un réseau de médecins de CLSC dans tous les CISSS et les CIUSSS
L’Association des médecins de CLSC du Québec (AMCLSCQ) veut accroître l’influence des médecins de CLSC dans les différents CISSS et CIUSSS. Sa stratégie : inciter les médecins responsables de CLSC appartenant à un même établissement à se regrouper. « Ils pourraient se réunir autour d’une table virtuelle pour se parler, regarder les dossiers et les faire évoluer », a expliqué le Dr Sylvain Dion, président de l’AMCLSCQ, à ses membres au cours de l’assemblée générale annuelle de l’organisme le 29 octobre dernier. Une table de concertation pourrait ainsi être créée dans chaque CISSS ou CIUSSS.
Quels problèmes seraient étudiés ? « Il y a, par exemple, la question du soutien à la pratique et de l’environnement professionnel. Une table pourrait peut-être aussi permettre d’avoir plus d’influence sur le département régional de médecine générale (DRMG) au sujet du recrutement de nouveaux médecins dans les CLSC. Elle pourrait également nous aider à consolider nos services médicaux », explique le Dr Dion.
Souvent, les CISSS et les CIUSSS ne semblent pas avoir un grand intérêt pour la pratique médicale en CLSC, a noté le président de l’AMCLSCQ. « Alors si, dans un même établissement, les médecins de CLSC créent une table de concertation, ils pourront mieux plaider l’importance de maintenir des services médicaux en CLSC. » Ils pourront également défendre le maintien à domicile. « Certains CISSS ou CIUSSS se demandent s’ils ont vraiment besoin des médecins de CLSC pour ce type de soins. Ne peuvent-ils pas recourir aux médecins des cliniques ? Ces derniers toutefois ne pratiquent pas de la même façon que nous. Les omnipraticiens des CLSC travaillent souvent au sein d’équipes dotées de professionnels sur le terrain. Il faut le faire valoir. »
Une table de concertation permettra également aux représentants des médecins de CLSC de partager leurs solutions. Parfois, dans un même CISSS ou CIUSSS, les omnipraticiens d’un CLSC se butent à une difficulté alors que, dans un autre, elle a été résolue. « Les médecins de CLSC pourront expliquer la mesure prise à leurs responsables et vaincre leur résistance éventuelle », mentionne le Dr Dion.
La création d’un réseau donnera donc aux omnipraticiens des CLSC plus de poids au sein de leur CISSS ou de leur CIUSSS. « Les établissements ont surtout des préoccupations hospitalières. Il faut donc que les médecins de CLSC montrent une cohésion pour avoir une certaine force et une influence. »
Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) veut-il maintenir des services médicaux dans les CLSC ? L’AMCLSCQ compte lui poser la question, a indiqué le Dr Dion au cours de l’assemblée générale.
L’association doit savoir à quoi s’en tenir. « Des décisions comme l’augmentation du recrutement dans les CLSC ou l’élargissement des services médicaux généraux doivent venir d’en haut », précise le président. Il est cependant inquiet. « Nous savons que le ministère pourrait être tenté par l’idée d’avoir des services médicaux généraux offerts dans les CLSC par des infirmières praticiennes spécialisées plutôt que par des médecins. »
Toutefois, si le ministère croit en la valeur du travail des omnipraticiens dans les CLSC, certaines mesures devront être prises. « On va alors regarder les problèmes sur le terrain. On va dire au MSSS : “Est-ce que vous pouvez vous assurer que les CISSS et les CIUSSS donnent aux médecins de CLSC les ressources nécessaires, remplacent le personnel manquant, etc.” Connaître la position du ministère est une démarche essentielle, parce que j’ai un peu l’impression que l’on se bat contre des moulins à vent et que l’on n’a pas de prise sur la situation. »
L’AMCLSCQ compte aussi discuter avec la FMOQ. Elle veut d’abord aborder la question de la rémunération. « Nos médecins à tarif horaire n’ont eu en général qu’une hausse de 2,4 % sur six ans, parce qu’ils n’ont pas adopté le mode mixte. Les augmentations accordées aux omnipraticiens dans le cadre des ententes se sont appliquées aux actes afin de favoriser l’accès des patients aux soins médicaux. Les médecins à tarif horaire n’ont donc pas bénéficié des augmentations négociées », affirme le Dr Dion.
Mais même les cliniciens qui ont adopté le mode de rémunération mixte n’ont souvent pas obtenu la hausse escomptée. « Ceux qui font de la clinique sans autres activités, n’y ont pas trouvé leur compte. Il faut donc insister de nouveau auprès de la Fédération sur cette question. »
Dans certains domaines, toutefois, le mode mixte a tenu ses promesses. « Dans les unités de médecine familiale, les médecins ont obtenu des augmentations intéressantes parce que la rémunération de leurs activités d’enseignement a été bonifiée. Le mode mixte a également été avantageux pour les médecins qui font du maintien à domicile. »
Il y aura cependant bientôt le passage à la capitation. L’AMCLSCQ s’y prépare. « Il faudra s’assurer que les évaluations économiques nous donnent l’heure juste sur ce qui va arriver aux médecins de CLSC, parce qu’ils ont des clientèles plus lourdes. Si le modèle est bien conçu et les pondérations bien faites, les médecins de CLSC ne devraient pas être pénalisés, même s’ils ont moins de patients. »
Le Dr Dion compte également poser à la Fédération la même question qu’au ministère : comment envisage-t-elle l’avenir de la pratique médicale en CLSC ? « Comment voit-elle également la question de la rémunération, du recrutement et des effectifs médicaux dans les CLSC ? La FMOQ est-elle prête à intervenir auprès des DRMG en ce qui concerne les plans régionaux d’effectifs médicaux pour répondre aux besoins des CLSC ? » //
Le prix Inukshuk est décerné à un médecin de l’AMCLSCQ qui a contribué à la vie syndicale et professionnelle, qui est un modèle reconnu par ses pairs et qui s’est démarqué par ses réalisations. Cette année, c’est la Dre Catherine Risi, qui travaille à la Santé publique de la Montérégie, qui a reçu cette distinction.
La Dre Risi a effectué de nombreux travaux pour l’AMCLSCQ : mémoire sur l’accessibilité à un médecin de famille, participation à l’élaboration de l’énoncé en CLSC, etc. « Catherine, merci de toujours penser à de nouvelles stratégies innovantes permettant d’aborder les situations problématiques et complexes. Ta perspective unique a été un atout formidable pour notre association », a dit à la lauréate le Dr Stéphane Roy, son collègue et ami, qui lui a remis le prix.
Le Dr Sylvain Dion a offert, au nom de l’AMCLSCQ, un Inukshuk au Dr Louis Godin, qui va quitter la présidence de la FMOQ le 11 décembre, afin de le remercier de son travail.
« Nul doute que depuis quatorze ans, le Dr Godin aura été pour tous les médecins de famille du Québec un point de repère dont on va se souvenir longtemps et qui aura marqué l’histoire de la Fédération comme aucun autre président. Il été un capitaine doté de grandes qualités. Il a su nous mettre en valeur, nous écouter, nous faire cheminer », a affirmé le Dr Dion. La valorisation et la juste reconnaissance de la médecine de famille ont été quelques-unes des priorités du Dr Godin. Sous sa présidence, des progrès ont été faits malgré les difficultés, a souligné le président de l’AMCLSCQ.