Éditorial

Le passage de 2014 à 2015

Dr Louis Godin  |  2014-11-24

L’année 2014 aura incontestablement été une année tumultueuse et aux multiples bouleversements sur le plan politique au Québec. Évidemment, ces bouleversements ont eu une incidence directe sur le quotidien de nombreux acteurs du réseau de la santé, au premier chef les membres de la profession médicale qui ont vu le gouvernement du Québec renier sa signature en décidant de manière unilatérale de ne pas leur verser les augmentations prévues dans les ententes générales en vigueur signées par les parties en 2012. Les négociations ardues qui ont suivi pour arriver à un nouvel étalement des hausses dues aux médecins furent loin d’être faciles. La façon de faire du gouvernement dans ce dossier risque d’avoir altéré, du moins en partie, le lien de confiance pourtant nécessaire entre le corps médical et le gouvernement.

Malheureusement, rien n’indique que la méthode utilisée par le gouvernement dans le dossier de l’éta­lement, qui consiste à vouloir initialement tout dé­ci­der unilatéralement des bureaux du ministre de la Santé et des Services sociaux à Québec, soit un incident de parcours. En effet, le même dirigisme a été à la base de la conception du projet de loi  no 10, qui vise non seulement à abolir les agences régionales de la santé (ce avec quoi nous sommes d’accord), mais aussi à centraliser dans des mégaétablissements des décisions qui peuvent être très bien prises de façon plus efficace localement. D’ailleurs, l’opposition à ce projet de loi est pratiquement unanime. En fait, le ministre Barrette, qui prétend encore une fois être le seul à avoir raison, semble en être l’unique partisan. L’objectif initial d’abolir une structure administrative étant pourtant louable, espérons que le gouvernement tentera de se faire rassembleur et d’être à l’écoute. Espérons qu’il amendera son projet de loi no 10 afin d’éliminer les articles contestés de toutes parts. Autrement, ces derniers mè­ne­ront inévitablement à des dérives centralisatrices qui n’amélioreront en rien les soins aux patients, au contraire. Cela enverrait un signal positif aux travailleurs et aux professionnels du réseau de la santé à l’aube d’une année 2015 qui pourrait elle aussi être marquée par des bouleversements essentiellement négatifs puisque différentes menaces planent toujours et que le gouvernement québécois semble avoir un penchant naturel pour les mauvaises façons de faire.

Le dossier qui pourrait mener le gouvernement vers des choix déplorables en 2015 est évidem­ment celui de l’accessibilité. Pour la FMOQ, ce dossier est prioritaire depuis longtemps. En effet, la FMOQ rendait public, il y a maintenant déjà plus d’un an, un rapport étoffé contenant des re­commandations précises et détaillées afin d’améliorer l’accès aux soins de première ligne. Toutefois, force est de constater que, pour la machine gouvernementale, cette priorité a tardé à en devenir une, car nos recom­mandations, ambitieuses et pourtant endossées par les médecins, sont demeurées lettre morte à ce jour. Cela dit, si le gouvernement se cherche des alliés pour favoriser l’accès aux soins, il pourra compter en 2015 sur les médecins de famille. Nous sommes conscients des attentes légitimes de nos concitoyens à cet égard et nous sommes prêts à examiner toute solution porteuse pour que nos membres soient encore plus accessibles, pour autant que le gouvernement ne sombre pas dans des dérives coercitives imposant des conditions de pratique immorales et contre-productives à la profession médicale. De telles approches ont été tentées dans le passé et se sont soldées par des échecs. Espérons donc que le gouvernement choisira la voie plus prometteuse de la collaboration plutôt que celle de la coercition. Ce serait dans l’intérêt de tous ! Si c’est le cas, nul doute que les médecins de famille répondront présents. //

Le 17 novembre 2014

 

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Le président, Dr Louis Godin