de grands efforts pour accroître l’inscription
Le 21 octobre dernier, l’Association des médecins omnipraticiens de Québec tenait son assemblée générale annuelle à laquelle ont participé 80 médecins de famille.
Au début de septembre, 77,57 % de la population de la Capitale-Nationale était déjà inscrite. L’Association des médecins omnipraticiens de Québec (AMOQ) ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. « Je vous rappelle que nous avons mis la barre très haut. On s’est fixé comme cible 92 %. Il faut se relever les manches, il faut travailler fort pour inscrire des patients », a indiqué à ses membres le Dr Jacques Bouchard, président de l’AMOQ au cours de l’assemblée générale annuelle, le 21 octobre dernier.
Pour accroître encore davantage le taux d’inscription de la population, l’Association déploie de grands efforts. « Le taux d’inscription progresse maintenant lentement, mais sûrement », affirme le Dr Bouchard. L’AMOQ dispose d’un comité de mobilisation dont les deux grands mandats sont de faire connaître la loi 20* et de stimuler l’inscription des patients. Ce groupe travaille de concert avec ce qu’on appelle le « réseau des capitaines », des représentants de chaque clinique du territoire. Un groupe également très actif. « On tient des réunions régulièrement, on discute des meilleures modalités pour augmenter l’inscription, on échange énormément, mentionne le Dr Bouchard, lui-même membre du réseau. On utilise par ailleurs le Rapport d’organisation des services de la patientèle inscrite qui donne aux médecins des informations sur leur clientèle. »
Autre outil dont dispose l’Association : son bulletin TDN ou Toutes dernières nouvelles. Pas moins de quatorze ont été publiés cette année avec la collaboration du comité de mobilisation. Le principal sujet a été la loi 20. « On s’était rendu compte que tout le monde parlait de cette loi, mais que personne ne la connaissait. Les commentaires des médecins ont été très positifs. Maintenant, ils savent en quoi consiste la loi 20, et quelles en seront les conséquences si on n’atteint pas notre objectif. »
La priorité de l’Association reste cependant l’aide aux membres, a indiqué le président aux quatre-vingts médecins de famille présents à l’AGA. L’un des atouts de l’Association est sa secrétaire à temps plein, Mme Line Parent. « Elle vous connaît par votre prénom, connaît toutes les cliniques et toutes les infrastructures. Elle est capable de vous aider à trouver rapidement une solution. Et quand ça ne fonctionne pas, elle communique votre message à la personne responsable. »
Le secrétariat de l’AMOQ, qui peut aussi compter sur Mme Michelle Castilloux, consacre 70 % de son temps à répondre aux membres. « S’il y a une chose dont vous devez vous rappeler au sujet de votre association, c’est qu’on est près de vous. Et ceux qui ont communiqué avec nous, que ce soit dans le cadre d’enquêtes de la Régie de l’assurance maladie du Québec ou pour tout autre problème, le savent. »
Il faut éviter à tout prix la mise en vigueur totale de la loi 20, a prévenu le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin, venu rencontrer les membres de l’AMOQ. « C’est probablement le message le plus important que j’ai eu à vous livrer au cours de mes neuf années de présidence. On est vraiment à une étape cruciale », a-t-il déclaré.
En 2018, si les omnipraticiens ne sont pas parvenus à inscrire 85 % de la population, tous les articles de la loi 20 les concernant s’appliqueront. Le quotidien des médecins de cabinet en sera changé. « Vous allez devoir mettre vos grilles de rendez-vous sur le site centralisé de la Régie de l’assurance maladie du Québec, a expliqué le Dr Godin. Vous devrez offrir des rendez-vous avant huit heures le matin et après sept heures le soir. Le ministre aura le pouvoir de vous dire combien vous devrez en offrir. Ça, c’est l’environnement dans lequel vous pourriez vous retrouver le 1er janvier 2018. »
La loi 20 pourrait cependant avoir des conséquences encore plus graves. Elle donnera au ministre de la Santé le pouvoir de modifier les ententes à sa guise et d’imposer les conditions de rémunération. « Si le ministre décide de réduire de 25 % les tarifs dans les cabinets pour mettre l’argent ailleurs, il pourra le faire. Mais au-delà des baisses de rémunération, c’est toute la question de l’autonomie professionnelle qui est en jeu. »
La seule solution sûre qui s’offre aux omnipraticiens pour éviter les répercussions de la loi 20 est d’inscrire 85 % de la population et d’avoir un taux d’assiduité de 80 %. Le second objectif est pratiquement atteint. « Il reste donc la question de l’inscription, a indiqué le Dr Godin. Il faut prendre en charge environ 950 000 personnes. »
Une certaine aide va venir des jeunes médecins. Au cours de la prochaine année, il y aura un ajout net d’environ 500 nouveaux médecins de famille. « S’ils inscrivent autour de 700 personnes chacun, soit un total de 35 000, cela veut dire qu’il restera quelque 600 000 patients. Comme il y a 6000 médecins de famille qui pratiquent en première ligne, cela donne 100 patients par omnipraticien. Chacun doit donc inscrire en moyenne 100 patients pour que l’on se débarrasse de la loi 20. »
Dans les guichets d’accès à un médecin de famille (GAMF), il reste encore 475 000 patients. Mais, de ce nombre, 300 000 sont en bonne santé ou peu malades. « Ils ne consomment pas de soins de santé. Des médecins me l’ont confirmé : “Vous les prenez, et ils ne consultent à peu près jamais par la suite’’ », a mentionné le Dr Godin.
Le GAMF de la région de Québec, lui, contient actuellement quelque 45 000 personnes, a indiqué le président aux membres de l’AMOQ. « En ce moment, votre taux d’inscription est de 78 %. Prenez ces 45 000 patients-là et vous êtes rendus à 85 %. Faites-le pour vous et pour vos collègues. » Le président a demandé à tous de faire un effort supplémentaire. Les médecins les plus jeunes sont ceux qui ont le plus à perdre. « Pensez à ce que va être votre carrière au cours des trente-cinq prochaines années. Ce ne sera pas drôle. » Mais tous sont invités à mettre la main à la pâte. « Prendre cent patients supplémentaires, demande seulement trente minutes deux fois par semaine. C’est tout l’effort que vous devez faire pendant quatorze mois pour vous débarrasser de la loi. Quatorze mois d’efforts pour le reste de votre carrière. » //
* Le véritable nom de la loi 20 est : Loi édictant la Loi favorisant l’accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée.