Entrevues

Entrevue avec le Dr Jacques Bergeron, président de l’association de Yamaska

Améliorer plus activement l’image des médecins de famille

Emmanuèle Garnier  |  2017-08-28

Président de l’Association des médecins omnipraticiens de Yamaska, le Dr Jacques Bergeron préconise différentes mesures pour améliorer l’image des médecins de famille auprès de la population.

M.Q. — Qu’est-il arrivé à l’image des médecins de famille selon vous ?

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J.B. – Si l’on prend un peu de recul, on voit que la valorisation de la médecine familiale a culminé entre 2005 et 2010. Différentes mesures avaient alors permis de faire reconnaître l’importance de cette spécialité. Cela a suscité un engouement pour un service que l’on avait, jusqu’à récemment, de la difficulté à donner. La population a ressenti une espèce de discordance entre l’offre et la demande. Au fil des années, une certaine insatisfaction est ainsi apparue. À plusieurs reprises dans les campagnes électorales, nous avons été le ballon de football de la joute politique. Les médias en ont également ajouté, de sorte que l’image des médecins de famille s’est détériorée dans l’opinion publique.
On s’est souvent retrouvé, au cours des dernières années, à affronter des frustrations, des commentaires désobligeants et des situations difficiles qui étaient médiatisées. Jusqu’à maintenant, notre attitude était plutôt de réagir aux critiques. Je pense cependant que pour améliorer notre image nous devons être davantage dans l’action. On doit créer la nouvelle. Je crois qu’en faisant connaître les actions posées par les médecins de famille dans leur travail et en dehors de leur travail, on contribuera à améliorer notre image et à atténuer les critiques. Comme médecin de famille, on n’a pas l’habitude de valoriser nos bons coups. On fait notre travail du mieux que l’on peut, mais on n’est pas proactif.

M.Q. — Que faudrait-il faire concrètement ?

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J.B. – ;Les associations affiliées à la FMOQ ont été incitées à s’adjoindre des conseillers en communication. Je pense que ces experts nous permettront d’être plus visibles et de mieux diffuser les bons coups qui se passent sur notre territoire. Il y a, par exemple, l’association entre les médecins de famille et le Grand Défi Pierre Lavoie ainsi que les grandes marches de l’automne. L’année dernière, on a eu une Grande Marche sur notre territoire et, cette année, le 21 octobre, on va encore en avoir une à Granby, mais également une à Saint-Hyacinthe.

M.Q. — Avez-vous d’autres exemples de bonnes nouvelles qui pourraient être diffusées ?

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J.B. – On pourrait aussi faire connaître les actions de certains médecins qui, par exemple, recueillent des fonds pour la fondation d’un hôpital en montant le Kilimandjaro. On pourrait aussi diffuser des initiatives quelques fois connues localement, mais qui mériteraient de l’être régionalement. Cela peut être simplement l’ouverture d’une nouvelle clinique, la rénovation d’un cabinet, la création du site Web d’une clinique, des moyens d’améliorer le service à la clientèle. On pourrait également faire connaître certaines formations que les médecins suivent ou se donnent collectivement. La population saurait ainsi qu’ils sont dans l’action et la mobilisation.

M.Q. — Pouvez-vous me donner un exemple ?

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J.B. – Notre association a tenu une journée de formation sur l’accès adapté à laquelle plus d’une centaine de personnes ont participé : des médecins, des infirmières et des adjointes administratives. On avait préparé rapidement un communiqué de presse, avec l’aide du service des communications de la FMOQ. Il a été envoyé aux médias locaux, mais c’était un peu à la dernière minute. Un seul journaliste d’un hebdo est venu. Toutefois, si on s’y était pris un peu plus tôt, on aurait pu faire plus de publicité autour de l’événement. C’est une bonne nouvelle : les médecins suivent une formation en accès adapté pour être plus accessibles et pour mieux servir la population.

M.Q. — Vous comptez sur votre nouvelle conseillère en communication pour avoir des relations plus efficaces avec les médias ?

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J.B. – Oui. Nous commençons à collaborer avec elle. C’est une personne qui a surtout travaillé dans le domaine de la radio et a maintenant une entreprise de communication. Son mandat est d’améliorer les communications de l’association avec ses membres, les médias, la population et les élus, surtout pro­vinciaux. Dans les prochaines semaines, nous allons préciser nos objectifs et prévoir des communications plus fréquentes avec les membres, des rencontres avec les élus provinciaux et des communiqués de presse lors d’événements que nous voulons médiatiser parce que des membres de l’association y participent.

M.Q. — Votre conseillère va vous aider, par exemple, pour les grandes marches du Grand Défi Pierre Lavoie ?

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J.B. – Oui. Ici, à Granby, un médecin du bureau de notre association, la Dre Élizabeth Dougherty, fait partie du comité organisateur local de la marche. La conseillère va sûrement se joindre à ce comité pour l’aider à faire la promotion de l’événement.
La publicité va beaucoup passer par les cabinets des médecins. L’année dernière, 400 ou 500 personnes étaient venues à notre marche, malgré des conditions météo absolument affreuses et le fait que l’on n’avait fait de la publicité que trois semaines avant l’événement. Cette fois, on va s’y prendre plus tôt et inciter nos membres à promouvoir cette activité baptisée « Venez marcher avec votre médecin ».

M.Q. — Vous-même avez participé en juin au 1000 km à vélo du Grand Défi Pierre Lavoie.

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J.B. – C’est ma troisième expérience comme conducteur d’un des motorisés qui accompagnent les médecins cyclistes de la FMOQ. Ce 1000 km à vélo vise notamment à récolter des fonds pour des écoles. L’argent permet d’encourager les saines habitudes de vie, d’améliorer l’équipement sportif et de créer des projets stimulants.

M.Q. — Quelle visibilité est-ce que cela donne aux médecins ?

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J.B. – Je pense que d’être associé au Grand défi permet de profiter d’une tribune médiatique nationale pour agir plus efficacement auprès de nos patients. Cela vient renforcer nos messages sur la prévention et la promotion des saines habitudes de vie, dont la pratique de l’activité physique. Cette collaboration avec le Grand Défi est une vitrine pour les médecins de famille.

M.Q. — L’un des facteurs qui joueront sur l’image des omnipraticiens sera leur capacité d’inscrire ou non 85 % de la population.

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J.B. – Les médecins de famille font beaucoup d’efforts pour atteindre cet objectif. Ceux de notre association avaient inscrit 82,3 % de la population du territoire le 15 mai dernier. Pour atteindre l’objectif de 85 %, il faudra prendre en charge moins de 10 000 patients d’ici le 31 décembre, ce qui représente 36 patients supplémentaires par médecin. Actuellement, on inscrit à une cadence d’environ 2000 patients par mois. Si la tendance se maintient, nous devrions atteindre le taux visé en octobre.
C’est sûr qu’une fois l’objectif atteint, les efforts d’inscription ne s’arrêteront pas là. Il faut être conscient que certaines associations ne réussiront pas à atteindre la cible. Il faut donc que d’autres dépassent le taux de 85 %.

M.Q. — Quelle est l’attitude des médecins devant cette tâche ?

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J.B. – Les médecins se focalisent sur le travail à faire. Ils sont motivés et concentrés sur l’action. On essaie d’éviter les distractions.
Si on arrive à atteindre notre objectif de 85 % d’inscription, peut-être que certains seront très fatigués après le 31 décembre. Mais pour l’instant, c’est pratiquement comme un stress de guerre. Il faut que chacun tienne le coup et apporte sa contribution.