les grands malades presque tous inscrits
Dans l’Outaouais, depuis un an, 20 000 personnes ont trouvé un médecin de famille. Le taux d’inscription de la population, qui était de 70,7 % en septembre 2016, a grimpé à 77 % douze mois plus tard. Il reste donc encore un grand effort à faire avant d’atteindre la cible de 85 % ; la dernière ligne droite, toutefois, pourrait être plus facile.
« On a toujours un défi devant nous, mais un outil important vient d’être mis en place : la lettre d’entente 321. Elle permet d’inscrire un patient qui veut un médecin de famille, mais qui ne désire pas nécessairement le voir immédiatement », explique le Dr Marcel Guilbault, président de l’Association des médecins omnipraticiens de l’ouest du Québec (AMOOQ). C’était d’ailleurs le principal message qu’il a transmis à ses membres au cours de l’assemblée annuelle de l’organisme qui a eu lieu à la mi-octobre.
Le nouveau mode d’inscription pourrait réconcilier les médecins avec le guichet d’accès pour la clientèle orpheline (GACO). En un an, les omnipraticiens n’ont pris en charge que 4000 personnes par l’intermédiaire de cet outil. « Les médecins prenaient moins de patients du guichet, notamment parce qu’à peu près quatre patients sur dix ne se présentaient pas au rendez-vous », indique le Dr Guilbault. Maintenant, pour être inscrits par un médecin de famille, les nouveaux patients ne sont plus forcés de venir à une consultation dont ils ne ressentent pas le besoin.
Actuellement, le GACO de l’Outaouais compte encore quelque 27 000 patients. Mais il reste peu de personnes très malades. Les omnipraticiens de la région n’ont pas attendu pour agir. En février dernier, le Dr Guilbault a lancé le Projet A et B. Il a demandé à ses collègues de prendre en charge les 2500 patients du GACO ayant d’importants problèmes de santé. Résultat : le 20 octobre, il n’y avait plus de personnes dans la catégorie A et que 166 dans la B. Plus de 2000 patients malades avaient été inscrits.
Une centaine de médecins ont participé à l’opération. « Nous avons fait des groupes de cinq patients ayant des diagnostics différents pour inciter le plus de médecins possible à collaborer », indique le Dr Guilbault.
Il fallait cependant régler un problème important du GACO : la difficulté à joindre les patients du guichet. « J’ai proposé au département régional de médecine générale, qui a accepté, que le personnel du guichet appelle les patients et fasse des vérifications : est-ce que le patient est toujours vivant ? Veut-il encore un médecin ? En a-t-il déjà trouvé un ? » Il fallait également s’assurer des coordonnées du patient. « C’est très frustrant d’essayer de joindre des patients qui ont déménagé ou dont le numéro de téléphone est erroné. »
C’est une infirmière et un étudiant en médecine qui ont fait les appels. « On désirait avoir les diagnostics des patients pour éviter d’envoyer aux médecins cinq, dix ou quinze personnes présentant des problèmes psychiatriques », précise le président de l’AMOOQ.
L’un des facteurs qui a aidé les médecins à prendre globalement plus de patients en charge est, par ailleurs, l’arrivée de renforts. Au cours des deux dernières années, 52 nouveaux omnipraticiens se sont installés dans la région. Et 24 autres pourraient venir en 2018.
L’avenir s’annonce encore meilleur. La Faculté de médecine de l’Université McGill est en train de créer un nouveau campus à Gatineau. Deux étages seront construits au-dessus de l’urgence de l’hôpital de la ville pour accueillir les étudiants et l’unité de médecine familiale. « Nous offrons déjà l’externat et la résidence. Ce nouveau projet va nous permettre de donner la formation médicale complète à une vingtaine d’étudiants en Outaouais. » //