Éditorial

GAMF

l’arrivée en 2016 !

Dr Godin  |  2016-04-21

À la suite de l’annonce du ministre sur le nouveau guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF), notre première réaction a simplement été : « Enfin, le Québec arrive en 2016 ! ». Après la mise en place anarchique des guichets d’accès pour la clientèle orpheline (GACO) et l’octroi de ressources extrêmement limitées pour leur fonctionnement, on ne peut que se réjouir de cette nouvelle qui simplifiera la vie de tout le monde lorsque l’outil aura atteint son plein potentiel et qu’il aura été apprivoisé. Il est juste triste qu’il ait fallu attendre jusqu’à aujourd’hui pour que ce guichet unique voie enfin le jour. Pourquoi ne pas avoir procédé avant ? Dieu seul le sait...

Cela dit, nous avons bien sûr été rapidement in­for­més de certains ratés du nouveau système, no­tam­ment en ce qui a trait à l’octroi de patients provenant de l’extérieur du réseau local de services du médecin ou de sa région de pratique. D’ailleurs, cela est logique, les patients utilisateurs ont parfois vécu la même situation, en se faisant jumeler avec un médecin de famille d’une autre région. Évidemment, de tels ratés demeurent déplorables, surtout qu’il s’agit d’un outil présenté initialement comme une grande réalisation par Gaétan Barrette ! Si vous ajoutez à ces ratés le discours habituel du ministre lors de cette an­nonce, teinté de préjugés et d’ignorance à propos du travail des médecins de famille québécois, vous avez la recette parfaite pour transformer en mau­vaise nouvelle, ce qui devrait plutôt être une bonne nouvelle.

Par conséquent, nous avons immédiatement joint les autorités responsables au ministère et à la RAMQ pour les mettre au fait des problèmes qui se posaient, autant pour les médecins que pour les citoyens. Certains correctifs ont été apportés rapidement, et d’autres sont sûrement encore à venir. De toute évidence, le lancement du guichet unique a été un peu précipité pour des rai­sons politiques. Une courte période d’essai supplémentaire aurait ainsi été de mise. Cela aurait été bénéfique pour les patients, les médecins et le gouvernement. Mais enfin, on ne peut pas contrôler les initiatives gouvernementales et empêcher l’improvisation qui y est malheureusement trop souvent associée. Nous pouvons par contre être proactifs, et la FMOQ entend l’être dans ce dossier pour que les irritants disparaissent un à un et que le progrès en soit vraiment un au bout du compte.

La mise en œuvre d’un outil uniformisé comme le GAMF est donc en soit une bonne nouvelle, potentiellement autant pour les médecins que pour les citoyens. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que deux conditions incontournables devront être respectées pour que cette initiative ait l’apport positif escompté. Premièrement, l’outil technologique devra être fiable et devra tenir ses promesses. Ensuite, il devra obligatoirement offrir le maintien d’une certaine flexibilité de manière à respecter le caractère particulier de certains types de pratique de nombreux médecins de famille, comme la pédiatrie, les soins à domicile ou la santé mentale. À ce titre, le coordonnateur local devra impérativement, comme cela est d’ailleurs prévu, avoir la marge de manœuvre nécessaire pour prévoir les arrangements requis avec les médecins concernés. C’est essentiel et dans l’intérêt de tous. Il suf­fit en fin de compte que le gouvernement fasse preuve de seulement un peu de gros bon sens et de bonne volonté pour qu’on avance dans le bon sens.

Le 20 avril 2016

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Le président, Dr Louis Godin