Améliorer l’accès à la première ligne
La FMOQ propose plusieurs solutions pour accroître l’accès à la première ligne. Le Dr Louis Godin, président de la FMOQ, donne davantage de détails sur les mesures proposées et les efforts demandés aux omnipraticiens.
M.Q. — La Fédération et les omnipraticiens doivent améliorer rapidement l’accès des patients aux soins de première ligne. Est-ce une course contre la montre ? |
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L.G. – Il est clair qu’il faut des résultats à court terme. Toutes les propositions du plan que nous présentons peuvent être réalisées en 24 à 30 mois. Elles devraient entre autres nous permettre d’atteindre un taux d’inscription autour de 80 %, ce qui est considéré comme un taux optimal. |
M.Q. — Quand commencera-t-on à voir cette nouvelle hausse du taux d’inscription ? |
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L.G. – Cela va se faire progressivement. On va y arriver de trois façons. Premièrement, il y aura l’ajout net de nouveaux médecins qui vont être incités à prendre en charge des patients. Deuxièmement, on veut encourager les médecins qui font de la prise en charge à avoir un nombre minimal de 500 patients pour bénéficier des conditions liées à la nouvelle nomenclature en cabinet. Troisièmement, on compte sur l’engagement de l’ensemble des médecins à prendre un peu plus de patients de façon volontaire grâce à la réorganisation de leur pratique. Les personnes qu’il reste à inscrire sont, par ailleurs, surtout des hommes de 10 à 35 ans en bonne santé. Les patients vulnérables et les gens de 60 ans et plus ont déjà presque tous un médecin de famille. Le taux d’inscription semble être un enjeu important pour le gouvernement, mais pour nous l’accès à un médecin de famille ou à son médecin de famille est plus important encore. |
M.Q. — Que proposez-vous pour faciliter l’accès à un omnipraticien ? |
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L.G. – Actuellement, les remarques de la population concernant l’accessibilité sont de deux types : 1) la difficulté de voir son médecin pour ceux qui en ont un et 2) la difficulté de voir un médecin – soit parce que le leur n’est pas disponible, soit parce qu’ils n’en ont pas – ailleurs qu’à l’urgence quand ils ont un problème de santé aigu. Une des solutions pour améliorer l’accès des patients à leur médecin, c’est que ce dernier change l’organisation de sa pratique pour voir plus rapidement ses patients. Une des façons d’y parvenir est l’Accès adapté. De plus en plus de médecins adoptent cette méthode. Au cours des prochains mois, nous allons donc encourager et aider nos médecins à instaurer cette nouvelle façon de faire. C’est sûr que certains médecins préféreront une formule différente. Libre à eux d’en utiliser une autre. Nous, ce que l’on veut, c’est qu’un patient puisse être vu rapidement par son médecin, peut-être en 24 à 72 heures, quand c’est nécessaire. Quand beaucoup de médecins recourent à l’Accès adapté dans une région, on s’aperçoit que le nombre de visites dans les services de consultation sans rendez-vous et les urgences diminue. |
M.Q. — Et que suggérez-vous pour les patients qui n’ont pas de médecin de famille ? |
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L.G. – Nous suggérons la création de supercliniques, d’unités d’accès populationnel (UAP) ou de GMF clinique-réseau, selon le nom qu’on veut leur donner. C’est la base du plan d’accessibilité que nous avons proposé il y a quinze mois. Les gens nous disent : « C’est la fin de semaine, les enfants ont un problème aigu et je suis incapable de voir un médecin ou mon médecin. J’ai besoin d’un endroit où aller pour ne pas me rendre à l’urgence ». C’est ce problème qu’il faut régler. La Fédération ne peut mettre en place son plan d’accessibilité toute seule. Mais le ministère ne peut pas le faire seul lui non plus. Il a absolument besoin de la collaboration des médecins. Nous travaillons là-dessus depuis plus de deux ans. Nous avons déjà repéré les endroits où l’on devrait installer les unités d’accès qui vont, pour la plupart, être créées au sein de groupes de médecine de famille existants. Nous voudrions commencer le plus rapidement possible. |
M.Q. — Vous avez besoin d’une centaine UAP ? |
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L.G. – Oui, mais il existe actuellement une cinquantaine de cliniques-réseau qui, dans les faits, sont ou deviendront des UAP après quelques légers ajustements. Il y aurait donc une cinquantaine de cliniques à ouvrir un peu partout au Québec, surtout dans les centres de plus de 50 000 habitants. Ce sera donc principalement en Montérégie, dans Laurentides-Lanaudière, à Laval, à Trois-Rivières et dans certains sous-territoires de Montréal. |
M.Q. — Quelle a été la réaction des médecins à ce plan ? |
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L.G. – L’accueil a été très favorable. Les médecins appuient notre plan. Ils sont conscients qu’on doit améliorer les choses à court terme. Ils sont prêts à réorganiser leur pratique pour y arriver, d’autant plus que l’approche du ministère est inacceptable. Les médecins disent qu’ils sont capables de faire de l’Accès adapté, d’être disponibles pour ouvrir des supercliniques, de modifier leur pratique, de prendre des patients supplémentaires. |
M.Q. — Les médecins en cabinet ne sont-ils pas plus sollicités que les autres ? |
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L.G. – On demande le même effort à tous les médecins selon leurs champs d’activité et en fonction de leurs compétences. Le médecin qui travaille à l’urgence pourra aller exercer dans une UAP, parce qu’on y aura besoin d’effectifs médicaux. Cependant, c’est sûr qu’on ne peut pas demander à un médecin qui travaille depuis 20 ans exclusivement en deuxième ligne d’aller demain matin travailler en première ligne. Ce dernier pratique souvent avec d’autres médecins qui, eux, ont des activités de prise en charge. Il pourra peut-être les libérer un peu pour qu’ils puissent suivre plus des patients. |
M.Q. — Donc, certains médecins devront soutenir leurs collègues qui devront travailler davantage en première ligne ? |
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L.G. – Ils ne « devront » pas, ils « pourront » le faire. Ce n’est pas une obligation. C’est vraiment un engagement collectif des médecins. On veut se sortir de l’obligation. On est dans une approche de collaboration, de volontariat et d’incitation. Ce que l’on dit, c’est qu’on est capable d’améliorer les choses. Réalisons le plan. Reprenons le leadership de l’organisation de la médecine familiale. Faisons-le tous ensemble pour ne pas se retrouver dans une situation où l’on va nous imposer des solutions qui ne fonctionneront pas. |
M.Q. — Quel sera le rôle du département régional de médecine générale (DRMG) ? |
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L.G. – Il permettra de tenir compte des caractéristiques locales du milieu médical. Dans les régions périphériques, la situation n’est pas la même que dans les centres urbains. Le taux d’inscription y est plus élevé, mais la présence des omnipraticiens dans les établissements est plus nécessaire et plus fragile. Le DMRG va donc déterminer jusqu’où il doit aller dans la gestion des AMP liées au cabinet. Dans les milieux urbains, le DRMG va jouer un rôle, en collaboration avec les tables locales, dans la création des unités d’accès. |
M.Q. — Quelle conclusion tirez-vous de votre tournée ? |
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L.G. – Les médecins nous ont montré qu’ils sont conscients de la situation et qu’ils sont prêts à agir. Je pense que d’ici de 24 à 30 mois nous pouvons mettre en place les différentes mesures que l’on propose. Le message des médecins a été très clair : ils prennent cet engagement. Je pense que nos solutions sont porteuses et nous permettront d’arriver à des résultats que le projet de loi 20 ne permettra pas d’atteindre. |