Nouvelles syndicales et professionnelles

Assemblée de l’association de Montréal

Départ du Dr Marc-André Asselin

Emmanuèle Garnier  |  2014-01-10

Au cours de l’assemblée générale annuelle de l’Association de Montréal, le Dr Marc-André Asselin a livré son testament syndical. Il a rappelé les événements marquants des deux dernières décennies et fait ses recommandations pour l’avenir.

Dr Marc andré Asselin

Le 22 novembre dernier, c’était la dernière assemblée générale du Dr Marc-André Asselin comme président de l’Association des médecins omnipraticiens de Montréal (AMOM). Après avoir dirigé l’organisme pendant dix-huit ans et été délégué durant trente-trois ans, le premier vice-président de la FMOQ a annoncé son retrait de la vie syndicale.

Faisant un retour en arrière, le D Asselin a présenté son testament politique. Quand il est devenu président de l’AMOM en 1995-1996, l’Association comptait alors 1571 mem­bres en règle. Aujourd’hui, presque 20 ans plus tard, elle n’en comprend que 93 de plus. « Quand on dit que Montréal n’a pas été favorisée depuis des années par l’ajout de mé­decins, on en a une preuve assez évidente », a souligné le Dr Asselin.

Les effectifs, par ailleurs, vieillissent de manière inquiétante. Les médecins de famille de sexe masculin de Montréal ont en moyenne 57 ans. « C’est énorme ! La moyenne d’âge des omnipraticiens dans l’ensemble du Québec est de 50 ans. Est-ce que cela veut dire que dans cinq ans, à Montréal, presque tous les médecins de famille hommes auront plus de 60 ans ? Il faut se poser des questions. Il faut aussi s’interroger sur le nombre de médecins que la métropole a eus au fil des années. Je vous laisse avec ces questions. Je ne serai pas là pour y répondre. »

Dès son arrivée comme président de l’AMOM, le Dr Asselin a été élu au Bureau de la Fédération. Le Dr Renald Dutil, lui, venait d’être choisi comme président de la FMOQ. « Une belle surprise nous attendait : une diminution de 6 % de l’enveloppe budgétaire des omnipraticiens à cause du déficit zéro du gouvernement Bouchard. Cela a été tout un début. Mais pire que cela, le gouvernement a ensuite mis à la retraite près de 500 médecins et a fermé neuf hôpitaux à Montréal. » Au cours des années suivantes, l’AMOM a ensuite dû affronter le regroupement des CLSC, qui était formé des directeurs de ces établissements. « Ils croyaient encore que les CLSC allaient être la porte d'entrée du système. Cela a été une bagarre assez virulente. »

Puis sont venues les années 2000 et l’apprivoisement du concept d’inscription de la clientèle. Au début, l’idée même révoltait les médecins. « Tranquillement, l’inscription est entrée dans les mœurs. Je pense après coup que cela a été une bonne chose », a indiqué le Dr Asselin. En 2002, la crise de Shawinigan est survenue : un patient meurt après s’être heurté à une urgence fermée faute d’effectifs médicaux. « À la suite de cet événement, l’obligation de faire des activités médicales particulières est passée de dix à vingt ans. »

En 2007, le Dr Louis Godin a succédé au Dr Dutil. L’épaulant, le Dr Asselin et les autres membres du Bureau ont travaillé avec ardeur à la valorisation de la médecine familiale. « Cela a été l’un des plus beaux dossiers que nous ayons menés. Il a été important pour les omnipraticiens en général. »

Dans les années 2010, la FMOQ s’est attelée au renouvellement de l’entente générale. L’un des principaux enjeux était le rattrapage de la rémunération des omnipraticiens par rapport à celle des spécialistes. L’accord, même s’il n’a pas atteint son but initial, a néanmoins permis aux médecins de famille d’obtenir d’importantes augmentations.

« L’autre rêve que j’avais et que Louis a partagé avec moi, c’était celui de revisiter l’entente de 1976. » Aujourd’hui, la nouvelle nomenclature en établissement est adoptée et de nouveaux modes de rémunération sont en train d’apparaître dans plusieurs milieux de pratique. Et puis il y a le dernier dossier : depuis quelques mois la Fé­dération travaille à l’amélioration de l’accès à la première ligne.

assemblée générale annuelle de l'amom

L’avenir de l’AMOM

Prévoyant, le Dr Asselin avait préparé son départ comme président de l’AMOM. Il a mis sur pied, avec le Bureau de l’Association, des comités chargés de se pencher sur des questions importantes : la participation des médecins anglophones, les attentes des jeunes médecins et les stratégies de communication. « Je voulais que l’Association se questionne et se modernise. » Les trois groupes de travail ont maintenant remis leur rapport et fait leurs recommandations.

50 ans de pratique

Le comité sur les médecins anglo­­pho­nes a envoyé un sondage à 327 om­ni­praticiens de langue anglaise. Le taux de réponse a été élevé : 31 %. « Cela signifie que ces gens-là sont intéressés à participer à la vie syndicale. Il faut aller les chercher », a dit le Dr Asselin.

Les jeunes médecins ont eux aussi reçu un questionnaire de l’AMOM. Quinze pour cent d’entre eux ont ré­pondu. « Je pense qu’on va être capable de bâtir quelque chose grâce à leurs réponses. »

L’Association va aussi s’intéresser davantage aux nouveaux moyens de communication. « On a eu beaucoup de suggestions, a indiqué le président sortant de l’AMOM. Les jeunes attendent juste qu’on soit sur le Web de façon active. Je pense que le fait d’avoir une jeune équipe va nous aider pour ce genre d’activité. »

Mais il y a aussi d’autres problèmes sur lesquels l’AMOM doit se pencher. L’un d’eux est le recrutement. « On n’a pas eu suffisamment de nouveaux médecins pour nous aider, surtout en première ligne, par rapport à l’importance de notre population. Il y a, à Montréal, dix-sept établissements de soins de courte durée, quarante de soins de longue durée et vingt-neuf centres de santé et de services sociaux. C’est sûr que les médecins qui arrivent sont pris par ces établissements. Il n’en reste plus ensuite pour faire le travail en première ligne. » Heureusement, avec l’augmentation des nouvelles cohortes d’omnipraticiens, les renforts deviennent quand même plus importants.

Officiellement, le Dr Asselin a quitté son poste de président de l’AMOM le 14 novembre dernier. Le Dr Michel Vachon, vice-président, lui a alors automatiquement succédé, puisque les prochaines élections n’auront lieu qu’en 2014. « C’est un honneur pour moi d’être à la tête d’une association comme la nôtre », a indiqué le nouveau président à ses membres. Il a annoncé qu’il continuerait dans la même ligne que son prédécesseur. « Je peux vous assurer que je vais tout mettre en œuvre afin de poursuivre la défense des médecins de Montréal. Nous allons, par ailleurs, mettre en application les recommandations des comités dont le Dr Asselin vous a parlé. » //

témoignage du Dr Renald dutil