L’année 2020, à l’image des années précédentes, en sera une autre où les défis seront nombreux pour les médecins omnipraticiens et la Fédération. Si certains des défis ressembleront à ceux des dernières années, d’autres risquent d’être relativement nouveaux. Procédons à un court tour d’horizon.
Nul doute que, sur ce plan, nous avançons dans la bonne voie, soit vers une amélioration constante et continue. Selon toute vraisemblance, la proportion de Québécois ayant un médecin de famille devrait atteindre 82 % à la fin de 2019. Reste à savoir jusqu’où cette proportion pourra encore grimper dans l’année qui vient. Dans le plan stratégique 2019-2023 du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), les objectifs relatifs au taux d’inscription sont de 82 % pour 2019-2020, de 83 % pour 2020-2021, de 84 % pour 2021-2022 et de 85 % pour 2022-2023. Si on suit la tendance des dernières années (1 200 000 Québécois supplémentaires pris en charge depuis 2014) et qu’on tient compte de l’engagement des médecins de famille, la cible gouvernementale de 83 % devrait logiquement être atteinte dans les douze prochains mois. Et ce, malgré le fait que le nombre de Québécois admissibles à la prise en charge est lui aussi toujours en constante augmentation et qu’une pénurie de 800 médecins omnipraticiens afflige actuellement le Québec.
La contribution des médecins de famille en établissement y demeurera variée, polyvalente et essentielle, que ce soit à l’urgence, en obstétrique ou en soins de courte ou de longue durée dans les différentes unités où nous sommes présents. Les promesses passées où les autorités s’engageaient à alléger de manière notable la tâche des omnipraticiens en établissement, nous n’y croyons malheureusement plus depuis longtemps ! Nous ferons donc encore cette année tout notre possible pour réussir de nouveau le tour de force de prodiguer des soins de grande qualité en établissement et d’éviter des ruptures de services dans les unités dont nous assumons la responsabilité première, notamment les urgences, tout en améliorant l’accès aux soins en première ligne en parallèle.
L’année qui s’achève a été marquée par la présentation à l’Assemblée nationale des projets de loi 31 et 43 qui viennent accroître le champ d’exercice des pharmaciens et des infirmières. Nous pourrons mieux en évaluer les conséquences réelles sur le terrain lorsqu’ils seront adoptés et quand les règlements associés seront publiés. D’ici là, force est de constater qu’il nous semble peu probable que des améliorations notables dans l’accès aux soins découlent de ces lois dans la prochaine année. Si beaucoup d’élus et certains observateurs ont l’air d’adeptes de la pensée magique à cet égard, nous ne sommes manifestement pas de cet avis, surtout en raison de la pénurie d’infirmières qui sévit actuellement un peu partout dans le réseau.
Enfin, il y a le dossier de la mise en place d’un nouveau mode de rémunération, davantage à capitation et moins à l’acte, pour les médecins de famille qui font de la prise en charge et du suivi de patients. Ce dossier semble une priorité gouvernementale absolue, par rapport à laquelle d’ailleurs la Fédération n’a aucune opposition de principe. Par contre, de notre côté, nous sommes bien conscients qu’étant donné la complexité du projet et la nécessité de bien faire les choses pour maximiser les effets positifs et réduire le plus possible les effets négatifs potentiels sur le plan de l’accès, cela ne peut se faire en criant ciseau. Nous n’avons pas le droit ni les moyens collectivement de se laisser guider par l’improvisation et la précipitation dans ce dossier. Cela dit, si la logique et la bonne foi prédominent, un dénouement positif par rapport à cet enjeu devrait aussi survenir en 2020.
Bonne nouvelle année à tous !
Le président, Dr Louis Godin |