Nouvelles syndicales et professionnelles

Assemblée générale de l’association de l’ouest du Québec

départ du président, le Dr Marcel Guilbault

Élyanthe Nord  |  2021-10-27

Marcel Guilbault

Président de l’Association des médecins omnipraticiens de l’ouest du Québec (AMOOQ) depuis 19 ans, le Dr Marcel Guilbault a vu toutes les transformations du réseau de la santé : la création des premiers DRMG, la mise sur pied des GMF, l’apparition du dossier médical électronique, les chocs provoqués par la loi 20, l’adaptation à la pandémie, etc.

 

Guillaume Charbonneau

Après avoir été tantôt acteur tantôt témoin de toutes ces mutations, le Dr Guilbault a décidé de faire place à la relève. Il a ainsi quitté ses fonctions de président. Un médecin de famille au début de la quarantaine, le Dr Guillaume Charbonneau, élu au cours de l’assemblée générale annuelle (AGA) de l’association, le 8 octobre, lui a succédé.

 

 

La réalisation dont le Dr Guilbault est le plus fier en tant que président ? « Je dirais que c’est la communication qui s’est établie entre l’association et ses membres ainsi que la participation active de ces derniers. » Le président sortant n’a ménagé aucun effort pour susciter l’engagement des omnipraticiens de sa région. Courriels, site Web, infolettres. « Je me suis efforcé de bien les informer. Je publiais trois ou quatre Info-AMOOQ chaque année. J’en ai fait soixante-douze en tout ! J’ai tenté de vulgariser les sujets qui étaient abordés au conseil d’administration de la FMOQ dont je faisais partie. Je voulais que les médecins comprennent, qu’ils assimilent, qu’ils donnent leur opinion. Je souhaitais qu’ils viennent écouter, discuter, échanger aux réunions. On dit que le savoir, c’est le pouvoir. »

Le président sortant a également su mobiliser ses troupes. Il a réussi à susciter la participation de ses membres durant les moments clés : la création des GMF, l’informatisation de la pratique, l’inscription des patients, la crise de la COVID-19, etc. « L’association et le DRMG, dont j’ai toujours fait partie, ont respecté les médecins et leur capacité et sont parvenus à les faire participer aux activités et aux efforts collectifs pour améliorer l’accès aux soins. Par exemple, dans le cas de la prise en charge de nouveaux patients, le taux d’inscription dans l’Outaouais est passé de 65 % à presque 82 %. Les médecins ont répondu à notre appel. »

La participation des membres aux assemblées générales annuelles, elle, a continuellement augmenté. « Il n’y avait presque personne au début », se souvient le Dr Guilbault. Il a réussi à faire grimper de 10 % à 30 % le nombre de mem­bres présents.

Louis Godin

« Le Dr Guilbault a vraiment été un leader comme président d’association, particulièrement au cours des dernières années. Il servait d’exemple aux autres présidents pour ce qui est de la façon de travailler avec les membres, de communiquer avec eux et d’être présent. Au conseil d’administration de la Fédération, où il a siégé pendant de nombreuses années, je peux vous dire qu’il a toujours été un important défenseur de votre pratique. Je voulais le souligner officiellement et le remercier pour tout ce qu’il a fait », a dit le Dr Louis Godin, président de la FMOQ, au cours de son allocution à l’AGA de l’AMOOQ.

Le point sur les GMF

Au cours de l’assemblée générale annuelle de l’AMOOQ, le Dr Louis Godin, président de la FMOQ, a fait le point sur plusieurs dossiers dont la Fédération discute avec le gouvernement du Québec. L’un d’eux : le programme des groupes de médecine de famille (GMF).

Les GMF sont actuellement dans une période de transition. Certains éléments du programme des GMF sont entrés en vigueur en avril dernier, mais la totalité sera mise en œuvre en avril 2022. Certaines questions doivent cependant être réglées d’ici là. Par exemple, celle de « l’autorité fonctionnelle ». Qui décide des priorités du GMF sur le plan infirmier ? Est-ce bien l’équipe médicale ? « Cet aspect amène énormément de tensions sur le terrain. Le gouvernement est d’accord pour régler le problème », a expliqué le Dr Godin.

Une autre question capitale : les professionnels de la santé que les CISSS et CIUSS doivent fournir aux GMF. La FMOQ a fait un sondage pour connaître l’ampleur du problème. « Les chiffres que l’on a obtenus avant la pandémie montrent que dans 25 % du temps, les GMF qui devaient avoir des infirmières ne les avaient pas. Avec la crise de la COVID-19, ce pourcentage a augmenté. Les GMF touchés n’ont reçu aucune compensation. C’est vraiment une question que l’on veut régler. »

Troisième volet épineux : le partage du budget de fonctionnement des GMF publics et mixtes. « Certains directeurs généraux d’établissement mettent la main sur les subventions des GMF du réseau public en disant que les sommes que ces derniers reçoivent dans le cadre du programme des GMF doivent payer le salaire de la secrétaire. Mais cette dernière devrait être fournie par l’établissement. Des interventions sont donc nécessaires », estime le président de la FMOQ.

