Alors que nous sortons probablement de la phase la plus aiguë de la seconde vague de la pandémie qui nous afflige depuis près d’un an, il est raisonnable de croire que les jours meilleurs approchent véritablement enfin. La baisse quasi constante des cas positifs, des hospitalisations et des décès observée au cours des dernières semaines est incontestablement de bon augure, à moins évidemment que les variants nous fassent basculer dans une troisième vague. Les plus récentes données extrêmement encourageantes sur l’efficacité des vaccins, ainsi que l’accessibilité prochaine à grande échelle desdits vaccins, sont aussi synonymes d’espoir. Puisqu’il est toujours possible que ces variants nous propulsent dans une troisième vague, accordons-nous le droit d’aspirer à des jours meilleurs, tout en étant conscient que la situation reste fragile.
Néanmoins, il demeure et demeurera difficile de savoir de quoi demain sera fait. L’inconnu et l’incertitude planent au-dessus de nos têtes comme jamais depuis près de douze mois. Nous devons l’accepter avec humilité, tout en nous adaptant de notre mieux au jamais-vu. Comme citoyens, nous avons tous dû, à divers degrés, faire d’énormes sacrifices dans la dernière année. En parallèle, non seulement un grand nombre de médecins omnipraticiens ont de surcroît dû changer de secteur ou de lieux de pratique, mais, plus important encore, ils ont dû, pour la quasi-totalité d’entre eux, adopter de nouvelles manières d’exercer la médecine. Les relations avec les patients ont pris une forme bien souvent différente, en raison notamment des contraintes liées à la pandémie et des téléconsultations. Les besoins des patients ont aussi évolué. Et c’est sans compter que certaines choses n’ont évidemment pas changé en mieux au quotidien pour les médecins de famille. On peut penser aux risques pour leur propre santé, à la charge de travail qui s’est encore alourdie et au soutien professionnel, administratif ou technique qui s’est davantage estompé. Il a fallu faire avec, mais ces facteurs n’ont en rien rendu l’exercice de la médecine plus facile. Bien au contraire ! Et il est toujours pertinent de le mentionner.
Pour certains, les règles de facturation qui se sont un peu plus complexifiées ont constitué un irritant supplémentaire lié à la pandémie. Évidemment, malgré la bonne volonté de tous, ce dernier point était quasi inévitable en raison de la multitude de nouveaux paramètres en place : téléconsultations dorénavant permises et même encouragées, pratique en clinique désignée d’évaluation, réaffectation dans des milieux de pratique différents, rémunération à prévoir en cas d’absences au travail liées au coronavirus, etc. Si les médecins, à leur grand mérite, ont dû se retourner sur un dix sous dans leur pratique médicale et s’adapter, il en est de même, je peux vous l’assurer, de la Fédération, notamment dans le cadre des discussions et des négociations avec la partie gouvernementale (car oui, tout doit être négocié avec l’État !). Le souci d’être juste, équitable, représentatif de tous et efficace nous a toujours animés en ces circonstances exceptionnelles. Et il continuera d’en être ainsi, même si nous devons accepter que le contexte inédit dans lequel nous travaillons nécessite une grande capacité d’adaptation de jour en jour, de semaine en semaine et de mois en mois.
En ces temps difficiles, la capacité d’adaptation à l’inédit constitue un défi immense pour tous, individus comme organisations. Peu de professions l’ont relevé avec autant de brio que la nôtre dans la dernière année, et j’en suis très fier. Les médecins omnipraticiens se sont manifestement réinventés et ont redéfini ce verbe à leur façon bien à eux. Et quand cette pandémie sera derrière nous, nous pourrons en être extrêmement satisfaits.
Le président, Dr Louis Godin |