Le deuil des pères
Lorsqu’un enfant meurt avant même de naître ou peu après la naissance, son père a du chagrin lui aussi. Pourtant, la souffrance de ce dernier est souvent occultée, bien qu’elle soit aussi intense que celle de la mère. Comment les hommes réagissent-ils à cette épreuve ? Comment vivent-ils leur deuil ? Le livre des infirmières Francine de Montigny, Christine Gervais et Chantal Verdon, ainsi que du doctorant en psychologie Jici Lord-Gauthier, donne la parole à des pères endeuillés.
Les chapitres consacrés au vécu des mères et des pères permettent de constater que si les émotions des deux parents sont semblables, il y a tout de même plusieurs différences. Notamment, les hommes ont tendance à refouler leurs émotions, et leur colère leur sert souvent d’exutoire à une peine trop grande. Certains ont honte également d’être affectés par la perte d’un enfant qu’ils n’ont pas eu le temps de connaître.
L’ouvrage traite par ailleurs de la santé mentale des hommes et de leur rapport à l’aide. Chez les pères, la dépression peut survenir jusqu’à trente mois après le décès périnatal, au moment où leur conjointe va mieux. Une réaction à retardement liée au fait que les hommes sont conditionnés dès l’enfance à rester stoïques devant l’adversité, expliquent les auteurs.
Les conséquences du décès sur le couple et sur la fratrie ainsi que la naissance d’un autre enfant figurent parmi les autres thèmes abordés. Fondé en grande partie sur des témoignages de parents, ce livre brosse le portrait d’un deuil complexe et peu reconnu socialement.
Éditions du CHU Sainte-Justine, Montréal, 2017, 112 p., 14,95 $