Service des urgences. Minuit. Un patient en détresse arrive. Il dit s’être fait voler ses narcotiques et en avoir besoin rapidement. Il est cependant connu de l’équipe médicale. Le mois dernier, c’était son ordonnance qu’il avait perdue. À cette heure de la nuit, il est impossible d’effectuer de vérifications auprès de son pharmacien ou de son médecin. Que faire ?
La Dre Chantal Bédard, qui pratique aux urgences d’hôpitaux de Québec et de Sherbrooke, n’aime pas qu’un patient ait à subir un sevrage. Mais elle veut aussi prévenir les abus. Elle procède donc d’une manière très simple. « Je prescris le médicament de façon que le patient aille le chercher tous les jours à la pharmacie jusqu’à ce qu’il revoie son médecin. Ainsi, la personne n’obtiendra pas vingt comprimés à la fois. » Au matin, elle essaie ensuite de joindre le médecin ou le pharmacien de cette dernière. Le patient n’est pas forcément heureux de cette solution, mais comprend généralement. « Je n’ai jamais eu de crise de colère », indique l’omnipraticienne. C’est en côtoyant une collègue qui pratiquait la médecine de rue que la Dre Bédard a appris cette façon de procéder.