adoption de la résolution Joyce Echaquan
L’Association des médecins omnipraticiens de Laurentides–Lanaudière veut contribuer à rétablir les ponts avec la communauté atikamekw de Manawan. Une résolution en ce sens a été présentée à son assemblée générale annuelle virtuelle le 19 novembre dernier.
Après le décès tragique de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette, le 28 septembre, le conseil d’administration de l’Association des médecins omnipraticiens de Laurentides–Lanaudière (AMOLL) a été interpellé par l’un de ses membres, la Dre Pascale Breault, médecin de famille de quelque 550 personnes de la communauté atikamekw. « Elle nous a sensibilisés aux propos très durs qui ont été tenus envers le CISSS de Lanaudière lors des audiences de la Commission Viens, a indiqué le Dr Marc-André Amyot, président de l’AMOLL, au cours de l’assemblée générale virtuelle. Et elle a fortement plaidé pour qu’on s'engage. »
Message reçu. Le conseil a pris position en adoptant la Résolution Joyce Echaquan. « Les événements à caractère raciste qui ont été rapportés visent des départements où travaillent des médecins de famille, constate le Dr Amyot. Ça ne veut pas dire que des omnipraticiens sont en cause, mais comme association dont des membres soignent des Atikamekws, nous sommes concernés. »
Dans sa résolution, l’AMOLL reconnaît notamment que le racisme peut nuire aux soins prodigués aux patients autochtones et que les médecins de famille ont la responsabilité de protéger et de promouvoir le droit à la santé de ces personnes. L’Association s’engage aussi à informer ses membres des meilleures pratiques en matière de soins aux populations autochtones. Et surtout, elle signale sa volonté de participer à la recherche de solutions pour construire des liens respectueux avec les Atikamekws et restaurer leur confiance envers les soignants.
Comment ? Cela reste à définir. « La première étape, c’est de reconnaître qu’il y a un problème, dit le Dr Amyot. Il va falloir ensuite ouvrir le dialogue avec les représentants de la communauté atikamekw. » Un grand défi, convient-il. « La confiance, ce n’est pas facile à regagner. Mais c’est avec la communauté et dans le respect de sa culture que nous pourrons définir ensemble des moyens de rebâtir des ponts. »
Depuis la dernière année, les trois guichets d’accès à un médecin de famille de Laurentides–Lanaudière comptent 17 000 patients de plus, pour un total de près de 100 000. Outre la forte croissance démographique du territoire et la diminution des prises en charge pendant la pandémie, la situation s’explique par un manque d’effectifs, affirme le Dr Amyot. « Il faut plus de médecins de famille, martèle-t-il. Dans notre grand territoire, il en manque 200 alors qu’on aura 62 nouveaux facturants en 2021. »
Le président de l’AMOLL demande néanmoins à ses 1014 membres de poursuivre leurs efforts pour aider les patients orphelins. « Ces 100 000 personnes ont le droit d’être soignées ailleurs qu’à l’urgence. On ne réussira jamais à les prendre en charge à courte échéance, mais il faut leur donner accès aux soins. »
À ce propos, le Dr Amyot fonde beaucoup d’espoir sur le futur programme GMF-Accès qui, croit-il, devrait rallier plusieurs GMF de sa région. Tout comme les GMF-R, les GMF-A obtiendraient des ressources humaines et financières supplémentaires pour offrir des consultations aux patients non inscrits.
L’amélioration des ressources de deuxième ligne en santé mentale fait aussi partie de la solution pour délester les GAMF. Dans Lanaudière, un projet pilote d’infirmière pivot en santé mentale était dans les cartons, mais la pandémie a tout stoppé, a mentionné le Dr Amyot à l’assemblée générale. « La clientèle en santé mentale reste prise dans les guichets parce que les médecins de famille ont peu de soutien de la deuxième ligne. Le gouvernement a annoncé cet automne un investissement de 100 millions de dollars en santé mentale. On va s’assurer d’avoir notre part pour favoriser l’accès aux ressources. » //