À la Commission de la santé et des services sociaux, la FMOQ a présenté un plan pour améliorer l’accès à la première ligne. Ses solutions reposent sur une augmentation de l’inscription des patients, de nouvelles AMP en cabinet, l’Accès adapté et les supercliniques.
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Pour offrir une solution de rechange au projet de loi no 20, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a élaboré son propre plan. Une série de propositions auxquelles elle s’engage à travailler et qui visent à améliorer l’accès de la population à un médecin de famille.
Certaines de ces recommandations doivent être négociées avec le gouvernement. La Fédération lui offre d’ailleurs sa collaboration, comme en témoigne le mémoire qu’elle a présenté à la Commission de la santé et des services sociaux, le 19 mars dernier.
L’une des premières mesures à discuter avec l’État est la reconnaissance transitoire d’activités médicales particulières (AMP) en cabinet. Cette proposition pourrait avoir un effet bénéfique sur la relève et inverser la tendance actuelle. En 2013-2014, les activités en cabinet n’ont représenté que 24 % de la facturation des 1500 médecins finissants des cinq dernières années, indique le mémoire. La Fédération suggère même carrément l’abolition des AMP l’équilibre entre la première et de la deuxième ligne sera atteint.
Pour accroître l’accès de la population à un médecin de famille, la Fédération fait aussi appel à ses membres. À leur solidarité. Elle leur propose d’atteindre ensemble deux objectifs : l’inscription de 80 % de la population et une plus grande disponibilité pour les besoins urgents des patients.
La FMOQ préconise l’inscription de 80 % de la population d’ici deux ans. Cette cible semble réaliste, puisqu’en Ontario 78 % des gens sont inscrits. Il resterait donc 1,2 million de personnes à prendre en charge au Québec. La plupart ont entre 10 et 39 ans et n’ont pas de maladie chronique.
La contribution des nouveaux omnipraticiens pourrait être très importante. Ils arriveront nombreux en renfort et, si les activités en cabinet sont considérées comme des AMP, auraient le loisir de faire uniquement de la prise en charge. Ils pourraient donc inscrire un grand nombre de personnes.
Les médecins qui suivent déjà des patients, eux, pourraient en inscrire au moins un nouveau par semaine. C’est ce que leur demande la Fédération. Les omnipraticiens seraient d’ailleurs fortement incités à suivre un nombre minimal de personnes. L’atteinte d’un certain seuil pourrait leur permettre de bénéficier de la majoration de la tarification des actes de la nouvelle nomenclature en cabinet.
Plusieurs éléments aideraient par ailleurs les omnipraticiens à prendre en charge plus de patients, souligne la Fédération dans son mémoire. Notamment le fait de disposer d’un dossier médical électronique, l’accès rapide aux consultations spécialisées et aux plateaux techniques, le travail interdisciplinaire et une plus grande aide des autres spécialistes au sein des hôpitaux.
La Fédération demande à ses membres d’être plus disponibles pour voir rapidement leurs propres patients lorsque ces derniers ont besoin de les rencontrer. L’Accès adapté est une méthode de travail particulièrement efficace pour y parvenir. Plus de 400 omnipraticiens y recourent déjà. « Il est raisonnable d’affirmer que plus de 1000 médecins sont actuellement en transition vers cette méthode de travail », indique le mémoire. La FMOQ apportera à ses membres le soutien nécessaire pour adopter cette formule et continuera à en faire la promotion.
La FMOQ propose de doter la population québécoise d’un filet de sécurité qui lui permettra de consulter un omnipraticien ailleurs qu’à l’urgence si elle n’a pas de médecin de famille ou ne peut voir le sien rapidement. Il s’agira d’un réseau constitué de groupes de médecine de famille-réseau et réseau + dont la Fédération et le gouvernement sont en train de définir le cadre.
Dans son mémoire, la FMOQ dénonce par ailleurs les aspects qu’elle juge inacceptables du projet de loi no 20. Elle reproche entre autres à l’éventuelle loi l’encadrement inflexible qu’elle imposera aux omnipraticiens. « Le cumul de toutes les nouvelles obligations qui devront être effectuées sous peine de sanctions, à la fois en établissement et hors établissement, enfermera totalement les médecins dans un cadre à ce point rigide, qu’il brisera toute autonomie professionnelle », indique le document de la Fédération.
La FMOQ réprouve également l’arbitraire sur lequel repose le projet de loi no 20, les pouvoirs excessifs du ministre, la négation du droit à la négociation et le recours à la coercition.
Les quotas de patients lui semblent particulièrement inadmissibles. « L’imposition d’un nombre minimal de patients, voire d’un volume quotidien minimal, est une menace directe à la qualité des soins. Elle transforme la médecine de famille en médecine à la chaîne », souligne le mémoire. Certains omnipraticiens seront particulièrement pénalisés par les cibles à atteindre : les cliniciens enseignants et les femmes médecins qui, outre leurs congés de maternité, ont des impératifs de conciliation travail-famille.
La FMOQ dénonce également l’attaque particulière dont elle fait l’objet : le projet de loi interdit carrément aux chefs de département régional de médecine générale d’occuper une fonction au sein de la Fédération ou de l’une de ses associations affiliées.
La FMOQ offre, pour finir, sa coopération au ministre de la Santé et des Services sociaux. « La Fédération demande au gouvernement de renoncer à l’abus de pouvoir. Elle exige le retrait du projet de loi no 20. Elle l’invite à s’asseoir avec elle afin de négocier le changement et de choisir de mettre en œuvre des solutions constructives ».