Nouvelles syndicales et professionnelles

Éclosions de COVID-19 au Saguenay–Lac-Saint-Jean

bilan d’une grande mobilisation

Élyanthe Nord  |  2021-01-29

Dr Gagnon

Dans la semaine du 16 no­vem­bre au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le nombre de nouveaux cas de COVID-19 a atteint un sommet : 1164 en sept jours. « Certaines journées, on avait de 200 à 250 nouvelles personnes infectées. Maintenant, on est plutôt dans les 30 à 50 quotidiennement », explique le Dr Olivier Gagnon, président de l’Association des médecins omnipraticiens du Saguenay–Lac-Saint-Jean (AMOLS).

Dès octobre, l’Hôpital d’Alma a connu une importante éclosion. « Les équipes de soins, réduites à cause des cas de COVID-19, ont dû s'organiser à la vitesse grand V. Elles avaient à traiter des patients gravement atteints sans avoir toutes les ressources nécessaires. C’était une situation vraiment difficile pour les médecins. L’établissement n’avait pas de lits réservés aux cas de COVID-19 dans ses soins intensifs. Par conséquent, les patients touchés devaient être transférés à l’Hôpital de Chicoutimi, le seul centre désigné pour le traitement de ces malades dans la région. Lorsque ce dernier a été débordé, certains patients ont dû être envoyés à Québec », indique le Dr Gagnon.

L’aide de l'AMOSL a alors été sollicitée. « Nous avons tenu une rencontre avec plusieurs médecins du secteur. Nous avons écouté leurs préoccupations. Ils avaient l’impression de ne pas être entendus par le centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS). Nous avons donc été des facilitateurs et fait en sorte que les problèmes qu’ils vivaient sur le terrain soient discutés à la FMOQ, au département régional de médecine générale et au CIUSSS afin de trouver des solutions. »

Des médecins qui ont répondu aux besoins

Après Alma, les autres secteurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont été touchés par des éclosions. « Mes confrères ont vraiment répondu présents dès le jour 1. Je suis très fier de leur mobilisation. Personne n’a eu peur d’aller travailler dans les milieux chauds. Il y avait une volonté constante de se rendre là où il y avait des besoins », affirme le président de l’AMOSL.

Les médecins de famille étaient ainsi dans les milieux de soins les plus divers : dans les cliniques d’évaluation, les unités chaudes et froides des hôpitaux, mais aussi les résidences pour aînés (RPA) et les CHSLD. « Des systèmes de garde ont rapidement été instaurés. Toutes les RPA de notre région sont couvertes par un médecin 24 heures sur 24. »

Certains cliniciens sont même allés donner un coup de main dans des secteurs qu’ils connaissaient moins. « Par exemple, des médecins en obstétrique et en périnatalité sont allés prêter main-forte dans les unités COVID des hôpitaux ou dans les CHSLD », mentionne le Dr Gagnon. Les omnipraticiens ont parallèlement réussi à garder les GMF ouverts pour les patients qui n’étaient pas infectés par le coronavirus. Mieux, toutes les cliniques sont passées en mode populationnel et ont commencé à accueillir des patients orphelins. « Ce n’est pas facile de se rajouter cette charge, mais tout le monde a participé. »

Toute la réorganisation de la première ligne s’est faite en collaboration avec le CIUSSS et la Santé publique. Cependant, ces efforts ont eu un prix. « Cela a créé du stress et de la fatigue. Les médecins ont éprouvé des difficultés et eu des inquiétudes. Les équipes de soins ont été fragilisées. »

« Ne pas baisser la garde »

En novembre, beaucoup de médecins, voyant venir les Fêtes, appréhendaient une recrudescence des cas. L’AMOSL a donc décidé d’intervenir publiquement. Quelques jours avant Noël, le Dr Gagnon a multiplié les entrevues dans les médias pour rappeler les mesures à respecter. « Le message était de ne pas baisser la garde. » La couverture médiatique a été très bonne. Le nombre de cas, qui avait déjà commencé à diminuer, a par ailleurs poursuivi sa lente descente.

Et maintenant ? Même si la situation n’est plus aussi critique au Saguenay–Lac-Saint-Jean, plusieurs régions luttent encore contre des éclosions. « Certains milieux de soins sont très éprouvés. Il y a une fatigue, c'est clair. Mais le vaccin apporte beaucoup d’espoir. » Le 23 décembre, le Dr Gagnon, qui pratique dans un CHSLD, a lui-même été vacciné. « On sent une amélioration en ce moment, mais on reste sur nos gardes. On espère que nos membres pourront récupérer après ces mois difficiles. » //