Après une période estivale où le dénigrement politique et médiatique envers la profession médicale semble avoir fait relâche, ne nous faisons pas d’illusions : la recherche de capital politique et de manchettes accrocheuses reprendra probablement ses droits dans les semaines à venir. Cela dit, il m’apparaît primordial de rappeler que les médecins de famille ont encore une fois réussi à tenir le fort durant la période estivale, tant en milieu hospitalier où aucune rupture notable de services n’a été observée (notamment dans les salles d’urgence) qu’en clinique où le taux de prise en charge a par ailleurs continué de progresser malgré plusieurs départs à la retraite. Après tout, on parle ici d’un incontestable exploit, surtout si l’on met dans la balance qu’il fut accompli dans une période trouble comme rarement il s’en est vécu dans le réseau de la santé.
L’automne étant maintenant à nos portes, il n’en demeure pas moins que des défis importants se dressent encore devant nous et que deux dossiers prioritaires seront à nos agendas cet automne. En premier lieu, toujours et toujours, l’accessibilité. Si aujourd’hui on peut se féliciter du fait que le pourcentage de Québécois ayant un médecin de famille croisse de manière constante et ait augmenté d’approximativement 10 % au cours des deux dernières années pour dépasser aujourd’hui la barre de 77 %, des pas restent à franchir afin de faire croître ce pourcentage au plus haut niveau possible d’ici la fin de l’année. De là l’importance de maintenir et d’accélérer la cadence au cours des quatre prochains mois – des mois qui seront cruciaux pour l’avenir de la médecine familiale. Car il faut se le répéter : cette amélioration de l’accessibilité, c’est bel et bien pour le bénéfice de nos concitoyens et de la médecine familiale que nous la livrons, certainement pas pour celui de quelconques politiciens ou médias. En ce sens, alors que bientôt plus de quatre Québécois sur cinq auront leur médecin de famille et que ces médecins se rendent accessibles comme jamais en affichant un taux d’assiduité exceptionnel de 82 % (un autre fait d’armes des médecins de famille québécois), il est plus que jamais opportun de poursuivre nos efforts au cours des mois à venir.
La seconde grande priorité de la Fédération au cours des semaines à venir a trait aux négociations en vue d’en arriver à un accord au sujet de l’Entente générale qui régit nos conditions de travail, l’entente actuelle étant échue déjà depuis mars 2015. Notre objectif est d’en arriver le plus rapidement possible à une entente juste et équitable qui pourra être soumise au vote universel des membres. Pour que ce soit le cas, un éventuel accord de principe devra permettre à la fois de valoriser à sa juste valeur la médecine familiale et de reconnaître l’expertise associée à sa pratique au Québec en 2018. À noter que le mot clé de ces négociations demeure à nos yeux Équité. Pour qu’il y ait une entente satisfaisante à nos yeux, le gouvernement du Québec devra s’engager à ce qu’il y ait à un moment donné une équité relative entre la rémunération accordée aux médecins omnipraticiens québécois et celle qui est accordée à leurs semblables canadiens d’une part, et à leurs collègues spécialistes d’autre part. Il y a ouverture et flexibilité de notre côté par rapport aux moyens d’y arriver à terme, mais ce principe d’équité relative doit être impérativement reconnu. Alors que les seuls postes en résidence médicale au Canada qui demeurent vacants sont ceux en médecine de famille au Québec, il y va en quelque sorte de l’avenir de cette spécialité essentielle, unique et extrêmement exigeante au Québec.
Le 17 août 2017
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Le président, Dr Louis Godin |