De longue date, la difficulté d’accès à des services spécialisés et diagnostiques représente un défi important pour les médecins de famille pour le suivi de leurs patients. Depuis le 31 octobre 2016, les centres de répartition des demandes de services (CRDS) les assistent à cet égard.
Les CRDS offrent aux médecins de famille un environnement facilitant leur travail et l’accès en spécialité pour les patients pour une 1re consultation.
Les médecins de famille qui exercent en cabinet, à l’UMF ou en CLSC doivent remplir les formulaires de demande de services prévus à cette fin. Il en existe présentement neuf. Les spécialités ciblées dans la première vague constituent la moitié des consultations demandées par les médecins en première ligne. Les autres formulaires seront disponibles en septembre 2017 (tableau).
Les demandes de services ont été conçues en collaboration avec le MSSS et la FMSQ. Les raisons de consultation mentionnées sur le formulaire représentent 80 % des demandes dans chaque spécialité. Cette nouvelle façon de faire exige bien sûr une adaptation du médecin de famille, mais vaut bien la commodité de ne plus avoir à faire soi-même les démarches pour obtenir un rendez-vous pour ses patients.
Les formulaires sont intégrés aux différents DMÉ. Ils sont aussi offerts en format PDF dynamique et en format imprimable sur le site du MSSS (rechercher « CRDS »).
Les demandes de services antérieures au 31 octobre 2016 n’ont pas été oubliées. Au moment de la création des CRDS, un grand travail d’épuration a été fait dans le but de retirer les doublons et les consultations déjà effectuées. Ainsi, le nombre de demandes est passé de 350 000 à 80 000 pour les neuf spécialités de la première vague ! Les demandes restantes devraient être éliminées d’ici le 1er avril 2017.
La province compte quatorze CRDS, soit un par région sociosanitaire. Les services des CRDS offrent également du soutien au médecin de famille pour l’obtention d’un rendez-vous pour un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) et une échographie, lorsque ces examens sont des conditions préalables (prérequis) à la consultation avec le médecin spécialiste.
Les médecins spécialistes ont été invités à ouvrir des plages de consultation. Si ces dernières ne sont pas pourvues, les installations locales les retirent soixante-douze heures avant la date prévue pour les offrir à leurs patients. Le médecin qui oriente le patient en spécialité (médecin orienteur ou référent) remplit la demande de services correspondante et l’envoie au CRDS de son territoire, peu importe le lieu de résidence de l’usager. Le CRDS de la région du médecin achemine les demandes de services au CRDS du lieu de résidence du patient, le cas échéant. Si le CRDS qui reçoit la demande ne peut y répondre sur son territoire, il sollicite la collaboration d’un autre CRDS pour assurer la recherche et la prise de rendez-vous. Le médecin orienteur envoie donc toujours ses demandes de services à son centre local, quel que soit le lieu de résidence de son patient ou la spécialité concernée.
Pour le moment, les CRDS reçoivent les formulaires par voie électronique ou par télécopieur. D’ici quelques mois, toutes les demandes devraient toutefois être acheminées par voie électronique.
L’avènement des CRDS n’a pas pour but de torpiller ce qui allait bien. Plusieurs corridors de service existent déjà pour avoir recours à un avis spécialisé et éviter l’orientation vers l’urgence. Le médecin de famille peut continuer à les utiliser. Chaque région a ses particularités.
L’accueil clinique, par exemple, offre aux médecins de famille un accès structuré aux services spécialisés et diagnostiques dans la plupart des régions du Québec. À l’aide d’un protocole standardisé, les infirmières cliniciennes y prennent en charge les patients ambulatoires adultes présentant des problèmes cliniques de nature subaiguë ou semi-urgente (priorité A : , 3 jours). On dirige les patients à l’accueil clinique en leur remettant la demande de services ou en la transmettant par voie électronique. Vous pouvez vérifier en ligne ce qu’il en est dans votre région.
Ces ressources ne sont pas toujours connues des médecins de famille du milieu. Le MSSS est ouvert à la création d’une page recensant ces services par région sociosanitaire. L’Inventaire des services gériatriques spécialisés au Québec est un exemple d’outils précieux qui gagnerait à être connu des médecins de famille.
Quelques ajustements devront cependant être apportés. Un médecin de famille qui travaille dans la même clinique qu’un médecin spécialiste voudra sans doute continuer d’obtenir de lui des rendez-vous rapides sans l’aide du CRDS. Une consultation obtenue par cette porte n’étant pas comptabilisée dans les indicateurs de performance du spécialiste, celui-ci sera tenté de refuser. Aussi, soulignons que la loi 20 prévoit également qu’un médecin spécialiste reçoive en consultation, ailleurs qu’au service d’urgence d’un établissement, un nombre minimal de patients. Par équité pour les autres patients en attente, mieux vaut donc passer par le CRDS.
Oui, ça fonctionne. Le Dr Daniel Murphy, du GMF/UMF de Verdun en semble convaincu : « Le CRDS est un outil clinique important que j’utilise quotidiennement. Il m’a permis de changer la façon d’orienter mes patients en spécialité. C’est très efficace, et mes patients sont très satisfaits ». Globalement, 50 % des 160 000 demandes de services ont entraîné la prise d’un rendez-vous qui a eu lieu dans les délais requis. Et ce taux est en progression constante.
La loi 20 vise à améliorer l’accès aux consultations spécialisées selon les délais associés à l’état clinique du patient, pour les demandes en provenance du médecin de famille. Ainsi, au 30 juin 2017, les médecins spécialistes devront voir 70 % des patients dirigés vers eux selon les délais associés à leur état clinique, pour les priorités A, B et C. Pour les priorités D et E, c’est 65 % des consultations qui devront avoir lieu dans les délais. Or, les résultats sont très encourageants puisqu’au 15 janvier 2017, les délais de consultation étaient respectés huit fois sur dix pour l’ensemble des priorités.
En somme, comme le dit la Dre Than Can Nguyen, du GMF Centre médical Métro Monk, « c’est très bien pour les consultations urgentes, les patients sont très satisfaits parce qu’ils arrivent à voir le médecin spécialiste rapidement. C’est un excellent système auquel il faut s’habituer tranquillement. »
Dans un prochain article, nous traiterons en détail du cheminement d’une demande de services. Nous répondrons aux questions soulevées par les médecins de famille. Revenez-nous donc le mois prochain pour peut-être avoir la solution à certaines de vos préoccupations ! //