Éditorial

Responsabilité partagée

Louis Godin  |  2016-08-25

Depuis quelques années au Québec, Dieu seul sait comment, la profession médicale s’est re­trouvée responsable de tous les maux du système de santé à lire les médias.

Évidemment, au-delà du spectacle associé à ce genre de discours, les observateurs avertis savent très bien que la réa­li­té est plus complexe et que les mé­decins québécois, au contraire, sont profondément engagés dans la voie de l’amélioration de l’accès aux soins. Informatisation, accès adapté, heures de travail supplémentaires, changement de pratique, prise en charge de nouveaux patients : les médecins de famille de tout le Québec tentent de plus en plus, par une panoplie de moyens, de répondre rapidement aux besoins de leurs patients. Et ils sont fiers d’y arriver et d’améliorer leur offre de services, bien souvent d’ailleurs malgré le peu de soutien qu’ils reçoivent. Pour eux, il en va de leur responsabilité sociale.

Cela dit, on a tendance à oublier que les médecins ne sont pas les seuls responsables de l’accessi­bilité. Dans un contexte où la demande de soins dépasse pratiquement toujours l’offre, les pa­tients ont aussi une responsabilité : celle de se présenter à leur rendez-vous ou à tout le moins de prévenir lorsqu’ils sont dans l’incapacité de le faire afin de permettre à un autre patient de bénéficier de la plage horaire prévue. Pourquoi rappeler ce fait ? Parce que tout laisse croire, selon les informations recueillies sur le terrain, que le nombre de personnes qui ne se présentent pas à leur rendez-vous et qui n’avisent pas au préalable, communément appelées « no show », connaît une hausse inquiétante depuis un certain temps. Nous sommes fortement préoccupés par ce phénomène, qui est effectivement de plus en plus signalé par nos membres et qui semble s’être accentué, selon plusieurs, depuis l’arrivée du nouveau guichet d’accès centralisé (GAMF).

Voilà pourquoi la FMOQ travaille actuellement à la création d’un court sondage, qu’elle entend mener auprès de ses membres à l’automne, dans le but de mieux documenter les situations où les patients ne se pointent pas à leur rendez-vous et ne téléphonent pas pour avertir. Nous souhaitons recueillir des données objectives afin de trouver des pistes de solution pour diminuer le nombre de ces situations regrettables et pour mettre en place des mécanismes qui permettront de tenir compte de ce problème quand viendra le temps d’évaluer l’accessibilité et la productivité des médecins de famille. D’ailleurs, le Bureau de la Fédération entend déposer une demande en bonne et due forme aux autorités gouvernementales pour la création d’un code d’acte spécifique pour les patients qui ne se présentent pas à leur rendez-vous et qui ne donnent pas de préavis. L’objectif ici, comme pour les données qui seront recueillies avec le sondage, n’est pas d’être rémunéré pour les pertes subies, mais simplement d’obtenir un portrait clair de la situation afin que l’ensemble des Québécois puissent collectivement bénéficier de l’offre de soins accrue des médecins de famille. Ce n’est dans l’intérêt de personne de voir des médecins perdre leur temps à attendre des patients qui ne viennent pas, alors que tant d’autres pourraient bénéficier de la plage horaire libérée.//

Le 17 août 2016

 

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Le président, Dr Louis Godin