Nouvelles syndicales et professionnelles

Assemblée générale du Bas-Saint-Laurent

opération « Vidons les guichets » en cours

Emmanuèle Garnier  |  2016-10-26

Le 21 septembre dernier, l’Association des médecins omnipraticiens du Bas-Saint-Laurent tenait son assemblée générale à Rivière-du-Loup. Quarante-quatre omnipraticiens de presque toutes les MRC y ont assisté.

AGA BSL

Dans certaines municipalités régionales de comté (MRC) du Bas-Saint-Laurent, le guichet d’accès à un médecin de fa­mille est presque vide. Ainsi, celui des Basques ne comporte plus que dix-huit patients et celui du Témiscouata que 158. Par contre, dans d’autres comme celui de la MRC de Rimouski, il reste encore un peu plus de 4000 personnes à prendre en charge.

Les taux d’inscription sont également très satisfaisants. Ils atteignent déjà 85 % dans l’ensemble du Bas-Saint-Laurent, a annoncé la Dre Josée Bouchard, présidente de l’Association des médecins omnipraticiens du Bas-Saint-Laurent (AMOBSL) au cours de son assemblé générale annuelle. « J’ai dit à mes membres qu’on n’est pas obligé de s’asseoir sur nos lauriers. Si nous faisons monter notre taux à 95 %, cela va améliorer un peu les statistiques provinciales. On est tous pris dans le même bateau. On s’est engagé collectivement. On ne peut pas dire : c’est un problème de grandes villes, qu’elles se débrouillent toutes seules. Nous, nous avons de la chance : nous n’avons pas leur environnement démographique. »

La Dre Bouchard a fait un calcul pour chacune des sept MRC de sa région : le nombre de nouveaux patients que les médecins de chacune devaient inscrire pour vider le guichet de la région d’ici le 31 décembre 2017. Pour certains l’effort est minime. Ainsi, les omnipraticiens de la MRC des Basques n’ont chacun qu’à en prendre un seul (tableau). Ceux de Rimouski et de la Matapédia en ont une cinquantaine à inscrire, soit environ un par semaine. D’autres devraient en moyenne suivre un nouveau patient toutes les deux semaines. « C’est juste un petit effort de plus qu’on demande aux médecins de famille », dit-elle.

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Suivre facilement 500 patients

L’un des outils les plus efficaces pour pouvoir prendre plus de patients est l’accès adapté. Au cours de l’AGA, la Dre Bouchard a fait la démonstration à ses membres qu’avec cette méthode, il est relativement facile de suivre 500 patients.

« L’accès adapté, c’est un appariement entre la patientèle et les plages horaires disponibles », a expliqué la présidente aux 44 médecins présents à l’AGA. Une clientèle de 500 personnes, dont 35 % sont vulnérables, demande 800 plages horaires par année. Cela donne vingt rendez-vous par jour, un jour par semaine pendant quarante semaines ou quinze rendez-vous par jour, pendant 1,5 jour, pendant quarante semaines. « Ainsi, si on est très bien organisé, le suivi de 500 patients nécessite une journée par semaine et si on l’est un peu moins, une journée et demie par semaine. »

Beaucoup de médecins de famille pratiquent toutefois également à l’hôpital. Ce n’est pas un problème aux yeux de la Dre Bouchard. « Les omnipraticiens y exercent toutes les quatre, cinq, six et même sept semaines, selon le milieu. Il y a donc une semaine où ils rattrapent la journée et demie où ils n’ont pas pratiqué à leur cabinet parce qu’ils étaient à l’hôpital. » Donc, cette semaine, ils travaillent trois jours à la clinique. Et les semaines après, ils reprennent leur rythme. « Ceux qui veulent suivre plus de patients peuvent engager une infirmière auxiliaire. »

Bientôt, par ailleurs, de jeunes médecins vont arriver en renfort. Il y a actuellement 267 omnipraticiens dans le Bas-Saint-Laurent. D’ici le 31 décembre 2016, neuf nouveaux vont arriver, et un seul partira. Les plans d’effectifs médicaux devraient ainsi être pourvus à quelque 90 %.

Atteindre rapidement les objectifs

Au cours de l’AGA, la Dre Bouchard a expliqué la loi 20* et présenté les articles qui entreront en vigueur en 2018 si les cibles d’inscription et d’assiduité ne sont pas atteintes. « Il y a plein de paragraphes de la loi qui commencent par : “Le ministre peut...”. On n’a donc aucune garantie de ce qui va arriver si on n’atteint pas les objectifs. »

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À la période de questions, des membres de l’AMOBSL ont interrogé le Dr Louis Godin, président de la FMOQ, sur ce qui se passerait si les omnipraticiens ne parvenaient pas à relever le défi. « Ses réponses ont été claires. Il a mis l’accent sur le fait qu’on ignore ce qui va arriver, indique la Dre Bouchard. On ne sait pas ce que le ministre va faire. La seule chose que l’on sait, c’est que si on atteint nos objectifs, les points qui concernent les omnipraticiens dans la loi 20 vont être abrogés. »

La Dre Bouchard ne voit qu’une solution. « Pourquoi ne pas se dépêcher d’atteindre ces objectifs-là ? C’est la seule chose qui nous donne une garantie. Pourquoi se demander ce qui va se passer après ? Il faut se retrousser les manches, atteindre les cibles et, ensuite, on sera certain de ce qui va arriver. » //

*Le nom exact de la loi est : Loi édictant la Loi favorisant l’accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée.