Le suivi des analyses de laboratoire et d’imagerie médicale est un élément critique pour la sécurité des patients. Mais il arrive que les résultats n’arrivent pas entre les bonnes mains.
Biopsie, examen d’imagerie médicale, mammographie, analyse sanguine... Chaque jour au Québec, les médecins effectuent des milliers de requêtes semblables. Mais si ce geste est presque banal tant il fait partie du quotidien des médecins, le défi réside dans la gestion et le suivi des examens.
Selon le Code de déontologie des médecins, c’est au médecin qui prescrit un examen ou une analyse d’assurer le suivi qu’exige l’état du patient, à moins qu’un collègue puisse le remplacer. Mais que doit faire le médecin qui reçoit par erreur le résultat d’un patient qui n’est pas le sien ? Même si le code de déontologie n’aborde pas explicitement cette situation, le médecin a tout de même une responsabilité. « On ne doit pas utiliser le code de déontologie comme un livre de recettes qui donne les règles à suivre dans toutes les circonstances, insiste le Dr Mario Deschênes, syndic adjoint à la Direction des enquêtes du Collège des médecins du Québec. Il est plutôt conçu pour faciliter la réflexion des médecins sur leurs devoirs déontologiques et encadrer leur pratique professionnelle pour un exercice de qualité et sécuritaire de la médecine. »
Ainsi, le médecin qui reçoit fortuitement le résultat anormal d’un test prescrit par un autre médecin doit en informer ce dernier ou le laboratoire concerné. « L’objectif est d’éviter tout délai quant à la prise en charge adéquate du patient », indique le Dr Deschênes. Impossible de rejoindre l’un ou l’autre ? Il faut alors communiquer avec le patient pour l’aviser de la réception du rapport et de la nécessité d’un suivi. Il est conseillé également de tout noter.
Si l’erreur provient du fait que les deux médecins portent le même nom, elle est susceptible de se répéter. Le Dr Deschênes suggère aux médecins de « faire une intervention préventive auprès des laboratoires principaux de leur région pour qu’ils évitent de les confondre ». Une démarche qu’il vaut mieux effectuer par écrit que par téléphone. Les deux médecins devraient aussi s’entendre sur la façon de donner suite aux rapports qui leur seraient transmis par erreur dans l’avenir.
Un médecin qui exerce en groupe tombe malade subitement (ou meurt) ? « À court terme, ses collègues doivent assurer le suivi des examens qu’il a prescrits, dit le Dr Deschênes. C’est une obligation déontologique d’aider un collègue, mais aussi morale ». L’article 3 du code de déontologie stipule d’ailleurs que les médecins doivent collaborer entre eux au maintien et à l’amélioration de la disponibilité et de la qualité des services médicaux.
Il peut arriver également qu’un médecin quitte une clinique ou cesse sa pratique en omettant de déléguer à un collègue le suivi médical de ses patients. Dans un premier temps, les autres médecins du groupe peuvent lui rappeler son obligation de suivi. Si cette démarche est infructueuse ou si le médecin n’est pas joignable, ils doivent informer le Collège de la situation (article 119). Des mesures seront prises pour éviter des délais préjudiciables aux patients.
Le défaut d’assurer le suivi médical d’un patient est un motif fréquent d’enquête au bureau du syndic. Une plainte disciplinaire pourrait-elle être déposée contre un médecin qui a ignoré un résultat d’examen reçu par erreur ? « Ce n’est qu’au terme de l’enquête que nous pourrions établir s’il y a eu faute ou non, répond le Dr Deschênes. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que le médecin doit toujours agir dans l’intérêt du patient. » //