des résultats de masse encourageants
À Montréal, de 2000 à 2011, le nombre de personnes diabétiques de 20 ans et plus a augmenté de 70 %. En 2011-2012, il atteignait 138 000. Il se gonfle de plus de 10 000 nouveaux cas chaque année1.
Comment lutter contre cette vague de diabète ? « La solution à Montréal est une approche de masse en première ligne déployée sur tous les territoires des réseaux locaux de services », affirme le Dr André Bélanger, médecin-conseil en maladies chroniques auprès de l’équipe de soutien à la transformation, à Montréal et en Montérégie.
C’est l’un des objectifs du programme pour les maladies chroniques. Les médecins de famille peuvent y adresser leurs patients diabétiques qui bénéficient alors de rencontres individuelles avec une nutritionniste, une infirmière ainsi que de rencontres de groupe avec une équipe interdisciplinaire comprenant entre autres un pharmacien, un intervenant psychosocial et un kinésiologue. « Le médecin de famille demeure le chef d’orchestre », précise le Dr Bélanger.
Les données qui ont commencé à être recueillies en 2011 auprès de 16 000 patients montrent que non seulement leurs habitudes de vie sur le plan de l’alimentation, de l’activité physique et du tabagisme s’améliorent, mais aussi leurs paramètres cliniques.
Ainsi, au moment de leur entrée dans le programme, 60 % des participants avaient un taux d’hémoglobine glyquée inférieur à 7 % ; après trois mois, ils étaient 72 % à atteindre la cible. Ce pourcentage est demeuré identique pendant le reste du programme de deux ans.
Dès le premier trimestre, le taux d’hémoglobine glyquée des sujets a baissé, selon les groupes, entre 0,5 % et 0,7 % (P , 0,005). Cette diminution, équivalente à l’ajout d’une classe de médicament par voie orale, a ensuite été maintenue jusqu’à la fin de leur participation au projet. « Dans l’évolution habituelle du diabète, le taux d’hémoglobine glyquée augmente de 0,1 % par année », indique le Dr Bélanger, également endocrinologue.
Le programme pour les maladies chroniques s’est également ramifié dans les groupes de médecine de famille (GMF) « On a ajouté l’argent du solde du fonds régional des GMF qui restait pour lancer le programme avec des nutritionnistes et engager des kinésiologues », indique le médecin.
Les équipes des GMF ont été particulièrement performantes. « Leurs patients ont obtenu une diminution de 1 % du taux d’hémoglobine glyquée, et cette baisse s’est maintenue pendant les deux ans de leur participation au programme. »
Comment ces groupes ont-ils réussi ? « On est en train d’analyser les médicaments que prenaient les patients, explique le Dr Bélanger. On croit que la réduction de l’hémoglobine glyquée pourrait s’expliquer par l’ajout de certaines molécules. On examine également si le fait d’être suivi dans un GMF, d’être près de son médecin et de l’équipe soignante interdisciplinaire apporte des avantages. »
La performance des GMF ne tient pas à la bénignité de la maladie des sujets. « Les patients des GMF étaient atteints d’un diabète un peu plus avancé que celui des participants du reste du programme. Ils étaient diabétiques depuis deux, trois ou quatre ans de plus. »
Le programme pour les maladies chroniques a par ailleurs permis d’améliorer d’autres aspects de la santé des diabétiques. Par exemple, le bilan lipidique. Chez les diabétiques suivis, les taux de triglycérides et de cholestérol LDL ont diminué (P , 0,005) et le taux de cholestérol HDL a augmenté en deux ans de 0,07 mmol/l (P , 0,005).
Les dernières données du programme pour les maladies chroniques seront présentées le 2 juin à la journée montréalaise Partenariat CIUSSS-GMF sur les maladies chroniques. //
1. Surveillance de l’état de santé à Montréal (SÉSAM) – Direction de santé publique, CIUSSS du Centre-Est-de-l’Île-de-Montréal. Le diabète à Montréal : un problème qui continue de prendre de l’ampleur. Montréal : INSPQ ; 2015. 14 p. Site Internet : http://tiny.cc/kl8eay ou www.inspq.qc.ca/pdf/publications/2042_diabete_montreal_probleme_ampleur.pdf