Nouvelles syndicales et professionnelles

Unités de médecine familiale

Comment séduire les étudiants en médecine ?

Emmanuèle Garnier  |  2014-06-30

L’Université de Sherbrooke a commandé une étude à un consultant en marketing pour déterminer quels facteurs influencent les étudiants en médecine dans le choix d’une unité de médecine familiale.

Qu’est-ce qui séduit les futurs cliniciens dans la médecine familiale ? D’abord, les diverses possibilités de carrière qu’elle offre. Cet avantage semble plaire à 88 % des 336 résidents et étudiants interrogés à ce sujet dans un sondage électronique fait pour l’Université de Sherbrooke.

Beaucoup de répondants apprécient également la flexibilité des horaires en omnipratique (76 %), la possibilité de faire évoluer sa carrière selon les périodes de sa vie (75 %), la durée de la résidence (61 %), la possibilité de pratiquer aux urgences (57 %) et la variété des cas (54 %) (figure).

La médecine générale a cependant des aspects plus ennuyeux. La quantité de papiers à remplir, par exemple, rebutaient 55 % des 479 résidents ou étudiants qui ont répondu à cette question. De plus, près de la moitié n’étaient pas attirés par le traitement de problèmes bénins. Plusieurs voyaient comme un inconvénient les salaires moins élevés (39 %), la quantité de travail administratif (38 %) et le manque de valorisation de ce domaine (36 %).

Mais qu’offrent de plus les autres spécialités ? Au sein du sous-groupe de 191 résidents en médecine spécialisée, 84 % ont indiqué qu’ils voulaient maîtriser un domaine médical précis, 52 % appréciaient la possibilité de traiter des cas graves, 38 % de travailler dans un milieu universitaire et 37 % d’avoir un salaire plus élevé.

Ce sondage, qui a été réalisé en novembre 2013 à l’aide de la plateforme SurveyMonkey.com, a été rempli par 479 étudiants en médecine ou résidents. Il fait partie d’une étude commandée par l’Université de Sherbrooke pour déterminer les facteurs qui influencent le choix d’une UMF rattachée à sa faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS). Le rapport, rédigé par un consultant en marketing, M. Gabriel Jetté, comprend, outre cette enquête électronique, les résultats d’entretiens avec vingt-six résidents ou étudiants en médecine, diverses analyses et des recommandations.

La popularité de la médecine familiale

Le ministère de la Santé et des Services sociaux veut miser sur la médecine familiale. Son objectif en 2017 ? Un ratio de 55 % de résidents en médecine familiale. Pour y parvenir, l’Université de Sherbrooke doit donc procéder à un changement de cap. En 2013-2014, elle n’a réussi à pourvoir que 81 % des postes en médecine familiale qui lui ont été accordés dans le cadre du Service canadien de jumelage des résidents. C’est la deuxième année de suite qu’elle obtient de tels résultats.

En ce moment, toutefois, la médecine familiale semble avoir la cote. Le sondage révèle d’ailleurs que dans le sous-groupe des 212 étudiants en médecine, 76 % considéraient ce domaine comme un choix de carrière possible. Et parmi les 191 résidents qui se sont dirigés vers une autre spécialité, 51 % ont néanmoins envisagé d’aller en omnipratique.

L’Université de Sherbrooke doit donc miser sur la nouvelle popularité de la médecine familiale (MF). « La FMSS devrait continuer à promouvoir le principe des ‘’choix’’ offerts aux médecins de famille. En effet, les nombreuses possibilités de carrières ainsi que le fait de pouvoir réorienter sa carrière sont deux des points les plus appréciés de la MF. De plus, un autre élément apprécié est que cette pratique permet d’avoir des horaires plus flexibles, donc une meilleure qualité de vie en quelque sorte », indique le rapport. La prochaine campagne de communication de l’Université de Sherbrooke devrait donc faire valoir ces atouts.

Plan d’action

Comment rendre une unité de médecine familiale plus attirante pour les étudiants ? Cette année, cinq des huit UMF de l’Université de Sherbrooke n’ont pas totalement pourvu leurs places en omnipratique.

Selon le sondage électronique, plusieurs facteurs influent sur le choix d’une UMF : la proximité de la famille (61 %) et celle du conjoint (57 %), l’ambiance de travail (55 %) ainsi que la variété des cas (53 %), ont indiqué les 76 répondants qui se sont prononcés sur cette question.

Au cours des entretiens préalables, vingt et un résidents et étudiants ont proposé des activités pour promouvoir une UMF : surtout offrir aux étudiants la possibilité de visiter les lieux, mais aussi organiser une rencontre avec des résidents de l’unité. Plusieurs recommandaient aussi la participation à la foire aux programmes, un événement où des représentants des différentes spécialités rencontrent les étudiants.

Pour permettre aux étudiants de visiter plus facilement les UMF, le rapport conseille à l’Université de Sherbrooke d’accorder aux futurs médecins des après-midi de congé et d’offrir aux UMF éloignées un budget pour inviter les candidats à venir gratuitement.

La création d’une plateforme Web pourrait par ailleurs servir à mieux mettre en valeur les UMF et leur région. Le microsite pourrait comporter un tableau comparatif présentant les caractéristiques intéressantes de chacune des unités : présence d’un dossier informatique, cursus particulier, etc. Des témoignages de résidents pourraient aussi y être ajoutés.

Même si l’externat est l’étape déterminante dans le choix d’une spécialité, l’Université de Sherbrooke devrait également organiser des rencontres pour les étudiants avec des résidents et des omnipraticiens. « En suivant les recommandations proposées, à la lumière des résultats, la FMSS met les chances de son côté pour réussir à combler tous ses postes en MF », indique le rapport.  //

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