Éditorial

La mini-révolution tranquille du travail en collaboration interprofessionnelle

Marc-André Amyot  |  2023-08-01

L’avenir de la médecine familiale est à redéfinir partout sur le continent. Surcharge, paperasse, départs massifs à la retraite, manque d’attractivité, vieillissement de la population, complexité : ces enjeux sont présents dans l’ensemble des provinces et des États et vont en s’accentuant. Pourtant, à l’occasion de la dernière rencontre des dirigeants des différentes associations médicales du Canada, j’étais grandement surpris de constater que le travail en collaboration interprofessionnelle semblait en partie moins valorisé dans les autres provinces qu’au Québec. Dans certains cas, une forme de résistance existe même toujours.

Pendant ce temps, cette mini-révolution tranquille au cœur de notre réseau de la santé continue de progresser pour le mieux-être de la population et de notre profession. De cette posture avant-gardiste, nous proposons trois principes directeurs qui guideront nos actions pour la suite : 1. continuer à faire de la médecine familiale la pierre angulaire de ce travail interprofessionnel ; 2. consolider davantage les mécanismes de cogestion de l’organisation des soins auprès des établissements et 3. s’assurer que des investissements substantiels soient faits en première ligne.

Je l’affirme de nouveau : les médecins de famille font partie de la solution, mais ne sont pas l’unique solution. Le travail interprofessionnel collaboratif — et non la substitution ou la pratique en silo — nous semble la voie à prendre devant les défis actuels. En mettant notamment l’accent sur la pertinence dans l’offre de soins, cette approche permet d’optimiser le rôle et l’expertise du médecin de famille au sein d’une équipe soignante complète où les compétences de chacun s’additionnent.

Dans cette optique, les décideurs publics devront faire preuve d’audace et renverser cette tendance à constamment favoriser les soins de deuxième ligne en établissement au détriment des soins de proximité en clinique, en GMF, en CLSC ou en milieu de vie.

Les effets bénéfiques des investissements adéquats en première ligne sur les déterminants de la santé ont été démontrés plus d’une fois. Nous croyons fermement que la FMOQ doit plaider pour de tels engagements financiers, et en souligner toute l’importance. En outre, la Fédération est actuellement en négociation avec le gouvernement du Québec pour le renouvellement de son accord-cadre. Dans le numéro d’avril, j’en appelais à repenser le nouveau mode de rémunération en fonction du modèle d’organisation retenu, et non l’inverse. Tous ces éléments fondamentaux (organisation, investissements, cogestion, collaboration) sont intimement liés.

Dans un texte intitulé « Ordonnance pour les soins primaires », le Collège des médecins de famille du Canada (CMFC) propose d’autres pistes complémentaires pour relever le défi de l’approche collaborative : « investir dans le soutien administratif, offrir une rémunération équitable et à la hauteur de l’expertise unique en matière de prestation de soins complexes, soutenir un champ de pratique complet (polyvalence), utiliser et intégrer les solutions numériques ». Nous appuyons ces proposi­tions et la démarche du CMFC visant à valoriser cette stratégie porteuse d’avenir.

Soins et temps de repos de qualité

Nous le savons, les médecins de famille et les équipes soignantes souhaitent offrir des soins de qualité tout au long de l’année, beau temps, mauvais temps. Néanmoins, il faut également leur permettre de prendre du temps de repos de qualité, notamment à l’occasion de la période estivale, et de trouver un juste équilibre entre travail et vie personnelle.

Enfin, je profite de l’occasion pour souligner encore une fois tous les défis qu’ont relevés les médecins de famille depuis la pandémie, leur rigueur au quotidien et leur engagement envers la population. Vous jouez un rôle vital dans le réseau de la santé et dans vos communautés. Toute l’équipe de la FMOQ et moi-même vous remercions sincèrement et vous rappelons que nous sommes à vos côtés, beau temps, mauvais temps.//

 

Le 17 juillet 2023

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Le président,
Dr Marc-André Amyot