Nouvelles des associations

AGA de l’association de l’ouest du Québec

Les médecins se rapprochent de la cible

Claudine Hébert  |  2018-10-29

Depuis 2016, l’accès de la population au système de santé a grandement été amélioré en Outaouais. Il reste toutefois du chemin à faire. C’est ce qui ressort de l’AGA de l’AMOOQ, qui a eu lieu à Gatineau, le 19 octobre dernier.

Guilbault

L’accès de la population à un médecin de famille a connu un bond notable en Outaouais depuis 2016. En deux ans, ce sont plus de 40 000 nouveaux patients qui y ont été inscrits. « Trois de nos cinq réseaux locaux de santé (RLS) ont même dépassé la cible des 85 % de patients inscrits », a souligné le Dr Marcel Guilbault, président de l’Association des médecins omnipraticiens de l’ouest du Québec (AMOOQ) lors de l’AGA de son organisation. C’est le cas des RLS Vallée-de-la-Lièvre et Petite-Nation (86 %), Pontiac (86 %) et Vallée-de-la-Gatineau (91 %). « Ce dernier RLS a atteint un taux impressionnant. C’est à peine s’il reste 40 patients à inscrire dans ce secteur », a ajouté le Dr Guilbault.

Et que dire des taux d’assiduité plus que satisfaisants dans de nombreux GMF ? La moitié des quatorze GMF de la région affiche un score de plus de 90 %. Trois d’entre eux, dont le nouveau GMF-R Médigo, brillent avec une note de plus de 94 %. Ce qui confère aux médecins de famille de l’Outaouais un taux d’assiduité moyen de 89 %. « Le plus élevé de toute la province », a tenu à préciser le vice-président de l’AMOOQ, le Dr Marcel Reny.

« Tous ces gains valent qu’on les souligne haut et fort », a affirmé le président de l’AMOOQ. Toutefois, il concède que ces statistiques très encourageantes ne suffisent malheureusement pas. Du moins, elles ne permettent pas encore de célébrer. « Même si le taux d’inscription de patients inscrits est passé de 70 % à 81 % pour l’ensemble de la région, il demeure tout de même à 4 % de la cible exigée. Par conséquent, le risque de subir les menaces liées à la loi 20 demeure encore très présent. » Selon le Dr Guilbault, l’échéancier du 31 décembre 2018 arrive trop vite. La région, a-t-il dit, aurait encore besoin d’une année pour atteindre les 85 % de patients inscrits demandés.

Actuellement, plus des deux tiers des médecins de famille de la région suivent moins de 1000 patients. Pourquoi ? « C’est ce qu’il faut mieux comprendre », a répondu le Dr Guilbault. Il souhaite, au cours des prochaines semaines, rencontrer ces cliniciens un à un pour mieux connaître leurs activités médicales. Une démarche qui aidera l’AMOOQ à trouver des solutions pour que ces omnipraticiens puissent participer à l’effort collectif. « Il faudra s’assurer que nos médecins disposent de toutes les ressources nécessaires pour augmenter leur nombre de patients inscrits. »

Godin

Le nombre moyen de patients inscrits par médecin dans la région se situe quand même à 936. Ce qui correspond à 12 patients de plus que la moyenne des omnipraticiens de l’ensemble de la province, a indiqué le président de l’AMOOQ.

Éléments favorables et facteurs désavantageux

Bien que le plus grand RLS de la région, Grande-Rivière-Hull-Gatineau, n’ait pas encore atteint la barre des 85 % de patients inscrits (le dernier rapport indique 79 %), ce secteur enregistre tout de même une hausse d’inscription d’au moins 20 % en deux ans. Selon le Dr Guilbault, la présence des deux grands hôpitaux de la région (Hull et Gatineau) semble ralentir l’atteinte de la cible dans la zone la plus peuplée de l’Outaouais. De nombreux jeunes médecins y consacrent plusieurs heures de travail, ce qui peut les empêcher d’inscrire davantage de patients.

