Éditorial

Accessibilité et engagement

Louis Godin  |  2017-02-23

Les médecins de famille du Québec sont actuellement en train d’accomplir un exploit. En effet, même s’ils doi­vent consacrer près de 40 % de leurs activités pro­fes­sionnelles en milieu hospitalier, ils ont réussi, grâce à leur achar­nement au travail et à leur engagement, non seu­le­ment à fournir un médecin de famille à 1 145 000 Québécois sup­plémentaires depuis cinq ans, dont à plus d’un demi-million au cours des deux dernières années seulement, mais aussi à assurer une prise en charge inédite de nouveaux patients à l’automne.

Novembre et décembre furent des mois extrêmement productifs en ce qui a trait à l’inscription auprès d’un médecin de famille au Québec. On parle d’un nombre record d’inscriptions, particulièrement en décembre, près de 75 000 Québécois de plus ayant été pris en charge par un médecin de famille au cours du dernier mois de l’année 2016 uniquement. Cette donnée, à elle seule, témoigne de l’engagement des médecins de famille et du fait que nous sommes collectivement sur la bonne voie afin que nos concitoyens qui le souhaitent puissent avoir un médecin de famille. C’est le cas sur l’ensemble du territoire québécois, car malgré des irritants et des obstacles décrits plus loin, le mouvement est en marche partout. Au 31 dé­­cem­bre 2016, l’objectif de 85 % était atteint dans la région de Chaudière-Appalaches qui voyait même son taux d’inscription s’élever à 90 %. Deux autres régions, le Bas-Saint-Laurent et le Saguenay–Lac-Saint-Jean ont déjà dépassé l’objectif avec plus de 86 % de patients inscrits. La Mauricie–Centre-du-Québec et la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine sont tout près du taux de 85 % de citoyens pris en charge. Les régions de Québec, de l’Abitibi-Témiscamingue, de l’Estrie et de Laurentides–Lanaudière sont également sur la bonne voie. En raison de circonstances particulières, la région de Montréal ainsi que le nord et l’ouest de la province ont encore des pas importants à franchir. Cependant, le nombre de citoyens de ces régions ayant un médecin de famille augmente aussi de manière constante, ce qui fait en sorte que le taux d’inscription des Québécois auprès d’un médecin de famille avoisine maintenant 75 %, soit tout près de notre dernier objectif de 77 %. C’est un chiffre considérable si l’on tient compte des obstacles toujours en place.

De plus, les données les plus récentes montrent de manière incontestable que les patients inscrits auprès d’un médecin de famille peuvent généralement avoir accès à lui ou à un autre médecin de son groupe rapidement et souvent, soit dans 80 % des cas nécessitant une consultation (alors que l’objectif pour décembre 2016 était de 74 %). Sur ce plan, les médecins de famille peuvent dire « mission accomplie », car ils ont atteint, un an avant l’échéance de décembre 2017, l’objectif convenu, soit d’afficher collectivement un taux d’assiduité de 80 %.

Ces résultats, tant sur le plan de l’inscription que de l’assiduité, sont d’autant plus éloquents qu’ils sont obtenus malgré les nombreux obstacles à la prise en charge toujours en place : l’ajout insuffisant de ressources professionnelles pour venir en aide aux médecins de famille dans les cliniques médicales, le peu de soutien administratif offert aux médecins dans de nombreux CLSC, l’absence perceptible d’amélioration de l’accès aux tests diagnostiques et aux consultations spécialisées, la multiplication des contraintes bureaucratiques inutiles et un Guichet d’accès aux médecins de famille (GAMF) inadéquat et souvent non fonctionnel.

Il revient donc maintenant au ministre de la Santé de tout mettre en œuvre pour éliminer un à un tous les obstacles qui nuisent à la prise en charge de nouveaux patients. Cette étape relève de sa compétence et de ses responsabilités. Il nous reste du travail à faire, mais les médecins de famille sont en train d’accomplir rigoureusement leurs devoirs. Au ministre maintenant de faire les siens.

Le 17 février 2017

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Le président, Dr Louis Godin