Éditorial

Pour un réseau plus humain et collaboratif

Crise dans les CHSLD

Marc-André Amyot  |  2023-06-21

 

Plusieurs ont été surpris lorsque la FMOQ et le DRMG de Montréal ont sonné l’alarme au printemps. D’ici la mi-juillet, dans la métropole seulement, plus de 1000 personnes hébergées en CHSLD risquent de ne pas avoir accès à un suivi médical personnalisé. Pourtant, avec la pénurie grave de médecins de famille, le manque de valorisation de la pratique, le vieillissement de la population et des besoins qui ne cessent de croître, cette situation était plutôt prévisible. Encore une fois, un manque de planification, une certaine incompréhension des enjeux et une limitation de la capacité d’agir au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) sont ressortis. Quant aux médecins de famille, ils ont rapidement fait équipe avec les parties prenantes et assumé un leadership fort pour le mieux-être des aînés.

La Fédération a ainsi fait alliance avec le DRMG, le Collège des médecins et le MSSS au sein d’une cellule de crise. D’ailleurs, le travail de collaboration porte déjà des fruits. Une dizaine de volontaires se sont manifestés, et les efforts se poursuivent, puisque des besoins restent encore à combler. Nous sommes résolument en mode solution : mesures incitatives, assouplissement des PREM, médecins retraités, médecins « non participants », etc. De plus, les gériatres et les IPSPL ont aussi été sollicités, car si les médecins de famille font partie de la solution, ils ne sont pas l’unique solution. Et surtout, ils ne sont pas les responsables de cette situation critique.

Parallèlement, il y a le titanesque projet de loi no 15 visant à rendre le système plus efficace qui est à l’étude à l’Assemblée nationale. Dans l’éditorial du mois de juin, en citant en exemple la mobilisation à l’hôpital de Lachine, nous avions proposé de conserver « un équilibre sain dans la cogestion clinico-administrative auprès des établissements ». La question se pose à nouveau avec cette crise majeure en CHSLD. Devrait-on retirer complètement le volet clinique de la prise de décision, tel que le prévoit le projet de loi, ou conserver un équilibre ? Nous avons des raisons sérieuses de craindre une approche purement administrative.

Au-delà du rebrassage des structures, plusieurs véritables besoins en CHSLD et ailleurs dans le système de santé ressortent : bonification des équipes médicales, octroi de ressources supplémentaires et solutions qui collent mieux aux réalités locales. Nous plaidons en faveur d’un réseau plus humain, plus collaboratif et plus agile, dans lequel les médecins et les autres professionnels ont un rôle clé à jouer.

Iniquité et inertie

Toujours ce printemps, la FMOQ a mis de l’avant l’iniquité qui régnait entre les patients dans le processus d’obtention d’une évaluation médicale pour faire homologuer un mandat de protection. Nous dénoncions le fait que les règles différaient selon que la requête était traitée par un médecin spécialiste ou par un médecin de famille. La solution à cette iniquité, pourtant simple et évidente, semblait brouillée par l’inertie liée à la bureaucratie. Encore une fois, nous avons mené la charge avec détermination, rigueur et engagement. Après des échanges constructifs, nous sommes satisfaits de confirmer que l’esprit de collaboration a finalement permis la signature d’une entente avec le gouvernement pour le bien de la population.

Valorisation et attractivité

La crise en CHSLD a aussi mis la lumière le manque d’attractivité de la pratique en soins de longue durée et, de manière plus large, de la médecine familiale. Une rémunération adaptée au milieu de travail et des conditions de pratique améliorées sont nécessaires pour la suite. De plus, nous croyons fermement que les médecins de famille et la relève médicale seront beaucoup plus attirés par l’autonomie, la collaboration et la cogestion que par la pénurie, la rigidité et le manque de considération.

Ayons toujours à cœur le mieux-être de la population et la valorisation de notre profession ! //

 

Le 16 juin 2023

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Le président,
Dr Marc-André Amyot