des règles de fonctionnement plus modernes
Le 25 octobre dernier, à Terrebonne, l’Association des médecins omnipraticiens de Laurentides-Lanaudière tenait son assemblée générale annuelle.
« Le gros dossier de l’heure, c’est l’entente sur l’accessibilité et tout ce qui touche au projet de loi no 20 », a expliqué le Dr Louis Godin, président de la FMOQ, aux médecins de l’Association des médecins omnipraticiens de Laurentides-Lanaudière (AMOLL).
Au début d’octobre, presque 78 % de la population québécoise était inscrite. « Il est clair qu’à moins que l’on ne décide collectivement de ne voir que de nouveaux patients pendant de quatre à six semaines et de ne plus rien faire d’autre, la cible du 85 % pourrait être difficilement atteignable », a indiqué le Dr Godin.
Une nouvelle stratégie était donc nécessaire. Il fallait pouvoir inscrire plus facilement les personnes qui restaient à prendre en charge. Des gens, pour la plupart, en bonne santé. Un certain nombre, d’ailleurs, ne se présentaient pas à leur rendez-vous quand on leur trouvait un médecin de famille, probablement parce qu’ils travaillaient ou étudiaient.
La nouvelle lettre d’entente 321 offre maintenant la possibilité à ces personnes d’avoir un médecin de famille sans devoir le rencontrer immédiatement (voir « Nouveau processus d’inscription » p. 4). Elle permet également aux omnipraticiens d’inscrire un important groupe de patients qu’ils verront au fur et à mesure que ces derniers en auront besoin.
Les médecins de famille réclamaient depuis longtemps une telle mesure. « Ils étaient ennuyés d’avoir à donner une consultation immédiate qui n’était pas nécessaire. Ils étaient cependant prêts à accepter de nouveaux patients. Ils nous disaient : “Si j’ai à m’occuper de gens qui sont, somme toute, peu malades, lorsqu’ils voudront me consulter parce qu’ils en ont vraiment besoin, je m’organiserai avec mon groupe pour qu’ils soient vus”. C’est cela qui a donné naissance à la lettre d’entente 321. »
Ce nouveau mode d’inscription en blocs de patients n’est toutefois pas obligatoire. « Cela se fait sur une base volontaire », a tenu à préciser le Dr Godin. Le médecin qui veut recourir à cette nouvelle mesure peut par ailleurs demander le nombre de patients qu’il désire s’il n’est pas un nouveau facturant.
Depuis le début, le processus d’inscription n’a pas été facile pour les omnipraticiens. « Au cours des derniers mois, nous avons eu des discussions avec le ministère de la Santé pour voir ce qu’on devait faire et examiner quelles avaient été les principales embûches que les médecins avaient dû affronter. Parce qu’il y en a eu : les guichets d’accès qui fonctionnaient mal, les patients envoyés aux cliniciens qui ne venaient pas toujours à leur rendez-vous ainsi qu’un nombre d’omnipraticiens plus important que prévu qui ont pris leur retraite. Cela a eu pour effet de nous rendre la tâche beaucoup plus difficile. »
Néanmoins, un grand travail a été accompli. À la fin de 2017, les médecins de famille devraient avoir pris en charge plus d’un million de nouveaux patients. « Actuellement, presque 90 % des gens de plus de 50 ans ont un médecin de famille. On a donc atteint l’objectif qu’on avait pour les personnes qui en avaient le plus besoin », a souligné le président de la Fédération.
Le taux d’assiduité des médecins de famille, par ailleurs, dépasse la cible de 80 % depuis un certain temps déjà. « C’est lié pour moi à un fait : les médecins ont changé leur façon de faire. Ils sont devenus beaucoup plus disponibles pour leurs patients, et cela a donné des résultats. »
Le président de l’AMOLL, le Dr Marc-André Amyot, était très satisfait de la nouvelle lettre d’entente 321. « C’est une mesure que vous nous demandiez depuis longtemps. Il s’agit d’un gain important pour les médecins et les patients », a-t-il expliqué à ses membres au cours de l’assemblée générale annuelle qui, pour la deuxième année, était diffusée sur le Web.
En ce qui concerne l’inscription, il reste cependant encore beaucoup de travail à faire. À la mi-septembre, 78 % de la population des Laurentides avait un médecin de famille et 80 % dans Lanaudière. Ces deux régions connaissent toutefois une forte croissance démographique. « Malgré cela, on a réussi à augmenter le nombre de patients inscrits. C’est grâce à vous et à vos efforts. Il faut néanmoins continuer, parce qu’il y a encore des patients dans le guichet d’accès », a indiqué le Dr Amyot.
Un autre dossier important pour l’Association est par ailleurs l ’utilisation de la nouvelle enveloppe liée à l’accord-cadre qui vient d’être signé. Dès que le président de la FMOQ a sollicité les suggestions, l’AMOLL a rapidement mis sur pied un « comité de priorisation ».
Le groupe de travail a entre autres envoyé aux membres un sondage électronique auquel 169 médecins ont répondu. Les résultats révèlent notamment que 65 % des répondants souhaitent que les sommes de l’Entente soient utilisées en partie pour des augmentations paramétriques et en partie dans des secteurs prioritaires.
À la lumière des différentes réponses et de la situation sur le terrain, l’AMOLL a dressé la liste des domaines qu’elle considère comme prioritaires et dans lesquels elle souhaite que des sommes importantes soient investies. Dans son rapport à la FMOQ, elle mentionne* :
1. les soins à domicile ;
2. les activités médico-administratives ;
3. les soins de longue durée ;
4. les soins palliatifs à domicile ;
5. le domaine de la santé mentale et la psychiatrie en cabinet.
Dans le secteur de la prise en charge des patients vulnérables et non vulnérables, l’Association recommande de rémunérer davantage les services à certaines clientèles.
