Nouvelles syndicales et professionnelles

Dénoncer l’inacceptable et le désastreux

courriels envoyés à lucide@fmoq.org

Jean-Pierre Dion  |  2017-06-27

Plusieurs médecins ont écrit à lucide@fmoq.org. Lucide : pour Ligne Utilisée pour Communiquer l’Inacceptable et le Désastreux. C’est le courriel que la FMOQ met à la disposition de ses membres pour signaler les situations aberrantes. Que dénoncent ces omnipraticiens ?

DP Dion

« On voit qu’il y a beaucoup de difficultés qui ne sont pas réglées, indique M. Jean-Pierre Dion, directeur des Communications à la FMOQ. Les problèmes d’accès à la deuxième ligne, en particulier, reviennent souvent. »

Il y a ainsi cette médecin de famille qui s’indigne du fait que, dans son centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS), il faut dorénavant demander une consultation en pédiatrie pour avoir accès aux services de pédopsychiatrie pour les enfants souffrant de TDAH. « C’est comme exiger une consultation en médecine interne avant de voir un spécialiste. Nous pensons avoir les compétences pour diriger nos patients en pédopsychiatrie », écrit la clinicienne.

Les centres de répartition des demandes de service (CRDS) ne sont pas épargnés dans les commentaires des omnipraticiens. Ainsi, un médecin de famille trouve inadmissible que son CRDS n’accepte plus de demandes en ophtalmologie à cause des temps d’attente trop longs. Il doit dorénavant orienter ses patients directement vers les cabinets des ophtalmologistes. « À quoi sert le CRDS s’il ne peut gérer des listes d’attente ? », se demande-t-il.

Une autre médecin a demandé une échographie de la hanche pour un bébé en inscrivant une priorité C (moins de 30 jours). Cinq mois plus tard, on l’avise que le service n’est pas offert. Les cas défilent ainsi d’un courriel à l’autre.

« On va se servir du contenu de ces messages pour essayer d’améliorer la situation et donner des arguments aux gens de la Fédération qui participent aux travaux sur le CRDS et l’Accès priorisé aux services spécialisés », indique M. Dion.

Manque de ressources

« Une plainte qui revient est le manque de soutien à cause de l’absence de certains professionnels de la santé. Il est clair qu’il y a des revendications qui vont être faites à ce sujet », assure le directeur des Communications.

Ainsi, une clinicienne qui exerce dans une région rurale déplore qu’aucun travailleur social ne soit venu pratiquer dans son CLSC qui fait partie d’un GMF mixte. « Comme la santé mentale représente une grande partie de notre pratique, nous jugeons que l’absence de ce professionnel dans notre point de service prive nos patients d’une ressource très importante. Que faire ? »

Une autre omnipraticienne qui travaille aussi dans un CLSC dénonce le fait que son CISSS refuse d’engager le personnel administratif nécessaire. « Le résultat : des médecins qui se présentent au travail et n’ont pas de patients à voir, des patients orphelins en attente de voir un nouveau médecin qui ne sont pas appelés, et ce, seulement parce que le secrétariat médical est débordé. Et nos secrétaires sont épuisées, appellent leurs gestionnaires à l’aide sans obtenir de réponse. »

La FMOQ va probablement entrer en contact avec les responsables locaux, indique M. Dion. « Le problème va même être communiqué aux autorités politiques. On va se servir de ces plaintes pour documenter l’absence de soutien et le fait que le gouvernement n’a pas tenu ses engagements à cet égard. »

D’autres types de plaintes apparaissent également dans les courriels : problèmes concernant les archives, rapports illisibles, transcriptions tardives, sorties prématurées de l’hôpital de patients en CHSLD, etc.

« Rien n’est pris à la légère. Il faut que les difficultés qu’affrontent les patients et leur médecin de famille dans le système de santé puissent être dénoncées quelque part. L’information doit circuler. Certains cas, avec l’accord du médecin, pourront même être médiatisés. » //