L’année 2018, à première vue, particulièrement à la suite des dernières années difficiles et extrêmement exigeantes pour les médecins de famille, pourrait facilement être perçue comme celle de l’espoir pour la profession. Beaucoup d’éléments sont en effet en place pour que de nombreux dossiers connaissent des dénouements heureux cette année. Il reste à espérer que les joutes politiques et électorales ne viennent pas tout gâcher. Procédons à un bref tour d’horizon.
À titre de rappel, la loi 130 est celle par laquelle le ministre de la Santé s’est accordé des pouvoirs inédits, notamment en ce qui a trait à l’octroi et au renouvellement des privilèges en établissement, malgré le fait que pratiquement rien ne semble en justifier le bien-fondé par rapport aux médecins omnipraticiens. À la suite de mises en garde juridiques des deux grandes fédérations médicales, le premier ministre Philippe Couillard a décidé de confier à un comité de négociation spécial de hauts fonctionnaires la suite des choses concernant les mesures liées à cette loi, délestant ainsi le ministre de la Santé de cette responsabilité. Et il devrait en être de même de la loi 20 (dont l’application est déjà suspendue dans le cas des médecins de famille). Toute mesure découlant de cette loi devrait maintenant, s’il y a lieu, également faire l’objet de discussions entre les fédérations et le comité spécial. Forts des efforts inédits consentis par les médecins de famille au cours des dernières années, nous abordons cette nouvelle étape avec optimisme et détermination en sachant qu’au moins, le ton des discussions risque d’être beaucoup plus serein et approprié. Chose certaine, nous déploierons tous les efforts nécessaires pour que les médecins omnipraticiens aient accès à des conditions de pratique non seulement acceptables, mais aussi des plus optimales pour qu’ils puissent offrir les meilleurs soins possible.
Nous pourrons voir en 2018 les premiers effets de notre nouvelle entente générale, approuvée par 96 % des membres votants l’automne dernier, soit l’accès à une rémunération plus juste et plus équitable pour bon nombre de médecins omnipraticiens. Et cela s’inscrira dans l’intérêt collectif, notamment celui des patients parmi les plus vulnérables de notre société. La bonification prévue de la rémunération des médecins exerçant en CHSLD et en maintien à domicile, dans le but de rendre cette pratique la plus attrayante possible et surtout d’en reconnaître la lourdeur, en est un exemple éloquent.
L’espoir d’une sortie du climat de crise quasi permanent vécu dans le réseau de la santé depuis quelques années et l’amélioration constante de l’accessibilité aux soins de première ligne en raison des efforts inédits des médecins de famille risquent malheureusement d’être assombris par la campagne électorale à venir et la surenchère politique envisageable sur le dos de la profession médicale. C’est déplorable, mais prévisible. La politique, telle qu’elle est pratiquée de nos jours, semble plus que jamais favoriser la démagogie, les slogans simplistes, les propositions dénuées de gros bon sens et les affirmations contraires aux faits les plus élémentaires. C’est d’autant plus malheureux que 2018 marquera sans doute l’atteinte de notre grand objectif collectif, soit une prise en charge de 85 % de la population québécoise. Une réussite collective inédite que des politiciens en mal de publicité risquent de vouloir ternir. Heureusement, nos concitoyens, ceux pour qui nous avons fait ces efforts hors du commun, soyez-en certains, sauront faire la part des choses. Nous entendons tout faire pour que la véritable information, celle qui est validée et vérifiable, se rende à leurs oreilles. En résumé, maintenant que nous avons livré la marchandise comme jamais sur le fond, nous devons nous assurer que cet état de fait sera communiqué correctement à nos concitoyens. Ce sera un défi permanent en 2018.
Le 19 janvier 2018
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Le président, Dr Louis Godin |