le plus de patients possible.

Un des principaux éléments de notre plan sera de tenter d’officialiser nos liens avec le DRMG. On aimerait, par exemple, qu’il invite le représentant de l’Association des médecins omnipraticiens du Saguenay–Lac-Saint-Jean (AMOSL) à ses réunions. On voudrait que la collaboration avec le DRMG se poursuive lorsqu’on a des dossiers communs, comme la question des plans d’effectifs médicaux en établissement, les négociations en cours, et tout ce qui peut avoir un effet sur l’organisation des soins de première ligne.

M.Q. – Quel est le taux d’inscription de la population au Saguenay–Lac-Saint-Jean ?

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O.G. – Nous avons un très bon bulletin régional. Certains territoires ont même des résultats impressionnants. Mais le message qu’on veut lancer, c’est que nous avons une cible nationale. On doit atteindre un taux de 85 % d’ici 2018 dans la province.

M.Q. — Quelle est l’attitude des médecins de votre région en ce qui concerne la question de l’accessibilité ?

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O.G. – De façon générale, les médecins du Saguenay–Lac-Saint-Jean essaient de donner un service qui répond aux besoins des patients, d’adapter leurs heures de travail et d’offrir un meilleur accès à leurs soins, entre autres en recourant à la méthode de l’accès adapté. En septembre, la FMOQ a donné dans notre région une formation sur ce mode de fonctionnement, beaucoup de mes confrères y ont assisté. Il y a eu une grande réponse.

M.Q. — Est-ce que l’on peut voir les effets de l’amélioration de l’accès à un médecin de famille ?

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O.G. – Oui. Au DRMG, où j’étais membre du comité de direction jusqu’en novembre 2015, on suivait le nombre de consultations à l’urgence sur le plan régional. Il a baissé de façon importante au cours de la dernière année. Nos confrères de l’urgence qui viennent à nos tables territoriales nous disent aussi qu’il y a une différence. Ils voient moins de patients classés P4 et P5.

M.Q. — Est-ce que le fait que le ministère de la Santé restreigne l’arrivée de nouveaux médecins de famille dans les hôpitaux inquiète vos membres ?

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O.G. – Oui. Le problème touchera peut-être davantage l’Hôpital de Chicoutimi, car il compte beaucoup de spécialistes. Cependant, dans les centres hospitaliers des autres territoires, ce sont les omnipraticiens qui font le gros du travail. Il n’y a pas beaucoup de spécialistes, et ces derniers hospitalisent peu de patients. Ces établissements devraient donc être moins concernés par la nouvelle mesure. Toutefois, dans les médias sociaux, on voit que certains résidents sont catastrophés, parce que lorsqu’ils ont choisi d’aller dans une région, il n’était pas prévu qu’ils allaient devoir pratiquer dans un cabinet.

M.Q. — Dans votre région, les jeunes médecins pourront-ils obtenir des dérogations pour pratiquer à l’hôpital ?

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O.G. – Ce sera à voir avec le DRMG. Cependant, il y a beaucoup de besoins dans le domaine de la médecine générale au sein des hôpitaux de notre territoire. Cette année, par ailleurs, plusieurs omnipraticiens vont laisser leur pratique en établissement pour se consacrer à la première ligne. Cela va donc libérer des postes pour les nouveaux omnipraticiens qui vont arriver. Je pense qu’au début de leur pratique les jeunes doivent pouvoir travailler à l’hôpital si c’est ce qu’ils désirent, mais aussi dans une clinique si c’est ce qu’ils préfèrent.

M.Q. — Votre association a toujours été active sur le plan des communications. Que comptez-vous faire dans ce domaine ?

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O.G. – L’une des préoccupations de l’AMOSL est de redorer l’image des médecins de famille dans la région. On voudrait essayer de montrer ce que les omnipraticiens font de bien, un peu à l’image de l’actuelle campagne promotionnelle de la FMOQ. J’ai vu les premières capsules vidéo et j’ai trouvé cela très bon. C’est bien fait. Je pense que d’aller sur la place publique pour débattre des chiffres, des salaires, des règlements de la loi, cela ne donne rien. Discuter des données objectives, même si on a raison, c’est perdu d’avance. Par contre, montrer que les médecins s’occupent bien de leurs patients et font des choses intéressantes sur leur territoire, cela peut avoir un effet favorable.

Par exemple, à l’automne, la Grande Marche du Grand Défi Pierre Lavoie a été une activité positive qui a touché beaucoup le monde. C’était une initiative appuyée par les médecins de famille pour promouvoir la bonne santé. Cela révèle une facette positive des omnipraticiens. Ce que l’Association voudrait maintenant, c’est de montrer les bons coups des médecins de la région, car il y en a plein.

M.Q. — Pouvez-vous me donner un exemple ?

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O.G. – Pendant les Fêtes de 2014-2015, au moment de l’épidémie de grippe, les quatre groupes de médecine de famille (GMF) de Chicoutimi se sont concertés pour offrir davantage de services médicaux à la population. Depuis quelques années, nous nous regroupions déjà pour offrir un service de consultation sans rendez-vous les samedis et dimanches matin à l’unité de médecine familiale (UMF). Cela marchait bien et les patients étaient très contents.

L’an dernier, cependant, on voyait que l’épidémie allait éclater durant la période des Fêtes. J’avais parlé à un responsable de la FMOQ, et il aurait été possible de faire une clinique de grippe, une mesure qui est liée à une rémunération majorée. Cependant, les médecins de la région voulaient agir rapidement pour que l’urgence ne déborde pas. On a donc décidé de bonifier notre offre de services et reçu à l’UMF les patients grippés, non seulement le matin, mais aussi l’après-midi. À certains moments, il y a avait deux médecins au lieu d’un seul. Parfois, on rajoutait du personnel. L’hôpital s’est assuré de nous fournir suffisamment d’infirmières. Le DRMG, qui était au courant, nous appuyait.

Cela a été une très grosse épidémie. On a vu jusqu’à 50 et même 75 patients par jour dans cette clinique. On a ouvert nos portes aux patients orphelins, alors que normalement on ne voyait que nos patients. On a vraiment fait un effort pour réduire les répercussions de l’épidémie de grippe sur le réseau de la santé. Tout le monde a mis la main à la pâte. Même les cliniques qui n’étaient pas des GMF nous ont aidés. Bref, cela a très bien fonctionné. Je suis très fier de cela. C’est un exemple concret de ce que les médecins sont capables de faire pour répondre aux besoins de la population.

M.Q. — Vous aimeriez faire connaître des réussites comme celles-là à la population ?

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O.G. – Oui. C’est un des éléments de notre plan de communication concernant le grand public. Il faut trouver une façon de faire connaître les bonnes choses que l’on fait, par exemple, par des capsules dans le journal ou à la télévision. On pourrait inviter un journaliste à couvrir l’événement. On aimerait aussi mettre sur pied des activités. Des événements de l’ampleur de la Grande Marche sont plus difficiles à organiser, mais on pourrait avoir, une fois par année, la journée des médecins de famille du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Il pourrait y avoir un thème, par exemple, la prévention des maladies chroniques ou l’arrêt tabagique. Les patients pourraient s’y inscrire. Je pense que c’est une formule qui pourrait être efficace dans notre région et donner une bonne image des médecins de famille.