Tout épargnant investisseur espère atteindre une plus grande autonomie financière et aspire donc à obtenir des rendements conséquents aux efforts qu’il consent. Malheureusement, la course aux rendements peut rapidement prendre des allures de véritable course d’obstacles dès que les choix d’investissement sont surestimés ou que la tolérance au risque est surévaluée.
Tout un chacun souhaite que l’argent qu’il place fructifie proportionnellement à l’entrain qu’il déploie pour le gagner. Qu’il s’agisse de placements immobiliers, d’achats de titres boursiers ou de fonds communs de placement, l’investisseur a l’embarras du choix. Règle générale, sa décision d’investir dans une catégorie d’actifs plutôt qu’une autre est dictée par une récente – et forte – appréciation de l’une d’entre elles.
Depuis 15 ans maintenant, le marché immobilier canadien a fait les manchettes en raison principalement de fortes augmentations des prix des résidences enregistrées dans les marchés de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, plus particulièrement à Vancouver et à Toronto. En août dernier, le prix moyen des résidences unifamiliales au Canada s’élevait à 479 000 $. Si l’on exclut les marchés de Toronto et de Vancouver, ce prix serait plutôt de 381 000 $.
Dans un contexte caractérisé par la faiblesse des taux d’intérêt, comme celui que l’on connaît depuis près de 10 ans et qui a permis à une multitude de ménages canadiens d’accéder à la propriété, il est normal que les prix des maisons augmentent, comme c’est le cas partout au pays. Cependant, il est de notoriété publique que les prix dans les marchés de la Colombie-Britannique et de l’Ontario ont atteint un niveau excessif de sorte que les spécialistes parlent aujourd’hui de « bulle immobilière ».
À titre comparatif, toujours en août dernier, le prix de tous les logements résidentiels confondus était de 919 000 $ dans la grande région métropolitaine de Vancouver et de 916 000 $ dans celle de Toronto. À Montréal, le prix médian de toutes les résidences unifamiliales s’élevait à 300 000 $. Sur l’île même de Vancouver, il est impossible de trouver une maison à moins de 1 million de dollars (1 M$), le prix moyen d’une unifamiliale se situant au-dessus de la barre du 1,5 million (1,5 M$).
Les raisons de cette surenchère, la même que celle observée à Toronto, sont multiples et bien documentées. Parmi celles-ci, il y a la présence d’un fort marché d’acheteurs étrangers fortunés qui exerce une pression sur les prix des maisons unifamiliales. C’est pour cette raison que le gouvernement de la Colombie-Britannique a décrété, en juillet 2016, l’imposition d’une taxe de 15 % aux acheteurs étrangers de logements, et que le gouvernement ontarien a fait de même, en avril dernier. L’objectif de cette mesure, qui vise à refroidir le mouvement de spéculation, a été partiellement atteint, comme en témoigne la baisse notable du nombre de transactions immobilières enregistrées à Vancouver et à Toronto.
Il n’en reste pas moins que plusieurs investisseurs séduits par les rendements générés par le marché immobilier canadien tentent de profiter de la vague. Si investir dans l’immobilier à Toronto ou à Vancouver pouvait s’avérer une erreur compte tenu de la cherté du marché, qu’en est-il au Québec ?
Bien que les marchés immobiliers de Montréal et de Québec n’aient pas connu la même flambée que celle observée à Vancouver ou à Toronto, décider d’y investir au moment même où la Banque du Canada vient de décréter coup sur coup deux hausses de son taux directeur augmente tout de même le niveau de risque.
Jusqu’où la banque centrale canadienne ira-t-elle pour empêcher une surchauffe possible de l’économie ? D’autres hausses de taux d’intérêt risquent de survenir ce qui pourrait ralentir la vigueur du marché immobilier. Seul l’avenir nous révélera l’ampleur de la détermination de la Banque du Canada à hausser le coût du loyer de l’argent.
Depuis le début de l’année, les marchés boursiers nord-américains ont surfé sur la vague de ce qu’on appelait l’effet Trump. À l’exception de la Bourse canadienne, toutes les Bourses américaines ont fracassé de nouveaux records durant l’été.
Si le Dow Jones affichait, au milieu du mois de septembre, des gains de près de 13 % en 2017, la Bourse de Toronto, elle, était encore empêtrée dans un rendement négatif de 0,75 % depuis le début de l’année.
Le marché boursier canadien, qui a généré le plus fort rendement au monde en 2016 avec un gain de 17,5 % et un rendement net total de 21 % (en incluant les dividendes versés par les entreprises qui constituent sa cote), a subi les contrecoups des sous-secteurs de l’énergie et des services financiers en 2017.
Pendant que le Dow Jones caracole au-dessus de la barre de 22 000 points, le TSX peine à dépasser la marque des 16 000. Cependant, les entreprises canadiennes devraient profiter de la robustesse anticipée de l’économie canadienne pour améliorer encore leur profitabilité d’ici la fin de l’année, ce qui pourrait se refléter dans la performance de l’indice TSX de la Bourse de Toronto.
Malgré l’écrasement boursier de 2008, la Bourse canadienne a affiché huit années de rendements positifs, à l’exception de 2015 avec une contre-performance de 11 % découlant de l’effondrement des prix du pétrole et de l’énergie.
En dépit des incertitudes entourant les rendements attendus des différentes catégories de placements potentiels, des investisseurs cherchent toujours à s’illustrer et n’hésitent pas à opter pour des stratégies d’investissement agressives. C’est notamment le cas de ceux qui sont prêts à utiliser l’effet de levier pour s’enrichir. En pratique, ce sont des investisseurs plus téméraires qui n’hésitent pas à s’endetter pour espérer dégager une marge de manœuvre financière.
Cette stratégie est normale pour celui qui veut acheter la maison de ses rêves en espérant pouvoir en profiter de son vivant avant de la vendre avec un profit substantiel et acheter une résidence plus modeste. Par contre, celui qui est prêt à s’endetter pour acheter des actions, en espérant les revendre avec un profit plus grand que leur coût d’emprunt, doit se rappeler l’avis émis en 2009 par l’Autorité des marchés financiers (AMF), dans la foulée de la grande débâcle boursière de 2008.
1. L’investisseur qui veut utiliser l’effet de levier doit avoir une tolérance au risque de moyenne à élevée, ce qui exclut les personnes prudentes ou âgées ainsi que celles qui approchent de la retraite ou qui ont un portefeuille axé sur le revenu.
2. L’investisseur doit avoir un taux d’imposition élevé.
3. L’investisseur doit afficher une situation financière saine qui l’assure de ne pas devoir compter sur les rendements de son placement pour payer les intérêts de son emprunt.
En d’autres mots, il existe plusieurs véhicules d’investissement et plusieurs stratégies qui permettent aux investisseurs d’obtenir des rendements, mais l’important est de savoir mesurer les risques à encourir pour réaliser le retour sur l’investissement souhaité. //
Note de la rédaction. Ce texte a été écrit, révisé et mis en pages par Conseil et Investissement Fonds FMOQ inc. et ses mandataires. Il n’engage que ses auteurs.