les médecins de famille, des gardiens des soins
« Devant une crise, les médecins de famille ne paniquent pas, ils agissent. On le voit avec la COVID-19. Les médecins oublient leurs craintes pour eux-mêmes et se retroussent les manches », a souligné le Dr Sylvain Dufresne devant les membres de l’Association des médecins omnipraticiens du Sud-Ouest (AMOSO) au cours de l’assemblée générale annuelle virtuelle, le 29 octobre dernier.
Le président de l’AMOSO a constaté ce dévouement notamment dans les tours de garde des cliniques désignées d’évaluation (CDÉ). « J’envoie aux médecins la liste des besoins pour le prochain mois, et tout est comblé en quelques jours », indique l’omnipraticien, qui fait également partie du comité de direction du département régional de médecine générale.
S’il y a un aspect positif à retenir de la pandémie, selon le Dr Dufresne, c’est la collaboration. Qu’ils travaillent dans un CLSC, un GMF ou une clinique privée, tous les médecins de la région ont donné un coup de main dans les CDÉ. Certains ont même fait des gardes dans un autre réseau local de services (RLS) que le leur. « Depuis le début, les médecins se serrent les coudes pour offrir des soins à la population », affirme le Dr Dufresne.
Même chose dans les CHSLD frappés par une éclosion ou encore dans le milieu de soins non traditionnel qu’est devenu l’Hôtel Plaza (SNT-Plaza), à Valleyfield. Un lieu qui a accueilli pendant la première vague des patients de résidences pour personnes âgées nécessitant des soins de niveau C ou D. « Si le SNT-Plaza a été un succès, c’est grâce à la collaboration de médecins de différents horizons qui ont partagé leur expertise en soins à domicile, en soins palliatifs, en soins de deuxième ligne et en productivité pour définir des trajectoires de soins fluides. »
Ce sont d’ailleurs des omnipraticiens qui sont à l’origine de la création du centre de soins dans le SNT-Plaza. Sachant que l’hôpital n’est pas le meilleur endroit pour s’occuper de personnes âgées en fin de vie, ils ont fait pression sur le CISSS de la Montérégie-Ouest pour obtenir un lieu plus approprié. « En plus de soigner, les médecins se font les gardiens des soins, a signalé le président de l’AMOSO à l’assemblée générale. Quand on met notre poing sur la table, on peut faire bouger les choses. »
Autre exemple : les médecins ont demandé au CISSS de la Montérégie-Ouest d’ouvrir une clinique de dépistage à Vaudreuil au printemps dernier. Et comme il n’y a pas d’hôpital dans la ville, ils se sont engagés à fournir un médecin sur place pour évaluer les patients. « L’endroit était un hybride entre un centre de dépistage et une CDÉ », précise le Dr Dufresne.
Lors de la rencontre virtuelle, le Dr Dufresne a par ailleurs déploré l’accent mis sur le nombre de patients inscrits au guichet d’accès à un médecin de famille au détriment des autres aspects du travail des omnipraticiens. Les efforts pour assurer l’accès aux soins, les exigences des normes de pratique, la prise en charge par de jeunes médecins d’une partie de la clientèle de médecins vieillissants… Rien de cela n’est visible dans le chiffre brut du guichet.
Pas plus, d’ailleurs, que les conséquences de la COVID-19 sur la santé mentale. « Des patients qu’on ne voyait presque jamais consultent pour des problèmes d’anxiété et de dépression, observe le président. Ce n’est pas un problème qu’on règle en dix minutes. En outre, notre région manque de spécialistes. Les médecins de famille doivent donc voir et revoir ces patients qui attendent un rendez-vous avec un spécialiste. »
Néanmoins, le Dr Sylvain Dufresne a invité les 295 membres de l’AMOSO à redoubler d’efforts pour s’occuper des patients vulnérables. « Notre travail de médecin de famille, c’est de prendre en charge les personnes qui ont le plus besoin de nous, c’est-à-dire celles qui sont classées A, B et C dans le guichet. » //