L’année 2016-2017 a été exceptionnelle pour l’Association des médecins omnipraticiens de Laurentides-Lanaudière. « C’est une année charnière dans l’histoire de notre organisme », reconnaît le président. Elle a été entre autres marquée par la révision des statuts de l’Association.
En septembre 2016, au cours d’une assemblée extraordinaire, des membres ont demandé des changements aux statuts. Deux mois plus tard, le comité de révision des statuts était créé. Le groupe a fait appel à un expert, M. Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), pour le guider.
Le comité a consulté les médecins de l’AMOLL de différentes manières sur les changements à effectuer. Un sondage électronique a été envoyé aux membres : 150 ont répondu. Une consultation a également été organisée dans un hôtel. « Les gens qui voulaient échanger avec M. Nadeau et les membres du comité des statuts le pouvaient », mentionne le Dr Amyot.
Après des mois de travail, le comité a élaboré de nouveaux règlements. Il a, notamment, modernisé la définition de membre en règle. Des précisions ont ainsi été ajoutées. « Le médecin qui tombe malade ou est en congé de maternité pendant une période déterminée va continuer à être un membre en règle même s’il n’a pas payé sa cotisation », précise le président.
L’IGOPP a par ailleurs fait une évaluation du conseil d’administration (CA) de l’AMOLL. Ce dernier avait plusieurs points forts : il était entre autres représentatif. Il y avait autant de représentants des Laurentides que de Lanaudière. Autant d’hommes que de femmes. Il comptait des médecins de tous les secteurs de pratique et de différents âges. Mais il y avait aussi des points faibles, comme un manque de spécialistes pour épauler le CA. Un conseiller en communication a déjà été engagé. « On va également s’adjoindre certains consultants, comme des avocats pour les aspects légaux », indique le Dr Amyot.
M. Michel Nadeau, directeur de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), est venu à l’assemblée générale annuelle de l’Association des médecins omnipraticiens de Laurentides-Lanaudière (AMOLL) présenter les nouveaux statuts aux membres. « Le mandat qui a été confié à l’IGOPP était d’accompagner l’Asso-
ciation dans le processus de mise à jour de son modèle de gouvernance et d’adapter ses règlements généraux à sa nouvelle réalité », a expliqué M. Nadeau.
Il existe des règles de bonne gouvernance. « Ce sont quatorze pratiques qu’on retrouve dans toutes les organisations. Elles sont utilisées à peu près partout sur la planète », a indiqué le directeur. Un organisme comme l’AMOLL doit entre autres avoir :
h un processus rigoureux, transparent et dynamique pour informer les membres ;
h une consultation périodique des membres dans le cadre d’assemblées virtuelles et réelles ;
h une assemblée générale annuelle qui a quatre fonctions, soit de permettre :
d’élire des membres du conseil d’administration,
de choisir l’auditeur-vérificateur,
d’adopter des règlements généraux,
de permettre des échanges avec les administrateurs pour que les membres puissent exprimer leurs attentes et leurs préoccupations ;
h des réunions du conseil où l’on discute des activités courantes, mais aussi des enjeux stratégiques pour permettre à l’organisme d’avoir « une vision » ;
h recours à Internet et aux réseaux sociaux pour connaître l’opinion des membres et tenir des consultations structurées.
M. Nadeau a ensuite présenté les grandes lignes des nouveaux règlements généraux de l’AMOLL. Il a expliqué notamment les principaux mandats de l’Association, le rôle de l’assemblée générale annuelle et celui du conseil d’administration. « Je pense que vous avez probablement ce que nous avons de meilleur en ce qui a trait aux statuts », a indiqué l’expert aux médecins.
Les réunions du CA ont aussi été repensées. « L’IGOPP recommande que le conseil d’administration consacre une partie importante de ses rencontres à réfléchir aux grands enjeux qui touchent le médecin de famille, explique le président de l’AMOLL. Auparavant, on n’abordait pas ces questions, parce qu’on était très pris dans les problèmes quotidiens et l’application des ententes. Il faut cependant s’élever à un niveau supérieur ». Sous peu, le conseil d’administration se penchera sur une intéressante question : l’avenir du médecin de famille. Où en sera-t-il en 2022 ? Au cours de la prochaine année, une consultation sera effectuée auprès des membres pour connaître leur opinion.
Les problèmes courants doivent cependant être réglés. Le CA peut créer des sous-comités pour cela. L’AMOLL avait déjà commencé à mettre sur pied un groupe de travail pour Lanaudière et un autre pour les Laurentides afin de s’occuper des problèmes régionaux.
M. Nadeau a également recommandé à l’Association de se rapprocher des membres. « On va les consulter davantage. On va aussi les informer de la manière dont on les représente. Les membres nous reprochaient de mal les représenter, même si en réalité, on le faisait bien. Toutefois, on ne les informait pas de nos démarches », dit le président de l’AMOLL
L’Association a retenu la leçon. Elle l’a appliquée entre autres au dossier des priorités à suggérer à la FMOQ pour l’utilisation de la nouvelle enveloppe budgétaire. « On a formé un comité, on a consulté nos membres par un sondage électronique et on a rédigé un rapport. On a ensuite partagé le fruit de notre réflexion avec les médecins. On leur a indiqué les résultats du sondage, les conclusions auxquelles on en est venu et ce qu’on a transmis à la FMOQ. » Les membres peuvent consulter le rapport sur le nouveau site de l’AMOLL au amoll.org.
« Je suis fier du travail qu’a fait l’Association concernant ses règles de fonctionnement. Le comité des statuts a su mener à bien cette tâche. Il est arrivé à un résultat dont pourront bénéficier les autres associations. Il a fait un modèle (encadré) », estime le Dr Amyot. //