Éditorial

L’heure juste sur les effectifs en établissement

Dr Godin  |  2016-02-26

Il s’est dit beaucoup de choses au sein de la communauté médicale depuis le début de l’année au sujet des plans d’effectifs médicaux (PEM) en établissement en médecine familiale. Beaucoup d’informations erronées ont été véhiculées. De là l’importance de remettre les pendules à l’heure encore une fois et de rappeler certains faits incontestables.

D’abord, les PEM relèvent exclusivement des autorités gouvernementales, donc du ministre de la Santé et des Services sociaux. Aucune entente n’a été conclue entre le gouvernement et la FMOQ au sujet des PEM en médecine familiale, ce dossier relevant exclusivement des autorités gouvernementales. Il est donc faux de prétendre que la décision de réduire de 20 %, par attrition graduelle, le nombre de postes occupés par les médecins de famille en établissement est le fruit d’une entente conclue entre la FMOQ et le ministère de la Santé et des Services sociaux. Aucune entente n’existe à cet égard. S’il est vrai que les instances de la Fédération se sont dites à l’aise avec l’idée que les médecins de famille travaillent prioritairement là où sont les besoins, il n’en demeure pas moins que tous ceux qui affirment qu’une telle entente existe errent. Et ceux qui répètent une telle chose sont de toute évidence coupables de désinformation.

Ensuite, tandis que la pénurie de médecins omnipraticiens s’estompe peu à peu et que celle des médecins spécialistes est pratiquement chose du passé, il va de soi à nos yeux que les médecins de famille exercent là où leur expertise est requise : en suivi de clientèle en clinique et en CLSC et, en établissement, à l’urgence, en hospitalisation, en obstétrique, en soins de longue durée et, dans une moindre mesure, aux soins intensifs. D’ailleurs, dans ces secteurs de pratique où œuvrent traditionnellement les médecins de famille en établissement, les besoins constatés et prioritaires continueront d’être comblés. En résumé, pour la FMOQ, il est clair que nous devons avoir en établissement le nombre requis de médecins omnipraticiens pour faire le travail exigé d’eux et que nous ne cautionnons aucune coupe automatique d’effectifs dans les secteurs relevant de notre compétence.

De plus, même si je comprends les appréhensions de plusieurs résidents et condamne l’annonce tardive des changements apportés aux règles d’installation en pratique pour le plan régional d’effectifs médicaux (PREM) de 2016, je tiens à répéter que la relève médicale pourra faire sa place en établissement. D’abord, les résidents pourront remplacer un nombre important de médecins qui quittent actuellement leur poste en établissement pour se consacrer à la prise en charge et au suivi de patients. Et avec l’abolition graduelle des activités médicales particulières (AMP) et l’arrivée d’une nouvelle nomenclature en cabinet le printemps prochain, nous prévoyons que cette tendance ne fera que s’accentuer au cours des années à venir. En outre, la très vaste majorité des médecins qui partent seront remplacés, et les besoins de chaque région seront scrupuleusement analysés. Si un véritable besoin supplémentaire est démontré en établissement, le PEM de cet établissement pourrait en conséquence être rehaussé. Enfin, même en cette année 2016 où la prise en charge est partout un besoin prioritaire, les postes offerts aux nouveaux facturants dans la plupart des régions contiennent presque tous une charge hospitalière.

Oui, les besoins de nos concitoyens évoluent, et il faut s’y adapter, notamment en priorisant un peu plus la prise en charge et le suivi de patients. Cependant, prétendre que les futurs médecins de famille se verront fermer l’accès au travail en milieu hospitalier est une hérésie. Et ce, même dans un contexte où il va de soi, au nom de l’intérêt de nos concitoyens et de la pérennité des soins de première ligne, que la prise en charge des patients devienne un champ de pratique prioritaire.

Le 22 février 2016

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Le président, Dr Louis Godin