Éditorial

Au tour du gouvernement d’honorer ses engagements

Dr Louis Godin  |  2015-11-23

Le triste débat ayant trait à l’abject projet de loi no 20 a connu sa conclusion parlementaire lorsque ce projet de loi a été adopté le 10 novembre par 63 voix contre 48. Une fin malheureuse évidemment, mais qui ne peut nous surprendre en raison du caractère ultrapartisan de nos institutions démocratiques, qui se substitue à tout jugement individuel sensé. Dans ce contexte, voir tous les élus libéraux voter comme des robots pour un projet au contenu digne de l’empire soviétique et tous les députés de l’opposition voter contre (non sans avoir aussi, de manière souvent grossière, cassé du sucre sur le dos de la profession médicale) allait pratiquement de soi.

Toutefois, en raison de l’entente FMOQ-MSSS sur les solutions proposées par la FMOQ au projet de loi no 20, conclue en mai dernier, qui prévoit la suspension de toutes les mesures s’appliquant aux médecins de famille et une abrogation définitive de celles-ci en 2018 sous réserve de l’atteinte de certains taux collectifs d’inscription et d’assiduité, la partie est loin d’être terminée. Oui, les médecins de famille, comme leurs collègues spécialistes d’ailleurs, ont collectivement des objectifs à atteindre. Cependant, le gouvernement, de son côté, doit impérativement honorer ses engagements qui sont écrits noir sur blanc dans l’entente de mai. On parle, entre autres, d’engagements incontournables, comme le déploiement par le MSSS de tous les efforts nécessaires pour que l’environnement des médecins favorise l’inscription et le suivi des clientèles (peu importe le milieu de pratique), l’élimination progressive des activités médicales particulières (AMP), l’amélioration du soutien technique et administratif en CLSC et en UMF, l’accès facilité à un dossier médical électronique, un meilleur accès aux consultations spécialisées et aux plateaux techniques, un engagement pertinent des autres spécialités dans les établissements de santé, une révision de certaines modalités touchant le travail interprofessionnel (ex. : révision de la notion du « lui-même ») et la simplification des demandes administratives.

Les médecins de famille se sont non seulement déjà engagés par écrit, mais ont également posé des gestes concrets en prenant en charge plus de 163 000 Québécois supplémentaires depuis mai et en faisant passer le taux provincial d’inscription de 68 % à 70,1 % durant la même période. Il revient maintenant au gouvernement québécois de respecter concrètement ses engagements. L’État a une obligation de résultat envers les médecins de famille et leurs patients. Au cours de la dernière année, certains élus à Québec ont prouvé avec éloquence, et malheureusement aussi avec beaucoup de cynisme, qu’ils avaient un talent incontestable pour accuser, manipuler et diviser. Il est désormais temps pour eux de montrer qu’ils ont également un quelconque talent pour livrer la marchandise et respecter leurs engagements. Des mesures commencent à être mises en place, mais il reste encore beaucoup à faire. Le gouvernement ne peut plus s’en laver les mains et nier sa responsabilité : il doit être à la hauteur des promesses qu’il a faites et des espoirs qu’il a créés sur le plan de l’accès aux soins de première ligne. Comment ? Simplement en donnant enfin aux médecins de famille des outils et un environnement de pratique adéquats pour qu’ils puissent prodiguer les soins appropriés à leurs concitoyens, au bon endroit et au bon moment. Les médecins de famille honorent leurs engagements et vont continuer à le faire. C’est maintenant au tour du gouvernement de faire de même.

Le 17 novembre 2015

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Le président, Dr Louis Godin