Heureusement, à l’opposé, d’autres facteurs ont permis de hausser le nombre de patients pris en charge. Il y a ainsi la création du GMF-R Médigo, près de l’hôpital de Hull. Depuis l’ouverture de cette clinique en juillet 2017, ce sont plus de 15 000 patients qui y ont trouvé un médecin de famille après des années d’attente, a précisé le Dr Guilbault.

Autre élément qui a contribué à l’augmentation des inscriptions : plus de 74 jeunes médecins se sont établis dans la région depuis trois ans. En soustrayant la trentaine de départs à la retraite, l’Outaouais affiche un solde positif d’une quarantaine de médecins de plus.

La création prochaine du Campus médical de l’Université McGill en Outaouais, prévue en septembre 2020, pourrait aussi contribuer à améliorer l’accès de la population à un médecin de famille. « L’arrivée des facultés de médecine en Mauricie et au Saguenay–Lac-Saint-Jean s’est traduite par une hausse du nombre d’omnipraticiens et de spécialistes dans ces régions. Nous sommes convaincus que le nouveau campus en Outaouais produira le même effet d’entraînement », a indiqué le Dr Gilles Brousseau, vice-doyen adjoint à l’enseignement de la médecine – Région de l’Outaouais. Le médecin avait été invité à dire quelques mots sur cette future faculté de médecine à l’AGA. « Par ailleurs, a-t-il ajouté à l’adresse des intéressés, le campus n’a pas fini de recruter du personnel enseignant. »

Une région sous-financée

En plus de la création de la faculté de médecine, il faudra aussi un peu d’aide de la part du gouvernement pour mieux servir la population. Parce que le système de santé en Outaouais souffre d’un retard de financement public, selon une étude qu’a présentée avant l’AGA le Dr Gilles Aubé, de l’Hôpital de Hull. À bien des égards, les sommes ainsi que les services et les soins de santé que reçoit la population de l’Outaouais sont bien en deçà de ceux dont bénéficie le reste du Québec. Dépenses en santé mentale, soutien aux services, gestion de bâtiment du système de santé, plusieurs de ces postes budgétaires ont des écarts d’au moins 25 % par rapport aux enveloppes accordées aux autres régions de la province. Les médecins présents lors de l’AGA ont d’ailleurs adopté une résolution qui demande au gouvernement d’accorder à l’Outaouais un investissement public en santé comparable à celui des autres territoires du Québec.

Petite lueur d’espoir, le premier ministre, M. François Legault, était de passage à Gatineau, le jour même de l’AGA de l’AMOOQ afin de réitérer sa promesse électorale de construire un tout nouvel hôpital dans la région. Un dossier à suivre.

Poursuivez vos efforts

En pleine tournée provinciale, le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin, a demandé aux médecins de famille de l’AMOOQ de ne surtout pas ralentir leurs efforts auprès de la population. « Ce n’est pas parce que nous avons un nouveau gouvernement et, par conséquent, une nouvelle ministre de la santé que les lois 20 et 130 sont chose du passé. Ces lois, faut-il le rappeler, ont été votées. Pour nous en débarrasser une fois pour toutes, nous devrons absolument atteindre les cibles demandées. »

Le Dr Godin a également fait part de ses inquiétudes au sujet des mesures qui ont touché les médecins de famille au cours des quatre dernières années. « Des mesures qui ont eu pour effet de diminuer l’attrait de la médecine familiale auprès des futurs médecins. Il faudra redorer le blason de la profession. »

Pourquoi, en général, n’entend-on parler que du nombre de patients toujours en quête d’un médecin ?, a demandé au Dr Godin une omnipraticienne pendant la période de questions. « Personne ne semble se soucier du manque de ressources au sein des cliniques médicales afin que nous, médecins de famille, puissions mieux servir nos patients », a-t-elle déploré.  C’est un fait, a répliqué le Dr Godin, que le manque de ressources semble être un sujet qui intéresse peu ou pas les médias. Mais c’est une question qui préoccupe la FMOQ. « Maintenant que le nouveau gouvernement est en place, nous allons reprendre nos négociations et poursuivre activement nos pressions afin que nos médecins obtiennent toutes les ressources et outils qui leur ont été promis. »

AGA


Photos de : Claudine Hébert