Le quart des dossiers de l’Association canadienne de protection médicale (ACPM) sur un problème diagnostique sont liés à des manquements relatifs à la gestion et au suivi des examens.
Un médecin a-t-il déjà été poursuivi en justice ou fait l’objet d’une plainte disciplinaire de son ordre professionnel pour avoir omis de remettre entre bonnes mains le résultat anormal d’un examen qu’il n’avait pas prescrit ? La Dre Lorraine LeGrand Westfall, directrice des Affaires régionales et chef de la protection des renseignements personnels de l’ACPM, ne se souvient pas d’avoir vu une telle situation. « Quand le patient a subi un préjudice et intente un recours, c’est le médecin qui a prescrit le test et n’a pas reçu le résultat qui nous fait une demande d’assistance. Cependant, s’il est possible pour le demandeur et son avocat d’établir que tel médecin a eu le rapport par erreur sans le réacheminer, ce dernier pourrait être poursuivi. »
Un retard dans le suivi des examens diagnostiques peut entraîner des problèmes médicolégaux pour les médecins et nuire à la santé des patients. C’est pourquoi l’ACPM recommande aux médecins de prendre les mesures appropriées s’ils reçoivent un rapport qui ne leur est pas destiné. C’est bien sûr crucial en cas de résultats anormaux, mais pas seulement. « Un résultat normal peut avoir une importance dans un bilan de santé ou quand on cherche la cause d’un problème », précise la Dre LeGrand Westfall.
La porte-parole de l’ACPM réitère par ailleurs la nécessité pour les médecins de se doter d’un système servant à assurer le suivi des résultats d’examens et la communication aux patients. L’importance d’un tel filet de sécurité a été soulignée à maintes reprises par les tribunaux et les ordres professionnels.
Certains milieux sont toutefois plus à risque en ce qui a trait aux diagnostics manqués ou retardés en raison d’un suivi inadéquat des examens. C’est notamment le cas des cliniques de consultation sans rendez-vous, des services d’urgence ou encore de la pratique de suppléance en médecine. « Lorsqu’il y a plusieurs intervenants ou que le roulement de personnel est élevé, le risque augmente », signale la Dre LeGrand Westfall.
Par exemple, les médecins qui font du remplacement prescrivent des examens, mais les résultats peuvent arriver après leur départ. Qui est alors responsable du suivi aux patients ? Ces dernières années, les médecins remplaçants ont été mis en cause dans plusieurs dossiers médicolégaux de l’ACPM pour des problèmes de suivi. S’assurer de l’existence d’un système de suivi des examens paracliniques ainsi que d’un protocole pour les résultats critiques est donc une bonne précaution à prendre. //