Rattachée à la Faculté de médecine de l’Université Harvard et au Brigham and Women’s Hospital, la Dre JoAnn Manson a analysé avec ses collaborateurs le taux de mortalité des participantes de la Women’s Health Initiative (WHI). L’équipe s’est penchée non seulement sur le taux de décès général, mais aussi sur celui provenant de causes particulières : cancer, problèmes cardiovasculaires et autres. Les chercheurs ont étudié la mortalité à la fois durant la prise d’hormones et pendant le suivi.
Initialement, l’étude WHI a été mise sur pied pour évaluer, chez des femmes ménopausées, les avantages et les risques de l’hormonothérapie dans le but de prévenir les maladies chroniques. Des patientes de 50 à 79 ans ont ainsi été recrutées. Les principaux résultats qui allaient être mesurés étaient l’apparition d’une maladie coronarienne ou d’un cancer du sein invasif.
Le projet comportait deux études contrôlées à répartition aléatoire. Dans la première, 16 608 femmes ont reçu soit un placebo, soit le traitement hormonal le plus prescrit à l’époque : des œstrogènes équins conjugués (Premarin) et de la médroxyprogestérone (Provera). Ce volet a été cessé en 2002 après une période médiane de 5,6 ans à cause d’une augmentation du risque de cancer du sein et du fait que les risques de l’hormonothérapie dépassaient ses avantages.
Le second volet comptait 10 739 femmes qui avaient subi une hystérectomie. Elles prenaient soit un placebo, soit des œstrogènes équins conjugués seuls. L’essai a été arrêté en 2004 après une durée médiane de 7,2 ans à cause d’une hausse du risque d’accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Tout au long de l’hormonothérapie et de son suivi, un certain nombre de participantes sont décédées. L’équipe de la Dre Manson a recueilli ces données jusqu’au 31 décembre 2014. Leurs chiffres couvraient une période médiane de dix-huit ans à partir du début de la prise de l’hormonothérapie ou du placebo. Il y a ainsi eu 7489 femmes mortes dans les deux volets de l’étude WHI. La prise d’hormones n’a eu aucun effet sur le taux de décès global : ce dernier s’élevait à 27,1 % chez les sujets sous hormonothérapie et à 27,6 % dans les groupes témoins (tableau).
En ce qui concerne le pourcentage de morts causées par des maladies cardiovasculaires, il a été similaire dans les deux groupes. Il atteignait 8,9 % chez les participantes prenant des hormones et 9,0 % chez celles qui recevaient le placebo.
Pour ce qui est du cancer du sein plus particulièrement, les participantes qui prenaient des œstrogènes équins conjugués avec de la médroxyprogestérone présentaient toutefois une augmentation presque significative de 44 % de décès dus à cette maladie. À l’opposé, les décès par cancer du sein avaient diminué significativement de 45 % chez les femmes sous œstrogènes seuls (tableau).
En ce qui concerne les décès qui n’étaient dus ni à une complication cardiovasculaire ni à un cancer (c’est-à-dire les morts causées par les démences, les accidents, la bronchopneumopathie chronique obstructive et autres), les taux de mortalité étaient similaires : 10,0 % pour les hormones et 10,7 % pour le placebo.
Fait à noter, le nombre de femmes de 50 à 59 ans décédées pendant qu’elles étaient sous hormones était significativement plus bas que celui des participantes du groupe témoin : 70 contre 98 (rapport des risques instantanés [RRI] [hazard ratio] : 0,69 ; intervalle de confiance [IC] : 0,51–0,94). Au bout de dix-huit ans, toutefois, le taux de mortalité restait significativement plus bas uniquement chez les femmes qui ne recevaient que des œstrogènes seuls. Chez ces dernières, 170 sont mortes contre 218 dans le groupe témoin (RRI : 0,79 ; IC : 0,64-0,96). //
Le cancer n’a pas frappé mortellement plus de femmes sous hormones que de sujets témoins : |