Prescription des IRM par les omnipraticiens

Certains combats de l’association de l’ouest du Québec ont d’ailleurs profité à tous les médecins de famille de la province. Ainsi, en 2010, l’AMOOQ et le DRMG de la région ont obtenu que les omnipraticiens puissent prescrire l’imagerie par résonance magnétique. « Il faut malheureusement encore se battre aujourd’hui pour l’accès à certains examens comme les TEP-scans… », a souligné le Dr Guilbault dans sa dernière infolettre.

L’AMOOQ a aussi obtenu des corrections sur son propre territoire. « Il y a deux ans, l’association est intervenue auprès du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens pour améliorer les rapports avec les spécialistes », explique le Dr Guilbault. L’un des problèmes : les mois de retard avec lequel arrivaient les rapports de radiologie. « Je suis fier de nos démarches, parce que maintenant tous les radiologistes utilisent la reconnaissance vocale. On a les rapports le lendemain et parfois le jour même. »

Les pressions se poursuivent maintenant auprès d’autres spécialités. « On est en train, avec beaucoup d’efforts, d’obtenir des départements de différentes spécialités des rapports informatisés et ainsi lisibles. »

Beaucoup de nouvelles mesures ont également été mises en place pour faciliter le travail des médecins de famille. « Il y a, par exemple, l’envoi des résumés d’hospitalisation aux GMF grâce à une plateforme sécurisée. »

Création d’une nouvelle nomenclature

Le Dr Guilbault était membre du conseil d’administration de la Fédération depuis 2006. Il a, à ce titre, participé à plusieurs comités qui ont modifié la vie professionnelle des omnipraticiens. En 2014, il a ainsi été président de celui sur la nouvelle nomenclature. Le but : moderniser la facturation des services des médecins à la Régie de l’assurance maladie du Québec. Le groupe de travail a éliminé d’un coup les examens ordinaires, complets et complets majeurs. « L’ancienne nomenclature reposait sur un examen physique. On a basé la nouvelle seulement sur le suivi du patient. On a donc créé deux sortes de visites : la visite de suivi et la visite ponctuelle d’urgence », raconte le président sortant.

Assemblée

Le Dr Guilbault se souvient encore du moment où il a présenté les résultats des travaux au conseil de la FMOQ. « C’était un peu angoissant de dire aux représentants des 6000 omnipraticiens : “Voici comment vous allez facturer maintenant”. C’était un gros changement. » Il estime néanmoins que l’exercice en valait la peine. Plus personne, à son avis, ne voudrait retourner à l’ancienne nomenclature.

Quels seront les dossiers importants pour le prochain président ? « Je pense que ce sera l’accès des patients à un médecin de famille. On en parle depuis la loi 20. Il faut également travailler à la valorisation de la médecine familiale. Je pense qu’il va être primordial d’arriver à des solutions permanentes. Il faut que la médecine familiale redevienne intéressante pour les jeunes. Il est aussi nécessaire de continuer à stimuler l’engagement des gens de l’association. Il est essentiel de bien les informer et de s’assurer de la participation de la grande majorité aux activités professionnelles et syndicales. »

Le Dr Guilbault a quitté la présidence de l’association, mais continuera à s’occuper de l’organisation des soins en tant que chef du DRMG.

Les objectifs du nouveau président

Élu par acclamation, le nouveau président de l’AMOOQ, le Dr Charbonneau, médecin de famille à Maniwaki, s’est adressé aux membres au cours de l’AGA pour leur présenter ses priorités. « Mon plan d’action repose sur trois axes : être le porte-parole des médecins de famille de l’Outaouais, faire progresser notre spécialité et améliorer les services à nos patients et à nos collectivités. Mes rencontres avec vous me permettront de bonifier ces objectifs », a-t-il affirmé. Il se propose d’aller voir ses membres dans leur milieu de travail pour mieux comprendre leurs priorités et bien les représenter.

Certains aspects de la médecine familiale préoccupent par ailleurs le Dr Charbonneau, qui était déjà trésorier de l’association. « Je crois que notre grand défi est de réussir à trouver une façon pour que tous les Québécois puissent avoir un médecin de famille et avoir accès à un omnipraticien ou à un autre professionnel de la santé quand ils en ont besoin. Les omnipraticiens ont fait beaucoup d’efforts au cours des dernières années, et je pense qu’il faut en être conscient. » Le nouveau président sait aussi que l’on doit tenir compte du fait que les médecins ont été très sollicités pendant la pandémie. « À la sortie de cette crise, je pense qu’il faudra nous remettre à notre objectif. Cela va amener des défis parce que les médecins de famille sont déjà très occupés et que nous ne pourrons pas leur demander d’en faire plus. Il faudra être créatif, leur donner du soutien et s’assurer que les professionnels qui travaillent avec eux sont présents en tout temps. » //

Drs Charbonneau et Guilbault

Hommage au
Dr Marcel Guilbault

Le nouveau président de l’AMOOQ, le Dr Guillaume Charbonneau, a remis au Dr Marcel Guilbault, président sortant, un tableau du peintre Jean-Yves Guindon pour le remercier de son travail pendant ses dix-neuf années à la tête de l’association. « Dix-neuf ans, c’est un engagement sérieux qui a certainement demandé, à lui et à sa famille, des sacrifices. Marcel a été un président très travaillant, très intègre et un grand novateur. Il adoptait toutes les innovations intéressantes et nous encourageait à le faire. Je pense que grâce à lui la médecine familiale en Outaouais a beaucoup progressé », a affirmé le Dr Charbonneau.