qu’en est-il un an plus tard ?
En 2016, le rapport Soutien à la pratique en CLSC et en GMF-U (UMF), rédigé par un comité conjoint FMOQ–ministère de la Santé, recommandait d’accorder du personnel administratif aux médecins de CLSC. Bilan un an plus tard.
Il y a un an, les médecins de CLSC et d’unités de médecine familiale (UMF) apprenaient qu’ils allaient enfin obtenir du personnel administratif pour les aider. Qu’en est-il maintenant ? Ont-ils bien eu les ressources prévues ?
Malheureusement, bien des omnipraticiens dans les CLSC ne semblent pas avoir obtenu tout le soutien promis. Mais il y a quand même des victoires. « Il y a une certaine satisfaction à voir qu’enfin des équipes réussissent à obtenir des ressources qu’elles avaient été incapables d’avoir dans le passé », affirme le Dr Sylvain Dion, président de l’Association des médecins de CLSC du Québec (AMCLSCQ).
L’an dernier, un comité conjoint FMOQ–ministère de la Santé avait recommandé que l’on accorde aux médecins de CLSC et de GMF-U les services de secrétaires, d’agents administratifs et même, dans certains cas, d’un technicien en administration, selon le nombre de patients inscrits. Une clientèle de 3000 personnes devait ainsi donner droit à deux secrétaires et à un agent administratif à demi-temps.
De manière générale, a constaté le Dr Dion, l’obtention de ressources semble plus facile pour les équipes médicales au profil classique : un groupe d’au moins une demi-douzaine d’omnipraticiens, suivant plus de 3000 patients, travaillant dans un seul endroit, ayant une pratique polyvalente et offrant des services de santé courants.
« Quand il s’agit de plus petites équipes, situées dans plusieurs lieux et qui suivent un nombre de patients inscrits moindre, c’est beaucoup plus difficile d’obtenir les ressources prévues », constate le Dr Dion.
Pour le second vice-président de la FMOQ, le rapport du comité conjoint, publié en 2016, a été un tournant. « Je pense qu’on a fait une avancée importante. La bataille relative aux conditions de pratique des médecins de CLSC date de plusieurs décennies. » Les progrès ne sont toutefois pas faciles. « Il y a beaucoup de procrastination, voire de la résistance de la part des centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS). Certains ne semblent pas prendre au sérieux les démarches et les revendications des médecins. »
À la FMOQ, la Dre Hélène Roy, responsable du dossier, a eu à intervenir dans une douzaine de cas. Mais il pourrait y en avoir plus. « Je pense qu’il y a des équipes médicales dans les CLSC qui ne se sont pas manifestées », estime la directrice adjointe aux Affaires professionnelles.
Dans deux CLSC, les problèmes se sont réglés d’eux-mêmes dès que la Fédération s’est intéressée au dossier. La Dre Roy a cependant dû intervenir entre autres dans des établissements qui sont à la fois CLSC et GMF. Des administrateurs tentaient de faire des économies : ils ne voulaient plus fournir de personnel administratif au CLSC, puisque celui-ci en avait en devenant un GMF. « Le fait que le CLSC devienne un GMF ne dégage pas l’établissement de ses obligations de remplir les conditions qui sont inscrites dans le rapport sur le soutien au CLSC », indique la directrice adjointe.
Plusieurs médecins de CLSC, contents de recevoir l’aide administrative promise, se butent par ailleurs à un nouveau problème : l’instabilité du personnel. « Dans plusieurs établissements, la charge de travail est telle que le nouveau personnel est débordé. Il y a donc de l’absentéisme et les secrétaires ne sont pas toujours remplacées », indique le Dr Dion. Pourtant, le rapport du comité FMOQ–ministère de la Santé prévoit qu’elles le soient dès leur premier jour d’absence. « Quand elles sont remplacées, c’est souvent avec du personnel mal formé », précise le médecin.
Les CISSS semblent par ailleurs manquer eux-mêmes de secrétaires. « Sur leurs sites Internet, on voit qu’ils cherchent beaucoup de personnel administratif. Ce manque de ressources se répercute bien entendu sur nos équipes. »
Et c’est sans compter la mise en place de certaines mesures gouvernementales comme l’Accès priorisé aux services spécialisés et les centres de répartition des demandes de services. « Dans mon CISSS, ces services ont drainé d’importantes ressources de secrétariat », affirme le président de l’AMCLSCQ.
Qu’en est-il de la cogestion ? Normalement, le médecin responsable du CLSC devait travailler en partenariat avec un gestionnaire et participer à la prise de décision. Cette recommandation du rapport du comité conjoint semble cependant être restée un vœu pieux.
« Quand on parle de cogestion, encore faudrait-il qu’un cadre soit clairement indiqué et disponible, fait valoir le Dr Dion. Beaucoup d’équipes médicales en CLSC sont victimes de la désorganisation administrative qui a suivi la création des CISSS, qui sont de gros organismes. Même si cela fait deux ans, on ne sait souvent pas à quel gestionnaire se référer. » Mais même quand le cadre est connu, la situation reste difficile. « Dans notre CLSC, la gestionnaire qui s’occupe du personnel de secrétariat ne vient qu’une fois tous les quinze jours, parce qu’elle est responsable de plusieurs autres services. Dans ces conditions, il est donc difficile d’avoir une cogestion efficace. »
Les médecins de CLSC ont besoin des ressources promises. Entre autres pour prendre en charge plus de patients. « On met beaucoup de pression sur les équipes médicales en CLSC pour qu’elles travaillent à l’atteinte des cibles d’inscription dans le cadre de l’entente sur l’accessibilité », souligne le Dr Dion.
Les CISSS, de leur côté, auraient aussi avantage à fournir aux cliniciens l’aide administrative nécessaire, estime le président de l’AMCLSCQ. « C’est une situation où tout le monde y gagne. Les CISSS subissent beaucoup de pression du ministère de la Santé pour que les guichets d’accès au médecin de famille se vident. » La situation s’améliore, mais la bataille n’est pas finie, résume le Dr Dion
Les équipes médicales de CLSC qui ont besoin d’aide peuvent, par ailleurs, compter sur la Dre Roy. « Les médecins n’ont pas à faire de photocopies ni à envoyer de télécopies, dit-elle. Ils n’ont pas à aller chercher de dossiers aux archives ni de résultats de laboratoire dans une pile sur le bureau de la secrétaire. S’ils font encore des tâches de secrétariat deux heures par jour, ce n’est pas normal. Ils doivent nous le dire. » //